>> Le statu quo monétaire de la BoJ propulse brièvement l'USD au-delà des 145 yens
>> Croissance nulle au Japon fin 2022, selon des chiffres révisés en baisse
Siège de la Banque du Japon à Tokyo. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
L'institution monétaire a maintenu son taux négatif (-0,1%) sur les dépôts des banques chez elle et son plafond "référence" de 1% pour les rendements obligataires japonais à dix ans, qu'elle contrôle en intervenant régulièrement sur le marché de la dette.
Ce statu quo avait été largement anticipé par les observateurs, et encore davantage après le séisme dévastateur du Nouvel An dans le centre du Japon, qui a fait plus de 230 morts, même si l'impact économique de cette catastrophe s'annonce limité.
Un début de normalisation de la politique monétaire japonaise est certes attendu cette année, mais pas avant que les premiers résultats des négociations salariales qui se tiennent chaque printemps dans le pays ("shunto") ne soient connus.
Depuis avril 2022, l'inflation au Japon est supérieure à la cible de 2% hors produits frais de la BoJ. La hausse des prix à la consommation dans le pays a atteint 3,1% en moyenne en 2023, un record depuis 1982, selon des données publiées vendredi dernier 19 janvier.
"Pas le bon moment" pour normaliser
Mais "au-delà de l'inflation tirée par les coûts", liée notamment à l'envolée des prix du pétrole et des matières premières en 2022, "la BoJ vise une inflation durable, alimentée par la demande", a rappelé Louis Kuijs de S&P Global.
"Elle craint que si elle resserre sa politique monétaire (trop tôt), la croissance économique, la croissance des salaires et les prix ne chutent à nouveau, ce qui anéantirait les récents progrès", a souligné cet économiste.
"Ce n'est pas le bon moment" pour normaliser la politique monétaire, car "la consommation au Japon est tellement faible" et les hausses de salaires pas assez fortes pour le moment, a aussi estimé Sayuri Shirai, professeure d'économie à l'université Keio de Tokyo et ancienne haute responsable de la BoJ récemment interrogée par l'AFP.
Les salaires réels, ajustés de l'inflation, sont d'ailleurs en constant repli au Japon depuis plus d'un an et demi.
Beaucoup d'économistes pensent toujours que la BoJ s'engagera sur la route de la normalisation dès avril, en abandonnant à cette occasion son taux négatif de court terme.
Mme Shirai penche plutôt pour juillet, une fois que les conclusions d'un examen approfondi de la BoJ sur sa politique monétaire depuis 25 ans, initié l'an dernier, seront publiées.
Prévision d'inflation abaissée pour 2024/2025
La BoJ a nettement abaissé mardi 23 janvier sa prévision d'inflation pour l'exercice 2024/2025 qui commencera le 1er avril, à 2,4% hors produits frais contre 2,8% précédemment. Mais elle prévoit toujours une inflation de 2,8% pour l'exercice 2023/24 s'achevant le 31 mars prochain.
Concernant le PIB nippon, l'institution table désormais sur une croissance de 1,8% pour l'exercice en cours (contre 2% précédemment) et de 1,2% en 2024/25 (contre 1% auparavant).
Enfin, pour 2025/2026, elle a conservé sa prévision de croissance économique de 1% et légèrement relevé sa perspective d'inflation à 1,8% (contre 1,7% précédemment).
La probabilité d'atteindre l'objectif d'une inflation stable autour de 2% "continue d'augmenter graduellement", a commenté la BoJ dans son communiqué.
Ce message, parmi d'autres signes cryptés, suggère que la banque centrale japonaise se prépare bien à réduire sa politique monétaire ultra-accommodante. Mais en même temps, elle a une nouvelle fois répété mardi qu'elle n'hésiterait pas à prendre des mesures d'assouplissement monétaire supplémentaires "si nécessaire".
Le yen a brièvement piqué du nez face au dollar américain immédiatement après les annonces de la BoJ, le billet vert ayant grimpé jusqu'à 148,55 yens. Mais la monnaie japonaise s'est ensuite reprise et s'appréciait même par rapport au dollar américain, qui évoluait sous les 148 yens vers 06h45 GMT.
La Bourse de Tokyo, qui avait commencé la séance en hausse, a clôturé autour de l'équilibre (indice Nikkei : -0,08%). Les investisseurs espéraient en apprendre davantage sur les intentions de la BoJ après la conférence de presse de son gouverneur Kazuo Ueda mardi après-midi 23 janvier (heure japonaise).
AFP/VNA/CVN