Pour que l’Internet soit aussi accessible aux agriculteurs

Un tiers des Vietnamiens ont accès à Internet mais il s’agit principalement de citadins. Le pays entend accélérer la réduction de cet écart entre zones urbaine et rurale.

Internet a fait son apparition au Vietnam en 1997. Le réseau a connu un développement fulgurant en une quinzaine d’années, avec à la clé des changements profonds dans tous les pans de la société.

Le Vietnam est l’un des 20 pays du monde possédant le plus d’internautes, lesquels sont estimés à quelque 30 millions d’utilisateurs réguliers ou occasionnels, ce qui représente environ un tiers de la population nationale, un taux équivalent à la moyenne mondiale de 2011. Toutefois, alors que «chater» ou surfer est entré dans les mœurs dans les grandes villes, les deux tiers restants de la population vietnamienne n’ont toujours pas accès à Internet, en particulier en zone rurale. «Réduire ce grand écart entre zones rurale et urbaine est donc l’une des grandes tâches de l’Association vietnamienne d’Internet (VIA) en 2012», déclare Vu Hoàng Liên, président de VIA.

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Selon les analyses de spécialistes, l’une des raisons pour lesquelles les populations rurales sont indifférentes à Internet tient à ce que les fournisseurs de services ne comprennent pas réellement leurs besoins. En outre, «beaucoup de ces personnes ne savent toujours pas ce qu’ils peuvent obtenir grâce à Internet et pensent qu’il est moins attrayant que les jeux télévisés et autres émissions grand public», explique Vu Hoàng Liên.

Le vice-président de VIA, Nguyên Long, estime qu’en dehors du développement des infrastructures et conditions d’accès, il faut se concentrer sur le contenu et les services. Ainsi, «les sujets pratiques sont quasiment inexploités, tels que téléformation ou cursus en ligne», relève-t-il.

Selon Vu Hoàng Liên, la population rurale demande d’abord à Internet des infor­mations sur l’éducation, puis des divertissements. Une fois leur attention retenue, il sera facile de les faire glisser vers d’autres informations en matière de santé, de sciences et technologies dans l’agriculture... «Si la population rurale n’est pas consciente des avantages d’Internet, les efforts seront inutiles», insiste-t-il. Aussi «faut-il effectuer une enquête pour savoir ce dont les agriculteurs ont besoin», explique M. Liên.

Après l’analyse de leurs besoins, l’étape suivante consistera à leur donner des conditions favorables pour accéder à la Toile, en termes d’équipement et de prix... «L’État et les entreprises doivent créer des opportunités aux ruraux afin qu’ils aient accès à des équipements de faible coût», propose Pham Van Chiên, directeur général adjoint de Ðông Duong Telecom (Indochine Telecom). Il s’agit par exemple de leur fournir des dispositifs d’accès sans fil (wifi) à bon marché, ou d’installer des réseaux wifi partout.

«S’agissant du contenu, la connaissance de langues étrangères au sein de la population rurale étant limitée, celui en vietnamien est particulièrement important pour le développement d’Internet en zone rurale, et devrait donc être encouragé», indique Pham Van Chiên.

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Quand les minorités ethniques se forment à l'informatique.


Un point de vue partagé par Trân Minh Tân, directeur adjoint du Centre d’Internet Vietnam (Vietnam Internet Network Information Center - VNNIC), pour qui «le contenu sera le facteur décisif d’attrait des personnes des zones rurales pour l’emploi d’Internet». D’après lui, il faut vietnamiser les informations du Net autant que possible en utilisant des noms de domaine en vietnamien. Par exemple, il est difficile pour les agriculteurs de taper correctement «VnExpress» afin d’accéder sur le site de l’un des premiers journaux en ligne du pays, mais si on utilise une adresse tels que "giá ngô.vn" (prix du maïs.vn), "ky thuât chan bò.vn" (techniques d’élevage de bœufs.vn), "chua ran can.vn" (guérison des piqûres de serpent.vn), elles retiendront leur attention.

S’agissant du développement d’Internet au Vietnam, en particulier en zone rurale, Nguyên Long, vice-président de VIA, note qu’ «à ce jour, il y a de nombreux programmes dont l’objet est d’introduire l’informatique, et donc Internet, dans les zones rurales et éloignées, lesquels sont soutenus par des fournisseurs d’équipements et d’infrastructures. Plusieurs entreprises sont prêtes à y participer, mais d’autres demeurent indifférentes». Il faudrait donc davantage de coopération entre les entreprises, la population et les gestionnaires afin de créer une communauté Internet du Vietnam.

Selon Nguyên Long, il faut faire en sorte que les secteurs des infrastructures et des services de contenu coopèrent davantage. Il a également espéré qu’en 2012, le politburo du Parti communiste vietnamien (PCV) déciderait d’introduire les infrastructures de réseau au sein des politiques de développement. «Cela signifie que nous devrons faire en sorte qu’Internet soit plus accessible dans les zones reculées du pays», a-t-il conclu. Hoàng Minh/CVN

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