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Bùi Van Tu au travail. |
Au Vietnam, la sculpture d’ombres (shadow art en anglais) est un art nouveau. Pour comprendre ses origines ainsi que sa valeur, nous sommes allées à Bat Tràng à la rencontre de l’artisan Bùi Van Tu.
Né en 1992, Bùi Van Tu est le créateur et celui qui a posé les bases de cet art si particulier dans le pays. En combinant la sculpture traditionnelle à la lumière, Tu fabrique des œuvres très originales. En projetant de la lumière sur ses sculptures, une image particulièrement précise s’affiche sur le mur comme un tableau de maître, jeu d’ombres et de lumière.
Avant de devenir sculpteur, Tu était ingénieur dans la construction. Il raconte comment il en est arrivé à sa nouvelle vocation : "J’ai créé ma première sculpture d’ombres par hasard alors que je décorais une rocaille. En la construisant, j’ai vu son ombre sur le mur, elle avait la forme d’un ours. À ce moment-là, je me suis dit, pourquoi ne pas essayer une combinaison entre installation, mise en forme et lumière afin de créer de nouvelles œuvres artistiques ?". Depuis, Tu a quitté son travail d’ingénieur pour se consacrer à sa passion et continuellement "chercher à fabriquer des œuvres uniques".
Essayer pour apprendre
Avant de se mettre pleinement à créer, le jeune artisan a dévoué beaucoup de temps à se former aux techniques de sculpture et aux matériaux exploitables. Sculpter le bois n’est facile pour personne, encore moins quand on est jeune et inexpérimenté. Il a ainsi dû jeter une dizaine de tronçons de bois et reste encore aujourd’hui perfectionniste. "Si ma sculpture ne me convient pas, je suis obligé de recommencer. Il faut être méticuleux car on risque de ne pas obtenir l’image qu’on veut si la sculpture est imparfaite".
L’artisan en train de réaliser une œuvre sur le Président Hô Chi Minh. |
Le choix du bois est aussi particulièrement important aux yeux de l’artisan. "Les +gô lua+ sont des souches déshydratées d’arbres très vieux voire centenaires. Les souches sont presque fossilisées donc elles sont très dures. Ce bois-là ne vieillit et ne pourrit jamais, je l’ai choisi pour sa résistance. Il est en plus facile à trouver et n’est pas trop cher", explique-t-il. En plus des matières premières, son art nécessite également de la matière grise et des compétences exigeantes mais indispensables : une minutie et une habileté extrêmes ainsi qu’une imagination fertile et une bonne projection visuelle.
Diverses techniques pour divers matériaux
En plus du bois, il arrive à Tu d’utiliser la céramique pour ses œuvres. Les deux matériaux disposent de leurs caractéristiques propres. Le bois est une matière monolithique, à haute valeur économique qui demande de travailler minutieusement. Ce n’est pas le cas de la céramique, mais concevoir sa forme finale s’avère ardu car il faut s’attendre à une déformation de 20% de la poterie après la cuisson à 1.250°C. Par conséquent, le jeune artiste s’est longtemps plongé dans les recherches sur la poterie et a réalisé d’innombrables tests.
Une démonstration de Bùi Van Tu portant le message de la protection de l’environnement. |
"Afin de parfaire une œuvre en céramique, je passe par de nombreuses étapes méticuleuses qui peuvent parfois prendre un mois entier pour la mise en forme seulement et un mois supplémentaire pour le séchage avant de passer à la cuisson", ajoute Tu. Jusqu’à présent, après plus de 5 ans de recherches et de travail acharné, Bùi Van Tu a créé une quinzaine d’œuvres en bois et en céramique qui lui ont nécessité entre deux et quatre mois de travail chacune et qu’il vend entre 30 à 80 millions de dôngs.
Grâce à son travail original, Tu espère aussi transmettre ses idées au public. Cette année, il a créé une œuvre singulière portant le message : "Il faut protéger notre environnement".
Texte et photos : Thu Huong/CVN