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L'entrée du Centre de convention international de Charm el-Cheikh (Égypte) qui accueille la COP27, photographiée le 7 novembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le président de la conférence, le ministre égyptien des Affaires étrangères Sameh Choukri, a "imploré" les délégués de près de 200 pays réunis depuis deux semaines dans la station balnéaire de Charm el-Cheikh d'adopter les résolutions qui doivent leur être présentées.
M. Choukri a assuré qu'elles reflétaient des "équilibres délicats" et "la plus haute ambition qui puisse être atteinte à ce moment", illustration des difficultés qu'a rencontrées cette COP, sous une présidence égyptienne très critiquée.
Il a immédiatement soumis aux délégués, qui se prononcent par consensus, la résolution la plus emblématique de cette édition, qualifiée d'historique par ses promoteurs, sur la compensation des dégâts causés par le changement climatique déjà subis par les pays les plus pauvres.
Mais il a dû ensuite accepter une suspension de séance de 30 minutes, réclamée par la délégation suisse qui a souligné que les délégués n'avaient reçu un autre texte très important, la déclaration finale globale, que "quelques minutes" avant le début de la séance et ne pouvaient donc pas se prononcer dessus.
Le dossier des "pertes et dommages" climatiques des pays pauvres avait failli faire dérailler la conférence, avant de faire l'objet d'un texte de compromis de dernière minute qui laisse de nombreuses questions en suspens, mais acte le principe de la création d'un fonds financier spécifique.
Recul critiqué
Le texte sur les réductions d'émissions a été également très disputé, de nombreux pays dénonçant ce qu'ils considéraient comme un recul sur les ambitions définies lors de précédentes conférences.
Notamment sur l'objectif le plus ambitieux de l'accord de Paris, contenir le réchauffement à 1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle.
Les marais asséchés de Chibayich en Irak, le 24 juillet. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Car les engagements actuels des pays signataires de l'accord ne permettent pas de tenir cet objectif, ni même celui de contenir l'élévation de la température à 2°C par rapport à l'ère pré-industrielle, quand les humains ont commencé à utiliser en masse les énergies fossiles responsables du réchauffement climatique.
Ces engagements, en admettant qu'ils soient intégralement tenus, mettraient au mieux le monde sur la trajectoire de +2,4°C à la fin du siècle et, au rythme actuel des émissions, sur celle d'un catastrophique +2,8°C.
Or, à près de 1,2°C de réchauffement actuellement, les impacts dramatiques du changement climatique se multiplient déjà.
L'année 2022 en a été l'illustration, avec son cortège de sécheresses, méga-feux et inondations dévastatrices, impactant récoltes et infrastructures.
Les coûts de ces événements extrêmes s'envolent également : la Banque mondiale a ainsi estimé à 30 milliards d'USD le coût des inondations qui ont laissé un tiers du territoire pakistanais sous l'eau pendant des semaines et fait des millions de sinistrés.
Les pays pauvres, souvent parmi les plus exposés mais qui sont généralement très peu responsables du réchauffement, réclamaient depuis des années un financement des "pertes et dommages" qu'ils subissent.
"Suspects habituels"
La bataille ne s'achèvera pas avec l'adoption de la résolution de Charm el-Cheikh puisque celle-ci reste volontairement vague sur certains points controversés.
Les détails opérationnels doivent être définis pour adoption à la prochaine COP, fin 2023 aux Émirats arabes unis, promettant de nouveaux affrontements. Notamment sur la question des contributeurs, les pays développés insistant pour que la Chine en fasse partie.
Autre sujet qui a secoué la COP : les ambitions de réductions d'émissions.
De nombreux pays ont estimé que les textes proposés par la présidence égyptienne constituaient un retour en arrière sur les engagements d'en relever régulièrement le niveau pris en 2021 à la COP de Glasgow.
Sans compter la question de la réduction de l'usage des énergies fossiles, à l'origine du réchauffement mais à peine mentionnées dans la plupart des textes sur le climat.
Le charbon avait été mentionné en 2021 après de rudes échanges mais à Charm el-Cheikh les "suspects habituels", selon l'expression d'un délégué, s'y sont une nouvelle fois opposés pour le pétrole et le gaz. Arabie saoudite, Iran ou Russie sont les noms de pays les plus souvent avancés.
AFP/VNA/CVN