L'Allemagne fait ses adieux définitifs au nucléaire

L'Allemagne maintient le cap de sa sortie du nucléaire malgré la crise énergétique. Le pays débranche samedi 8 avril ses trois derniers réacteurs et fait le pari de réussir sa transition verte sans l'énergie atomique.

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Une tour de refroidissement de la centrale nucléaire d'Emsland avec un slogan projet par des activistes "Énergie nucléaire - plus jamais", à Lingen (Ouest de l'Allemagne), le 10 avril.
Photo : AFP/VNA/CVN

Au bord de la rivière Neckar, non loin de Stuttgart (Sud), la vapeur blanche qui s'échappe de la centrale nucléaire du Bade-Wurtemberg ne sera bientôt plus qu'un souvenir.

Même chose plus à l'Est pour le complexe bavarois d'Isar 2 et dans celui d'Emsland (Nord), à l'autre bout du pays, non loin de la frontière néerlandaise.

Alors que de nombreux pays occidentaux dépendent du nucléaire, la première économie européenne tourne la page. Même si le sujet sera resté controversé jusqu'au bout.

L'Allemagne met en œuvre la décision de sortir du nucléaire prise en 2002, et accélérée par Angela Merkel en 2011, après la catastrophe de Fukushima.

Fukushima a montré que "même dans un pays de haute technologie comme le Japon, les risques liés à l'énergie nucléaire ne peuvent être maîtrisés à 100%", justifiait l'ex-chancelière à l'époque.

"La roue a tourné"

À quelques mois de la date initialement fixée pour fermer les trois derniers réacteurs, le 31 décembre dernier, le vent de l'opinion a commencé à tourner : "avec les prix élevés de l'énergie, le sujet brûlant du climat, des voix se sont bien sûr élevées pour prolonger les centrales", témoigne Jochen Winkler, maire de la commune de Neckarwestheim, où la centrale du même nom vit ses dernières heures.

Le gouvernement d'Olaf Scholz, auquel participe le parti des Verts, le plus hostile au nucléaire, a finalement décidé de prolonger l'exploitation des réacteurs pour sécuriser l'approvisionnement jusqu'au 15 avril.

"Il y aurait peut-être eu une nouvelle discussion si l'hiver avait été plus difficile, s'il y avait eu des coupures de courant et des pénuries de gaz. Mais nous avons passé un hiver sans trop de problèmes", grâce à l'importation massive de gaz naturel liquéfié, note M. Winkler.

Explosion d'une tour de refroidissement de l'ancienne centrale nucléaire allemande de Biblis, fermée depuis 2011 et en cours de démantèlement, le 23 février.
Photo : AFP/VNA/CVN

Pour le maire de la bourgade de 4.000 habitants, dont plus de 150 travaillent à la centrale, "la roue a déjà tourné" et il n'était plus temps de "revenir en arrière".

Seize réacteurs ont été fermés depuis 2003. Les trois dernières centrales ont fourni 6% de l'énergie produite dans le pays l'an dernier, alors que le nucléaire représentait 30,8% en 1997.

Entretemps, la part des renouvelables dans le mix de production a atteint 46% en 2022, contre moins de 25% dix ans plus tôt.

Cinq éoliennes par jour

Le rythme actuel de progression des renouvelables ne satisfait toutefois ni le gouvernement, ni les défenseurs de l'environnement et l'Allemagne n'atteindra pas ses objectifs climatiques sans un sérieux coup de collier.

Ces objectifs "sont déjà ambitieux sans la sortie du nucléaire - or chaque fois qu'on se prive d'une option technologique, on rend les choses plus difficiles", note Georg Zachmann, spécialiste des questions d'énergies pour le cercle de réflexion bruxellois Bruegel.

L'équation est encore plus complexe compte-tenu de l'objectif d'arrêter toutes les centrales à charbon du pays d'ici 2038, dont un grand nombre dès 2030.

Le charbon représente encore un tiers de la production électrique allemande, avec une hausse de 8% l'an dernier pour compenser l'absence de gaz russe.

L'Allemagne doit installer "4 à 5 éoliennes chaque jour" au cours des prochaines années pour couvrir ses besoins, a prévenu Olaf Scholz. La marche est haute comparée aux 551 unités posées en 2022.

Une série d'assouplissements règlementaires adoptés ces derniers mois doit permettre d'accélérer le tempo. "Le processus de planification et d'agrément d'un projet éolien prend en moyenne 4 à 5 ans", selon la fédération du secteur (BWE), pour qui gagner un ou deux ans serait déjà "un progrès considérable".

AFP/VNA/CVN

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