>>Des artisans tunisiens jouent des ciseaux pour le costume de la sélection
>>La Casbah d'Alger, une cité millénaire en quête de renaissance
>>Marrakech retrouve des couleurs après le COVID-19
Une rue de la médina de Tunis, la capitale tunisienne. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les premières bâtisses de la vieille ville, entourée jadis de remparts, ont poussé autour de la Grande mosquée de la Zitouna (l’olivier), à partir du IXe siècle. Mais l’expansion de la médina n’a démarré qu’au XIIIe siècle, quand Tunis est devenue capitale de l’"Ifriqiya", qui englobait la Tunisie actuelle, le Nord-Est algérien et le Nord-Ouest libyen.
La vieille ville, avec ses centaines de monuments et une vingtaine de souks aux boutiques serrées les unes aux autres (souk des bijoutiers, des tanneurs, des parfumeurs, etc.), est classé au patrimoine de l’UNESCO depuis 1979.
"La médina a une charge affective importante, c’est le havre des premières médersas (écoles coraniques) et la Zitouna est une mosquée-université parmi les plus réputées et anciennes au monde", souligne Hatem Bourial, écrivain spécialiste de la médina.
Malgré son charme indéniable, en dehors des jours de semaine, la médina - riche aussi des Palais érigés par les Beys, régents de l’empire ottoman - est peu fréquentée par les Tunisois et les touristes, et a mauvaise réputation la nuit tombée. Les visiteurs se limitent en outre souvent aux deux rues principales (rue Jemaa Ezzitouna et rue de la Casbah).
"Poumon de la Tunisie"
Pourtant, comme l’explique Salma Garbi, une architecte de 38 ans qui participe à une promenade guidée, "la médina c’est le poumon de la Tunisie et c’est à partir de là que Tunis s’est développée".
Dernièrement, il y a "des évènements culturels qui se créent, comme les festivals d’art et lumière Interférence ou Dream City, consacrés à tous les types de productions artistiques (riches en animations nocturnes, ndlr), et redonnent un nouveau souffle à la médina", se félicite Mme Garbi. On pourrait, selon elle, prolonger dans l’année l’expérience des nuits du ramadan, quand en avril dernier, la médina s’est peuplée de cafés et de concerts, au public jeune et branché.
Un café dans une des ruelles de la médina de Tunis. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Mis à part ces évènements, l’installation ces dernières années de nombreuses maisons d’hôtes et d’espaces d’exposition comme l’Art Rue, une association qui organise des ateliers artistiques avec les écoles du quartier, ont contribué à relancer l’attractivité de la médina.
Implantée depuis 2013 avec une chambre d’hôtes à son nom, Leila Ben Gacem dit vouloir "créer une nouvelle dynamique pour améliorer la sécurité, la lumière, la propreté" dans la médina.
Cette spécialiste en entrepreneuriat social a fédéré 21 autres "micro-entreprises" (maisons d’hôtes, cafés, artisans, restaurants...) au sein du groupement d’intérêt économique "Mdinti" (“Ma médina”).
"Ensemble, on crée des expériences pour que les gens aiment venir dans la médina, passer le week-end, rencontrer des artisans, et vivre un moment authentique", explique Mme Ben Gacem.
Activités diverses
Avec le projet "Feel Medina", financé par l’Agence de coopération allemande GIZ, Mdinti propose toute l’année des activités : chasses au trésor, promenades commentées, des ateliers consacrés à la cuisine, la calligraphie, la reliure ou encore la fabrication de babouches tunisiennes ("balgha").
"Notre rêve est de faire vivre la médina le soir et pendant les week-ends avec des animations, la médina ne fermera plus ses portes le dimanche, et s’il y a des activités nocturnes, les commerçants retarderont la fermeture", se réjouit Souhail Fitouri, de l’échoppe de "balgha", Aux Trois Chameaux, membre de Mdinti.
À quelques rues de là, Mohamed Bensassi, dernier relieur de la médina, est ravi que "les gens viennent (lui) rendre visite le week-end pour découvrir ce métier très ancien dont il aime se faire l’ambassadeur".
Pour cet été, Mme Ben Gacem regorge d’idées. "Le soir sur les toits, on peut faire plein de choses : du cinéma, des rencontres avec les artisans, des historiens, peut-être des gens du quartier", habité par plus de 25.000 personnes, souvent à faibles revenus.
Reste que pour vraiment revitaliser la vieille ville, Hatem Bourial appelle les autorités à "rouvrir les trois ou quatre musées" qui s’y trouvent : le mausolée Tourbet El Bey, le Musée lapidaire Sidi Bou Khrissane et le Musée des arts et traditions populaires Dar Ben Abdallah, tous deux fermés depuis 15 ans.
Il faudrait aussi, note-t-il, rendre accessible "au moins le patio de la Zitouna", en dehors des heures de prière.
AFP/VNA/CVN