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Un "éboueur Spiderman" se prépare à descendre en rappel depuis une passerelle en verre sur le Mont Tianmen à Zhangjiajie dans le centre de la Chine, le 12 novembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Coiffé d'un casque de protection, Yang Feiyue enfile un harnais avant de lancer une corde par-dessus la rambarde d'une passerelle en verre, collée aux flancs du Mont Tianmen, à Zhangjiajie (centre de la Chine).
"La peur? Non, je suis habitué", affirme avec aplomb le nettoyeur de 48 ans, veste orange et sac poubelle noir sur le dos, avant d'enjamber le garde-fou pour une descente vertigineuse de plusieurs dizaines de mètres.
Yang Feiyue récupère patiemment les déchets coincés le long de la falaise. Son unique assurance-vie : une corde, tenue fermement par ses collègues restés sur la passerelle et accrochée à des crochets cloués dans la roche.
"J'ai ramassé des bouteilles d'eau, des sachets, des mouchoirs. Quand il pleut, on a aussi des ponchos à usage unique", détaille M. Yang, une fois remonté à la force des bras, relayée par un système de poulie.
"Avec l'épidémie, on trouve également des masques maintenant", souligne-t-il.
Le COVID-19 est largement endigué en Chine depuis le printemps et la vie a repris son cours normal. Mais beaucoup de Chinois continuent de porter des masques par souci de protection, y compris en pleine nature.
"Mal aux mains"
"Au début, j'avais hyper mal aux mains après une journée de travail. Au point que je n'arrivais pas à tenir mes baguettes pour manger. Maintenant, ça va beaucoup mieux", sourit Yang Feiyue.
Son équipe de nettoyeurs pas comme les autres a été créée en 2010 par les gestionnaires du Mont Tianmen, afin de récupérer les détritus qui s'accumulaient sur les falaises.
Un groupe d'"éboueurs Spiderman" inspecte une zone fraîchement nettoyée, sur le Mont Tianmen à Zhangjiajie dans le centre de la Chine, le 12 novembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les médias locaux les surnomment les "éboueurs Spiderman". Une référence au super-héros américain, cet "homme-araignée" capable de s'accrocher aux parois et d'évoluer au-dessus du vide.
"C'est un surnom qui fait plaisir, oui, c'est sûr", confesse M. Yang, qui a déjà ramassé avec ses collègues quelque deux tonnes de déchets en 2020.
Les zones touristiques en Chine, même en montagne, disposent de nombreux stands ou épiceries où sont vendues friandises, boissons et autres glaces. Autant de produits dont les emballages sont susceptibles de finir dans la nature.
Du progrès
La prise de conscience environnementale de certains citoyens chinois est parfois lente et la vue de touristes jetant leurs déchets par terre est courante.
La situation évolue toutefois, grâce aux campagnes de sensibilisation lancées dans les écoles et les médias, à la multiplication des poubelles de recyclage dans l'espace public et à l'introduction du tri sélectif dans les grandes villes.
"Depuis dix ans, on a de moins en moins de déchets. Avant, nos éboueurs Spiderman en ramassaient 5 tonnes par an. Les touristes sont plus civilisés", explique Ding Yunjuan, vice-directrice du marketing du Mont Tianmen. "Beaucoup emportent désormais un sachet avec eux pour y mettre leurs détritus avant de les jeter dans une corbeille", détaille-t-elle.
Le Mont Tianmen a accueilli 4,7 millions de visiteurs l'an passé. Mais moins évidemment en 2020 suite à l'épidémie (1,9 million seulement entre janvier et novembre).
Pollution ou pas, Yang Feiyue se dit prêt à redescendre dès que nécessaire. "On travaille pour la beauté du site. Donc ça ne me dérange pas de trimer un peu!".
AFP/VNA/CVN