La galette de riz, un biais par lequel s’exprime le patriotisme

Refusant l’opportunité de s’installer aux États-Unis, le jeune diplômé Lê Duy Toàn est retourné au Vietnam pour concrétiser son rêve : produire et exporter des galettes de riz "made in Vietnam". Et il a réussi malgré de grandes difficultés.

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Lê Duy Toàn devant son stand de produits.
Photo : LDT/CVN

"J’ai enfin réalisé mon rêve de jeunesse : les galettes de riz de fabrication vietnamienne sont actuellement présentes sur les marchés de 42 pays à travers le monde", déclare avec joie Lê Duy Toàn, 32 ans, directeur de la Compagnie de comestibles Duy Anh, installée à Cu Chi, un district suburbain de Hô Chi Minh-Ville.

De retour au Vietnam depuis dix ans, son diplôme universitaire obtenu aux États-Unis en poche, Toàn a établi dans son village natal une entreprise spécialisée dans la production de galettes de riz destinées à l’export. Un long trajet jalonné d’épreuves et de difficultés qu’il a surmontées avec courage pour atteindre son but.

L’or se révèle par le feu, l’homme par les épreuves

Sortant de l’Université d’État de Californie (en anglais : California State University ou CSU), spécialisé en administration commerciale en 2009, Lê Duy Toàn se vit offrir une belle opportunité de s’installer aux États-Unis. Et puis, à plus forte raison, il a fait un choix différent.

"Un jour, alors que je faisais mes courses dans un supermarché américain, j’ai trouvé par hasard, sur une étagère, des paquets de galettes de riz portant l’étiquette +made in Thaïlande+. Comment cela était-il possible ? Je savais bien que ce n’était pas la Thaïlande mais le Vietnam seul qui fabriquait des galettes de riz. J’en étais sûr, car mon village natal de Phú Hoà Đông, en banlieue de Hô Chi Minh-Ville, est spécialisé depuis toujours dans la fabrication de galettes de riz, un métier traditionnel de longue date qui se perpétue jusqu’à présent. Une idée me vint alors : il fallait introduire la galette de riz +made in Vietnam+ aux États-Unis. Animé par cette ambition, j’ai décidé de rentrer au pays. C’était en 2010".

Mais ce n’est pas facile de matérialiser une ambition qui semble hors de portée pour un jeune diplômé, comme l’a avoué Lê Duy Toàn. "Avec un maigre fond initial de 500 millions de dôngs, j’ai tenté de monter ma propre entreprise, dotée alors d’un seul atelier. La production marchait bien et les premiers paquets de galette de riz sont sortis de l’atelier pour être expédiés au Japon. Malheureusement, l’affaire est tombée à l’eau : la partie japonaise les a refusés. J’ai obtenu le même résultat pour les échantillons que j’ai envoyés plus tard aux États-Unis. Il en fut ainsi durant toute une année : j’ai essuyé tristement une vingtaine d’échecs. Pire encore, mes galettes de riz étaient également refusées sur le marché domestique. Mon entreprise était alors sur le point de faire faillite", confie-t-il, accablé.

Mais loin d’être découragé, Toàn a cherché par tous les moyens de trouver une solution. Son atelier n’a pas cessé de tester de nouvelles techniques de production. Et les galettes de riz de marque Duy Anh ont petit à petit gagné la confiance des consommateurs vietnamiens. Son entreprise est dorénavant perçue comme un "modèle de pointe" du district producteur de galettes de riz et un "lieu de visite intéressant" dont les agences touristiques cherchent à tirer profit.

À cœur vaillant, rien d’impossible

Un jour, un groupe de touristes japonais s’est rendu dans l’atelier de galettes de riz de Duy Anh, après avoir visité les tunnels historiques de Cu Chi. "Ils ont été invités à gouter une galette de riz soufflé présentée comme la spécialité locale et ils se sont montrés contents de la saveur de ce met croustillant. En leur disant adieu, j’ai offert à chacun d’eux un paquet comme +cadeau de la campagne vietnamienne+", se rappelle Toàn.

Et puis, deux semaines après, le jeune entrepreneur a reçu le coup de téléphone d’un Japonais, l’un des visiteurs de son atelier, lui proposant de signer un contrat d’importation. La condition initiale était d’envoyer au client un lot de différents échantillons, avant de procéder au choix final. Encore une fois, la patience du jeune entrepreneur a été mise à rude épreuve. Durant huit mois consécutifs, Toàn a proposé tour à tour 12 échantillons qui ont tous été refusés par le partenaire japonais.

Dans un atelier de fabrication de vermicelles de Lê Duy Toàn.
Photo : LDT/CVN

"Le numéro 13 m’a vraiment porté bonheur. Le 13e échantillon a été accepté ! Quelle joie de pouvoir enfin réaliser un tournant sur le chemin des affaires ! Un tournant central dans ma vie puisqu’il permet désormais la présence de galettes de riz +made in Vietnam+ sur un marché étranger", confie Toàn, avec un brin d’orgueil. Avec le temps, la renommée de la galette de riz de la marque Duy Anh a retenti loin des frontières nationales, d’autant plus qu’elle a obtenu les certificats de qualité FDA (des États-Unis), Cacher (régime alimentaire dicté par la religion juive), ISO 2000…

"J’ai fait une grande campagne de promotion pour la galette de riz de marque Duy Anh sur les pages web et aussi au centre de transaction commerciale", informe-t-il Avant de préciser qu’à présent, son entreprise a conclu d’importants contrats d’exportation avec 42 pays de par le monde, notamment le Japon, la République de Corée et les États-Unis.

Si on lui demande s’il a déjà été tenté d’abandonner son rêve de jeunesse, Toàn avoue sans hésitation : "Ah oui ! Plus d’une fois et j’ai même fait une dépression. J’ai vraiment failli baisser les bras le jour où mon atelier fut incendié intégralement à cause d’un court-circuit. Les pertes se sont élevées à 3 milliards de dôngs. J’ai dû alors emprunter à la banque plus de 5 milliards pour reconstruire l’atelier et recommencer la production".

L’avenir est prometteur pour l’entreprise de Toàn. Son atelier s’est élargi sur 15.000 m2 et emploie plus de 200 personnes. Les produits sont variés et de bonne qualité. Chaque jour, l’entreprise exporte entre 10 et 25 tonnes de produits à base de riz, dont galette, vermicelle, nouille séchée…

"J’ai envie d’apporter une touche hors du commun à mes produits en y introduisant des fruits vietnamiens riches en vitamines, comme la pastèque et le fruit du dragon", vante Toàn. À cœur vaillant, rien d’impossible.


NGHIA ĐÀN/CVN

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