Dans un discours, le président Jacob Zuma a évoqué "le sang, la sueur et les larmes" versés pour gagner "le précieux droit de vote" le 27 avril 1994, appelant ses compatriotes à voter à nouveau "par millions" aux prochaines législatives du 7 mai.
"Nous avons fait de l'Afrique du Sud un meilleur endroit pour vivre", a répété M. Zuma, en campagne pour un second mandat, vraisemblablement gagné d'avance en raison du poids de l'ANC dans le paysage politique national depuis 1994.
Une plaque commémorant le vote de Nelson Mandela le 27 avril 1994 est exposée dans une école de Durban, le 27 avril |
"On ne peut pas célébrer la liberté quand il n'y a pas de pain sur la table", a rétorqué Julius Malema, ex-soutien de M. Zuma quand il présidait la Ligue jeunesse de l'ANC. Exclu de l'ANC, il se présente avec un nouveau parti, le Front de libération économique (EFF).
"Nous n'avons rien à fêter. Nos habitants vivent toujours dans des bidonvilles, n'ont pas d'eau courante, pas d'électricité, pas de routes correctes. La liberté c'est avoir des toilettes avec une chasse d'eau", a dénoncé "Juju" lors d'un meeting à Durban (Est).
Couronnement de difficiles négociations entre l'ANC de Nelson Mandela et les autorités de l'apartheid, le scrutin du 27 avril 1994 permit à l'Afrique du Sud d'échapper à la guerre civile que beaucoup prédisaient alors, et de se doter d'un État de droit très progressiste.
Un jour comme aucun autre
Deux images du scrutin de 1994 sont restées célèbres : celle de Mandela souriant, posant son bulletin de vote à la main, lui qui quatre plus tôt sortait de 27 ans de bagne, le poing levé.
Et celle des files interminables d'électeurs patientant dans le calme pour voter, symbole d'un peuple miraculeusement réconcilié.
"Aujourd'hui est un jour comme aucun autre avant lui. Le vote pour notre première élection libre et juste a commencé. Aujourd'hui c'est l'aube de notre liberté", devait déclarer ce jour-là Mandela, avant de devenir à 75 ans et avec le soutien de la minorité blanche le premier président noir de l'histoire sud-africaine.
"Debout ensemble, envoyons ce message haut et clair : nous ne laisserons pas une poignée de tueurs nous voler notre démocratie", avait-il ajouté, alors que des mesures de sécurité sans précédent avaient été déployées par crainte d'attentats.
L'archevêque Desmond Tutu résumait alors le sentiment national : "incroyable, comme lorsqu'on tombe amoureux" ou comme "marcher dans les nuages".
La suite a donné en partie raison aux optimistes. État paria, l'Afrique du Sud est revenue dans le concert des nations, son PIB a doublé en vingt ans, la pauvreté a reculé et une classe aisée noire a émergé.
Mais on est encore loin de "la vie meilleure pour tous" promise par Mandela en 1994.
Manque d'emplois, manque d'enseignants de qualité et d'une police fiable, système de santé public où l'on risque tous les jours de mourir en accouchant alors que le pays abrite des cliniques privées où l'on vient de tout le continent pour se faire soigner : on est passé de la discrimination par la couleur de peau à la sélection par l'argent.
Le pays reste parmi les plus inégalitaires et après trois ans d'état de grâce les premières années de présidence Mandela (1994-99), les nuages ont recommencé à s'accumuler.
AFP/VNA/CVN