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Une tour de refroidissement de la centrale nucléaire de Biblis, près de Francfort, en Allemagne, le 23 février. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Après avoir hanté le sommet de l'UE la semaine dernière, l'opposition entre États membres partisans ou détracteurs du nucléaire complique cette semaine les négociations sur plusieurs textes-clé pour le climat.
Les ministres doivent ainsi adopter leur position sur une législation destinée à adapter les réseaux gaziers à l'essor de l'hydrogène et du biométhane, via un cadre réglementaire incitatif pour les investisseurs, producteurs et consommateurs.
"Il y a un solide soutien pour pratiquement toutes les mesures", mais une éventuelle référence à l'hydrogène "bas-carbone", c'est-à-dire produit avec de l'électricité issue du nucléaire, a fait l'objet de vives discussions en amont, selon un diplomate européen.
L'atome est aussi au cœur d'ultimes pourparlers entre négociateurs du Conseil (les États membres) et du Parlement européen pour finaliser mercredi 29 mars une vaste loi sur les énergies renouvelables, avec des objectifs d'hydrogène "renouvelable" à atteindre dans les transports et l'industrie.
La France réclame dans ce texte l'égalité de traitement entre hydrogène renouvelable et bas-carbone, ce qu'ont rejeté farouchement mi-mars dans une lettre commune sept pays anti-nucléaire (Allemagne, Autriche, Danemark, Irlande, Luxembourg, Portugal, Espagne).
De sources diplomatiques, les ministres pourraient en discuter "de façon informelle" pour esquisser des compromis. "Une minorité d'États demande que l'énergie nucléaire soit prise en compte, une autre est catégoriquement contre : ces deux minorités se bloquent mutuellement", s'alarme le diplomate.
"Il va falloir que ce double blocage se résolve (...) La France avancera avec ses partenaires" en vue d'obtenir "une reconnaissance du rôle du bas-carbone dans la transition", souligne-t-on à Paris.
"Alliance" pro-nucléaire
En marge d'une réunion des ministres de l'Energie à Stockholm, la France avait réuni fin février dix autres pays de l'UE (Bulgarie, Croatie, République tchèque, Hongrie, Finlande, Pays-Bas, Pologne, Roumanie, Slovaquie, Slovénie) prêts à défendre l'atome et renforcer leurs coopérations dans le secteur.
Pour peser dans les débats, la ministre française Agnès Pannier-Runacher rassemble à nouveau mardi matin les homologues de cette "alliance", avec un nombre d'États "peut-être plus élevé que la dernière fois", indique son cabinet.
Autre sujet d'alarme pour Paris : la Commission a dévoilé mi-mars un plan pour doper les industries vertes, qui mentionne le nucléaire mais sans lui accorder les avantages destinés aux renouvelables (accélération des procédures d'autorisation, facilités de financements...).
"Seules les technologies zéro émission que nous jugeons stratégiques pour l'avenir auront pleinement accès aux avantages", a insisté jeudi la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, en marge du sommet.
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen à Bruxelles, le 24 mars. Photo : AFP/VNA/CVN |
"L'expression est malheureuse (...) clairement pas cohérente avec l'enjeu climatique", s'agace le cabinet d'Agnès Pannier-Runacher. "Dans tous les textes, nous appelons à la reconnaissance d'une neutralité technologique", laissant les États libres de choisir les moyens de décarboner, fait-il valoir. Ainsi, "on ne voit pas pourquoi une technologie serait favorisée" dès lors que l'hydrogène est produit sans émettre de CO2, développe le ministère.
"Proposition timide"
Enfin, la question nucléaire devrait colorer mardi le tout premier débat des ministres sur la réforme du marché de l'électricité proposée mi-mars par Commission. Elle n'entend pas toucher au marché de gros où les prix quotidiens sont suspendus aux cours du gaz - mais veut développer les contrats de long terme, applicables aux renouvelables comme au nucléaire, pour lisser les factures des consommateurs, offrir des revenus prévisibles aux producteurs et encourager les investissements.
Bruxelles veut imposer le recours aux contrats à prix garanti par l'État (CFD) en cas d'aides publiques pour tout nouvel investissement dans ces "énergies décarbonées", y compris par exemple dans des centrales nucléaires existantes. "C'est le principal point de difficulté", observe un diplomate.
Paris, très satisfait, y voit une façon de contribuer au financement du parc nucléaire français, alors que Berlin (partisan d'une réforme a minima) et ses six alliés demandaient en février des CFD facultatifs et strictement réservés aux nouvelles infrastructures de renouvelables...
AFP/VNA/CVN