La planète toujours vers un réchauffement de 3°C, malgré la pandémie

La baisse des émissions de gaz à effet de serre due à la pandémie de COVID-19 aura un effet "insignifiant" et le monde file toujours vers 3 degrés de réchauffement, loin des objectifs de l'accord de Paris qui aura cinq ans samedi, avertit mercredi 9 novembre l'ONU.

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Des panneaux solaires à Huainan en Chine.

À trois jours d'un "sommet ambition climat" qui vise à donner un nouvel élan aux engagements internationaux pour maintenir le réchauffement climatique sous 2°C, et si possible 1,5°C, par rapport à l'ère pré-industrielle, le Programme des Nations unies pour l'Environnement (PNUE) sonne à nouveau l'alarme. Et prévient, dans son rapport annuel comparant les émissions réelles de gaz à effet de serre et celles compatibles avec les objectifs de Paris, que la relance post-COVID devra être sérieusement verdie si le monde veut éviter le pire.

Pour garder un espoir de limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C il faudrait réduire les émissions de gaz à effet de serre de 7,6% par an, chaque année de 2020 jusqu'à 2030, selon l'ONU. Ces émissions augmentaient en moyenne de 1,5% par an sur la dernière décennie, pour atteindre un record en 2019 (59,1 gigatonnes, ou milliards de tonnes, soit +2,6% de plus qu'en 2018).

Mais la pandémie du COVID-19, en mettant à l'arrêt pendant de longs mois une bonne partie de l’économie mondiale et des activités humaines, a entraîné une chute brutale. Les émissions devraient ainsi baisser d'environ 7% en 2020 pour le CO2, principal gaz à effet de serre (un peu moins pour les autres).

Négligeable

Mais ce retournement est conjoncturel et n'aura qu'un effet "négligeable" à long terme, avec environ 0,01 degré de réchauffement évité d'ici à 2050 préviennent les experts onusiens. Et de toute façon "la solution (au réchauffement) n'est pas de confiner le monde entier et de priver 1,9 milliard de jeunes d'éducation", explique la patronne du PNUE, Inger Andersen.

D'ici à la fin du siècle la trajectoire de réchauffement est estimée à 3,2°C de plus, même si tous les engagements actuels de Paris étaient tenus, ce qui est souvent loin d'être le cas. Or, avec +1°C enregistré depuis l'ère pré-industrielle, les effets du réchauffement sont déjà sensibles. Les cinq années depuis la signature de l'accord de Paris ont été les plus chaudes jamais enregistrées et "les feux, tempêtes et sécheresses poursuivent leurs ravages alors que les glaces fondent à un rythme sans précédent".

Graphique montrant l'écart entre les engagements nationaux pour limiter l'émission de gaz à effet de serre et les réductions nécessaires pour endiguer le réchauffement climatique entre 1,5 et 2°C

Derrière ce sombre tableau, l'ONU veut voir une bonne nouvelle: la pandémie peut servir de leçon et le monde mettre en oeuvre une véritable "relance verte" : soutien direct et massif aux infrastructures et technologies décarbonées, réductions des subventions aux énergies fossiles, fin des centrales à charbon, développement des "solutions basées sur la nature", reforestation d'envergure par exemple. Ce qui permettrait de "réduire jusqu'à 25% les émissions attendues pour 2030 sur la base des politiques pré-COVID-19" et donnerait 66% de chances de contenir le réchauffement sous les 2°C.

Moteur de crise

Mais pour l'heure, malgré les centaines de milliards consacrés par les États au sauvetage de leurs économies, "la fenêtre pour utiliser les mesures de relance afin d'accélérer une transition bas-carbone a globalement été manquée", préviennent les auteurs. "Sans un retournement de situation, les objectifs de l'accord de Paris s'éloigneront un peu plus".

Le PNUE encourage donc les États qui ont annoncé des engagements datés de "neutralité carbone" à mettre en œuvre sans attendre des stratégies pour les atteindre. Car la diplomatie climatique a elle aussi été perturbée par la pandémie et la COP26 qui devait recueillir les nouveaux engagements rehaussés a dû être repoussée d'un an à novembre 2021. Même si les États doivent quand même soumettre leurs nouveaux engagements d'ici à la fin de l'année.

L'ONU prévient aussi que "l'équité" dans les efforts sera "centrale" pour la réussite, puisque les émissions des 1% de la population mondiale la plus riche représentent le double de celles de la moitié la plus pauvre. Appels auquel font écho des militants comme Tim Gore, responsable climat d'Oxfam International, qui appelle à une "relance verte et équitable", ou Jennifer Morgan, directrice de Greenpeace International enjoignant aux gouvernants de "prouver qu'ils font tout ce qui est en leur pouvoir" en prenant des engagements à l'occasion de l'anniversaire de l'accord de Paris.

"La pandémie est l'avertissement que nous devons d'urgence quitter notre chemin de développement destructeur, moteur des trois crises planétaires: changement climatique, perte de biodiversité et pollution. Mais elle constitue aussi clairement une opportunité (...) pour protéger notre climat et la nature pour les décennies à venir", conclut la cheffe du PNUE.


AFP/VNA/CVN

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