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Les ports européens doivent s'allier face à des trafiquants "très créatifs", selon une ministre belge

La Belgique, où Anvers représente la première porte d'entrée de la cocaïne en Europe, prône une collaboration étroite entre les ports de l'UE dans la lutte contre des trafiquants "très créatifs", explique sa ministre de l'Intérieur, Annelies Verlinden.

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Un chien renifle un conteneur à la recherche de drogue lors d'un contrôle douanier au port d'Anvers en Belgique. 
Photo : AFP/VNA/CVN

Conjointement avec la Commission européenne, la responsable belge lancera mercredi dans la principale ville flamande une "Alliance des ports européens", à laquelle ont été invités à participer une vingtaine d'entre eux (dont Rotterdam, Hambourg, Algésiras ou Marseille), des agences de l'UE comme Europol ainsi que les ministres de l'Intérieur et des organisations représentant les compagnies de transport maritime notamment.

"Il faut créer ce réseau pour combattre la criminalité organisée", martèle Annelies Verlinden.

Dans le gigantesque port d'Anvers, qui s'étend sur des kilomètres, les saisies de cocaïne battent chaque année des records : 116 tonnes y ont été interceptées en 2023. Et la ville est régulièrement secouée par des violences liées aux gangs qui se disputent un trafic aux enjeux financiers colossaux.

Les trafiquants "sont toujours très créatifs, et c'est notre défi. Ils ne sont pas limités par la législation sur le temps de travail, sur la vie privée, par les frontières, donc il faut collaborer et être efficaces", plaide la ministre, soulignant l'importance de "l'échange d'informations et des bonnes pratiques".

Scanner les conteneurs 

L'alliance doit notamment répondre au problème de la corruption et de l'infiltration des ports par ces réseaux criminels.

La collaboration doit se faire avec le secteur privé, car les contrôles peuvent avoir une incidence sur l'activité commerciale légale, et il faut trouver le bon "équilibre", souligne Annelies Verlinden.

Le partenariat vise à ce que la sécurité soit assurée dans tous les ports européens de manière uniforme. "On sait que les entreprises sont très flexibles, si cela ne leur va plus, elles peuvent aller ailleurs le lendemain. On veut éviter cela", poursuit la ministre, soulignant l'importance économique du port d'Anvers, le deuxième plus important d'Europe.

Le renforcement des mesures de sécurité dans un port peut aussi déplacer les trafics illégaux vers d'autres.

"On peut pousser (les contrôles) en Belgique mais si le trafic de drogue augmente en France ou en Espagne, on ne peut pas créer une zone sécurisée en Europe. On a tous besoin de cette stabilité, de cette harmonisation", commente-t-elle.

Un employé des douanes vérifie une boîte de bananes dans un hangar du port d'Anvers. 
Photo : AFP/VNA/CVN

À Anvers, "nous avons un nombre record de saisies, mais on ne sait jamais ce qu'on n'a pas saisi", reconnaît la ministre. Elle estime toutefois qu'"il y a une meilleure détection": "on a investi largement dans les services de sécurité, les douanes, et créé un corps de sécurisation portuaire".

Le port flamand dispose actuellement d'un scanner mobile, et cinq de plus doivent être livrés en 2024, tandis qu'une centaine de douaniers supplémentaires sont attendus.

Actuellement selon les douanes belges, environ 1 à 2% de l'ensemble des conteneurs sont scannés. "Ce qu'on veut, c'est scanner tous les conteneurs qui viennent d'un pays à risque" (par exemple d'Amérique du Sud ou d'Afrique de l'Ouest), ambitionne Annelies Verlinden, soulignant toutefois que des conteneurs pouvaient être passés par un autre port et ne plus être qualifiés comme "à risque".

Lutte anticorruption

Dans sa lutte contre la drogue, la Belgique a connu un succès de taille en 2021 avec le décryptage, en collaboration avec les polices française et néerlandaise, de millions de messages envoyés par des trafiquants sur le réseau de communications Sky ECC, ce qui a débouché sur des coups de filets et des enquêtes en cascade. Un méga-procès, impliquant 120 suspects, est aussi en cours à Bruxelles.

"On sait qu'on est en train d'énerver les groupes criminels et cela crée aussi une réaction de panique et de la violence aiguë", juge la ministre.

L'opération Sky ECC a également révélé un niveau de corruption insoupçonné dans le pays : "on a réalisé que les membres du personnel des douanes, de la police, de la justice, les avocats pouvaient être impliqués dans ces réseaux criminels", rappelle-t-elle.

"Sur la corruption, il faut être très strict", commente-t-elle, alors que deux policiers ont récemment été inculpés dans une affaire de stupéfiants.

"Je ne crois pas, je peux le dire sincèrement, qu'aujourd'hui on vive dans un +narco État+. Mais il ne faut pas aller loin dans l'espace ou dans le temps pour réaliser (le danger de) la mafia en Italie. On ne veut évidemment pas évoluer vers des situations de ce type".

AFP/VNA/CVN

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