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Des canes destinées à la fabrication de foie gras confinées à Sarrant, dans le Gers, le 28 novembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
En France, du 1er août au 21 décembre, 3,3 millions d'animaux ont déjà été abattus, dont une moitié de canards. Deux millions l'ont été rien qu'en décembre, selon le ministère de l'Agriculture.
"L'objectif que je fixe, c'est un objectif de pouvoir passer la saison 2023-2024 avec un vaccin, une stratégie vaccinale", a affirmé le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, lors d'un déplacement auprès de représentants du secteur agricole à la Roche-sur-Yon (Vendée).
D'ici là, il faut oeuvrer à "sauvegarder le patrimoine génétique de la filière" et s'assurer que les indemnisations "aillent suffisamment vite pour ne pas tellement affaiblir les trésoreries, que des gens soient obligés d'arrêter leur activité", a insisté M. Fesneau. A ce stade, il n'existe aucun vaccin suffisamment efficace, disposant d'une autorisation de mise sur le marché, et encore moins de réglementation européenne autorisant la vaccination.
Selon le calendrier présenté jeudi 22 décembre, les premiers résultats des expérimentations en laboratoire devraient être connus autour de mars 2023. A la même période, l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) sera tenue de présenter différents "scénarios de vaccination pertinents". L'Etat français tâchera alors de définir sa stratégie vaccinale, de chiffrer son coût, et de déterminer qui paiera.
"Si tous les signaux sont au vert, en mai, on aura des vaccins fonctionnels, autorisés, et une stratégie adaptée sur le plan sanitaire et économique", résume le ministère. "On a un ministre qui nous a rassurés un petit peu, parce qu'on voit un calendrier (...) qui est programmé avec vraiment une prise en compte des difficultés qu'il peut y avoir sur son chemin", a réagi Brice Guyau, président de la FDSEA en Vendée.
"C'est très important qu'un maximum d'animaux soient vaccinés avant l'automne pour que derrière, on n'ait plus de virus qui circule massivement sur notre territoire", a pour sa part insisté Pascal Sachot, porte-parole de la Confédération paysanne en Vendée
L'épizootie de grippe aviaire est la "plus dévastatrice" qu'ait connue l'Europe de toute son histoire, ont estimé mardi les autorités sanitaires européennes, avec plus de 50 millions d'oiseaux abattus dans les seuls élevages infectés entre octobre 2021 et septembre 2022.
Les éleveurs auraient du mal à supporter un troisième hiver ravageur, alors que le virus est en train de devenir endémique sur le continent. L'accélération de la propagation du virus est liée non seulement à la baisse des températures, mais aussi à la "forte activité migratoire des oiseaux sauvages", indique le ministère.
Course au vaccin
Mais la France ne peut agir seule, et son plan dépend d'autorisations aux niveaux européen et international. Une réglementation européenne autorisant le principe de la vaccination "devrait en entrer en application fin février", selon le gouvernement, alors qu'il y a seulement un an, "professionnels et parties prenantes y étaient frontalement opposés".
Reste toutefois le risque que certains pays importateurs refusent d'acheter des volailles ou produits issus d'oiseaux vaccinés, craignant que le vaccin "masque" la présence de la maladie et que le virus se diffuse ensuite chez eux "à bas bruit".
La France devra donc mener des négociations bilatérales avec ses partenaires commerciaux pour leur faire accepter d'importer des poulets vaccinés. Un arrêt des exportations de volailles françaises représenterait 500 millions d'euros de perte pour le secteur.
Cinq vaccins sont aujourd'hui disponibles dans le monde, et un seul dispose d'une autorisation de mise sur le marché en Europe pour les poules, selon l'Anses. Or elle date de 2006, "et la souche vaccinale (...) n'a pas été actualisée depuis".
Cinq pays européens se sont lancés dans la course au vaccin, et la plupart des résultats des expérimentations devraient être connus au premier trimestre 2023. Deux laboratoires français dont Ceva travaillent sur un vaccin pour les palmipèdes (canards), tandis que les Pays-Bas planchent sur un vaccin pour les poulets, et l'Italie pour les dindes.
AFP/VNA/CVN