La famille, de la tradition à la modernité

De la famille traditionnelle de «trois générations sous un même toit» à celle dite «nucléaire», la cellule familiale en cette période d’industrialisation et de modernisation connaît de notables transformations qui posent de réelles inquiétudes.

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Il existe plusieurs types de famille suivant le point de vue que l’on retient... En Asie, deux grandes catégories sont généralement retenues.

Une famille forte et stable implique que tous ses membres partagent leurs vies individuelles comme communes.


D’une part, la distinction famille au sens large et au sens restreint, la première comprenant toutes la parentèle des branches paternelle comme maternelle, la seconde se limitant aux ascendants et descendants directs.
D’autre part, et c’est là une catégorie ne concernant que la dernière famille de la précédente catégorie, celle de trois à quatre générations en ligne directe, et celle limitée aux parents et à leurs enfants, connue sous le nom de «famille nucléaire».
Aujourd’hui, les sociologues sont unanimes pour souligner que cette dernière est la structure familiale des sociétés modernes et qui se développera de plus en plus au Vietnam dans un futur proche.
Vie moderne et évolution des rôles dans la famille
Traditionnellement, la famille vietnamienne relève d’abord de la première catégorie comme dans la majeure partie de l’Asie plus généralement et, s’agissant de celle considérée au sens restreint, de celle de trois générations – au moins suivant les différences d’âge entre générations, certaines familles pouvant s’enorgueillir de quatre voire cinq générations.
Mais la vie moderne a entraîné une modification de cette structure de base comme une évolution des rôles traditionnels au sein de la famille.
D’une part, l’évolution des modes de vie privé comme professionnel, les comportements sociaux et l’évolution du rôle de la femme au sein de la famille, l’augmentation des divorces et le recul des mariages, la famille traditionnelle est de plus en plus remise en cause, ce qui constitue un réel défi social.
«Les relations entre différentes générations vivant sous un même toit se distendent au sein de certaines familles», explique le sociologue Vu Tuân Huy. Cette vie moderne conduit généralement à des comportements beaucoup plus individualistes, en particulier chez les jeunes, et donc à un éloignement entre générations.
D’autre part, la répartition des rôles au sein de la famille connaît elle aussi une transformation. En effet, la structure traditionnelle dans laquelle le mari est le chef de famille, ou le fils aîné en l’absence de ce dernier (puis la femme faute de fils) cède progressivement au profit de la femme.
Autre constat effectué, cette évolution générale concerne tant les milieux urbains que ruraux, même s’il existe quelques variations.
La question n’est pas de faire un jugement de valeur sur la qualité du pilier de la famille, le seul élément certain est que la famille traditionnelle connaît une grande mutation dont les effets ne doivent pas être sous-estimés.
Des conséquences qui ne peuvent être mésestimées
La préoccupation envers les autres membres de la famille, une des valeurs fondamentales de la famille traditionnelle vietnamienne, est remis en cause chaque jour, selon le psychologue Vu Dung de l’Institut de psychologie du Vietnam. «Les difficultés de compréhension inter-générationnelles, de moindres partages entre ses membres, et des activités sociales allant parfois jusqu’à la déviance sociale concernent n’importe quel pays», explique-t-il avant de se déclarer inquiet au regard de certains jeunes dont les comportements se dégradent, y compris vers la délinquance : sybaritisme, drogue, vol...

La famille nucléaire, structure typique des sociétés modernes.

Constat fait de cette situation, de nombreux spécialistes de la famille appellent les gens à s’efforcer de consacrer plus de temps à leurs proches, ce qui leur paraît essentiel pour assurer stabilité et bonheur au sein d’une famille vietnamienne compte tenu de ses caractéristiques. Nombre se disent inquiets de cette évolution en pleine période d’intégration au monde, qui pour eux constitue ni plus ni moins qu’à une rupture de la famille.

En effet, le Docteur Bùi Xuân Dinh, de l’Institut d’ethnologie du Vietnam, souligne qu’au Vietnam,. une famille forte et stable implique que tous ses membres partagent leurs vies individuelles comme commune, et se connaissent mutuellement de manière approfondie, les sentiments demeurant l’élément primordial des liens au sein d’une telle famille.

Le partage, coeur de la relation familiale

Ainsi, pour l’heure, ce qui est important est donc de mieux répartir et organiser ses activités – notamment à l’extérieur, professionnelles ou non – et de consacrer davantage de temps aux autres. Sur ce point, les pays développés, où la famille nucléaire domine, ont une riche expérience qui pourrait s’avérer utile à étudier, fait remarquer Bùi Xuân Dinh.

Par ailleurs, un autre facteur d’évolution de la famille vietnamienne a été constaté spécifiquement en milieu rural, cette fois. En effet, l’exode rural remet aussi en cause le modèle traditionnel avec la perte des principaux travailleurs de la famille. Pour prendre un exemple courant, l’un ou l’autre ou les deux époux partent travailler en ville, l’une femme de ménage et l’autre comme moto-taxi, les grands-parents et les enfants demeurant au village natal..., avec pour conséquences éloignement, mauvaises conditions d’éduca-tion des enfants, grands-parents sans soutien, divorce...

L’évolution de la famille et de sa structure suivant les conditions de vie est inévitable. Cela dit, si cette évolution est trop considérable - ou trop rapide, elle détruit non seulement la famille de type traditionnel mais en outre ne transmet pas les valeurs culturelles fondamentales qui caractérisent cette dernière au nouveau modèle, fragilisée cette famille en elle-même, mais aussi devant les aléas - extérieurs - de la vie. En d’autres termes, une source de souffrance pour les individus comme d’instabilité sociale...

Dieu An/CVN

 

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