Vue générale de la conférence de l'ONU sur le changement climatique le 26 novembre à Doha. |
Concentration record de gaz à effet de serre (GES) dans l'atmosphère, risque d'un réchauffement de 4°C d'ici 2060... Les signaux d'alerte et appels urgents se sont multipliés à la veille de la conférence de l'ONU organisée par le Qatar, champion du monde des émissions de GES par habitant.
"Nous avons de moins en moins de temps" pour parvenir à contenir le réchauffement à +2°C, a déclaré à la presse la responsable de l'ONU pour le climat, Christiana Figueres.
"La fenêtre d'opportunité se ferme rapidement parce que le rythme et l'ampleur des actions" engagées pour réduire les GES "ne sont simplement pas au niveau où ils devraient être", a-t-elle averti.
Le thermomètre de la planète se dirige actuellement vers une hausse de 3 à 5°C au cours du siècle, et non 2°C, l'objectif de la communauté internationale et seuil au-delà duquel le système climatique risquerait de s'emballer.
La signature d'une seconde période d'engagement de Kyoto, après l'expiration de la première fin 2012, est l'un des grands dossiers attendus à Doha, même si sa portée sera essentiellement symbolique.
Son principe a été acté à Durban (Afrique du Sud) fin 2011, et il faut désormais s'entendre sur la durée de Kyoto 2, ses objectifs de réduction de GES....
Vers un accord universel
Mais Kyoto 2 ne devrait plus porter que sur 15% des émissions de GES globales, celles de l'Union européenne et l'Australie, puisque le Canada, la Russie et le Japon ne veulent plus participer et que les États-Unis n'ont jamais ratifié le traité.
Les pays en développement tiennent néanmoins au prolongement du seul texte contraignant qui engage les pays industrialisés à réduire leurs GES, au nom de leur "responsabilité historique" dans le réchauffement.
"Le protocole de Kyoto (...) est notre seule assurance que des mesures seront prises", ont déclaré l'Alliance des petits États insulaires et les Pays les moins avancées dans un communiqué. "Mais pour l'heure, les engagements pris sont loin de répondre aux impératifs", poursuivent-ils.
L'UE entend réduire ses émissions de GES de 20% d'ici 2020 par rapport à
Mais son collègue américain Jonathan Pershing a laissé entendre que son pays ne reverrait pas à la hausse dans l'immédiat son objectif de réduction de 17% par rapport à 2005.
Parallèlement, les 190 pays présents à Doha devront commencer à "marcher vers un accord universel, qui doit être adopté en 2015", a précisé Mme Figueres.
Devant entrer en vigueur en 2020, pour prendre le relais de Kyoto 2, il engagerait cette fois-ci tous les pays, dont la Chine premier pollueur mondial.
"Ce nouvel accord doit être construit pour le monde de 2020 et au-delà, et non celui de 1997 (signature du protocole de Kyoto), un monde avec de nouveaux acteurs décisifs sur la scène climatique globale", a souligné M. Pershing.
Les États-Unis insistent pour que la Chine soit tenue à des engagements équivalents à ceux des pays industrialisés. La question de l'aide aux pays les plus vulnérables devrait également occuper une partie des débats.
À Copenhague en 2009, la communauté internationale a décidé de débloquer 100 milliards de dollars par an d'ici à 2020, gérés par un Fonds vert, ainsi qu'une aide d'urgente de 30 milliards de dollars entre 2010 et 2012.
"Dans un mois, l'aide urgente se termine et le Fonds vert est toujours vide", s'inquiète l'ONG Oxfam.
La conférence doit se poursuivre jusqu'au 7 décembre. Le 4, les négociateurs seront rejoints par plus de 100 ministres pour conclure un accord, nouvelle étape dans le laborieux processus de négociations lancé en 1995.
AFP/VNA/CVN