>> L'Égypte appelle à soutenir le programme d'adaptation au changement climatique
>> COP27 : désaccords persistants à l'orée de la dernière ligne droite
>> Ultimes et difficiles négociations à la COP, en route vers les prolongations
Un militant près d'une bannière réclamant "une justice climatique" lors de la conférence de la COP27 à Charm el-Cheikh, en Égypte, le 18 novembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Ce dossier emblématique, sur lequel se multiplient les propositions, formelles ou non, a cristallisé l'attention à la conférence sur le climat de Charm el-Cheikh, au sortir d'une année 2022 marquée par une recrudescence inédite des catastrophes climatiques, inondations, sécheresses ou méga-feux...
Mais les discussions achoppent aussi sur d'autres dossiers, comme la réduction des émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement ou le sort des énergies fossiles.
"Je suis toujours préoccupé par le nombre de questions non résolues", a lancé devant les délégués le président égyptien de la conférence, Sameh Choukri, annonçant que les travaux, prévus pour s'achever vendredi 18 novembre, doit se prolonger samedi 19 novembre.
"Quelques changements"
La conduite des négociations par la présidence égyptienne est critiquée par de nombreux délégués, qui lui reprochent d'avoir tardé à présenter des projets de textes sur des points de blocage identifiés depuis longtemps.
Les pays en développement ont fait bloc pour demander la création d'un mécanisme financier dédié pour faire face aux "pertes et dommages".
Une proposition de résolution sur la question, publiée très tard jeudi 17 novembre par les "facilitateurs" officiels, suggère trois options, dont une actant le principe de création d'un fonds, dont le fonctionnement serait fixé ultérieurement.
Option acceptable "avec quelques changements", a dit vendredi 18 novembre la ministre pakistanaise du Changement climatique, Sherry Rehman, présidente en exercice du puissant groupe de négociations G77+Chine.
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres (gauche), s'exprime lors d'une conférence de presse à la COP27 à Charm el-Cheikh, en Égypte, le 17 novembre. |
Photo : Xinhua/VNA/CVN |
Dans la soirée de vendredi 18 novembre, une nouvelle proposition informelle a circulé, après des consultations menées, selon une source proche des négociations, par la Grande-Bretagne. Ce document évoque des pistes de financement "nouvelles et améliorées" dont un possible "fonds" abondé par des partenaires publics et privés.
Une variante "diluée" a immédiatement fustigé sur Twitter Mohamed Adow, de l'ONG Power Shift Africa.
Une porte-parole du département d'État américain a indiqué que les négociations se poursuivaient mais n'a pas confirmé ce document.
Les pays riches étaient depuis longtemps très réticents à un financement spécifique, craignant d'être confrontés à une responsabilité légale qui pourrait entraîner des dédommagements illimités.
Jeudi 17 novembre, l'Union européenne a fait une ouverture surprise, acceptant le principe d'un "fonds de réponse aux pertes et dommages", réservé aux "plus vulnérables" sur une "base de contributeurs élargie", sous-entendu incluant la Chine.
L'entrée du Centre de convention international de Charm el-Cheikh (Égypte) qui accueille la COP27, photographiée le 7 novembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"L'heure de vérité"
Deux protagonistes importants, États-Unis et Chine, n'ont toujours pas fait connaître publiquement leur réaction.
En pleines négociations finales, l'émissaire spécial américain pour le climat John Kerry a été testé positif au COVID-19 et poursuivra par téléphone les discussions, a indiqué sa porte-parole.
Et la Chine, qui ne veut pas être mise sur la sellette, reste publiquement très discrète.
Des discussions se poursuivent entre les deux pays, selon des sources à Charm el-Cheikh.
"La Chine et les États-Unis peuvent débloquer ce dossier dans les 24 dernières heures", estime Rachel Cleetus, économiste en chef de l'ONG américaine Union of Concerned Scientists.
Toutes ces discussions se déroulent dans un contexte de grande méfiance, les pays riches n'ayant jamais tenu un engagement de 2009 de porter à 100 milliards d'USD par an les financements à destination des pays en développement pour l'adaptation au dérèglement climatique et la réduction des émissions.
La présidence égyptienne a publié vendredi matin 18 novembre un nouveau projet de texte final, dont une version amendée après les retours des délégations était toujours attendue tard dans la soirée.
Le document appelle notamment "à poursuivre les efforts pour limiter la hausse des températures à 1,5°C", se référant clairement aux objectifs de l'accord de Paris, que certains craignaient de voir édulcorés.
Pierre angulaire de la lutte contre le changement climatique, cet accord de 2015 vise à limiter le réchauffement de la planète "nettement en dessous de 2°C" par rapport à l'ère pré-industrielle, si possible à 1,5°C.
Mais les engagements actuels des différents pays sont loin de permettre de tenir cet objectif. Selon les analyses de l'ONU, ils permettent au mieux de limiter le réchauffement à 2,4°C d'ici à la fin du siècle.
Côté énergie, le texte réaffirme la nécessité de réduire l'utilisation du charbon sans systèmes de capture de CO2 et s'attaque aux subventions "inefficaces" aux énergies fossiles, sans mentionner une réduction de l'utilisation du pétrole ou du gaz, que réclamaient de nombreux pays.
AFP/VNA/CVN