Tata Steel supprime des milliers d'emplois, consternation à Port Talbot

Le sidérurgiste indien Tata Steel va supprimer jusqu'à 2.800 emplois au Royaume-Uni dans la foulée de la restructuration de son aciérie géante de Port Talbot au Pays de Galles, un coup dur pour une région déjà minée par la désindustrialisation.

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Des employés de l'aciérie Tata Steel à Port Talbot, le 15 août 2023 au Pays de Galles.  
Photo : AFP/VNA/CVN

"Environ 2.500 postes devraient être touchés" dans les 18 mois à venir et 300 autres potentiellement dans les trois années à venir, détaille le groupe dans un communiqué, qui compte remplacer ses hauts fourneaux par un équivalent électrique moins polluant et a reçu des subventions gouvernementales massives.

Une nouvelle accueillie avec consternation à Port Talbot, bourgade où toute l'économie tourne autour de l'aciérie.

David Rees, membre du parlement gallois pour le parti travailliste, s'est ému de l'"impact néfaste sur l'économie régionale, car cela va aussi toucher les entreprises de la chaine d'approvisionnement et celles où les gens dépensent leur argent".

"Pour chaque emploi dans l'acier, deux vont disparaître", assure-t-il, interrogé par l'AFP face aux fourneaux fumants, estimant que beaucoup de gens vont devoir déménager pour trouver un nouvel emploi.

Tata Steel, qui emploie 8.000 personnes en tout dans le pays, promet que son plan de restructuration va permettre de "sécuriser la plus grande partie de (sa) capacité de production" dans le pays tout en "réduisant ses émissions de CO2".

"C'est déjà plus ou moins une zone sinistrée, ça ne va pas s'améliorer", commente Robert Jones, un retraité, dans une des rues principales de Port Talbot.

Andrew, 50 ans, qui marche avec des béquilles et ne veut pas donner son nom de famille, dit avoir travaillé dans les hauts fourneaux pendant l'essentiel de sa carrière mais ne plus être en mesure de travailler à présent.

"Ils auraient dû garder au moins un haut fourneau ouvert. Ou le gouvernement aurait dû le racheter. (...) Les jeunes vont être les plus touchés car ils vont devoir se reformer, trouver de nouveaux emplois".

Dans le cadre de son plan, Tata indique que ses deux hauts fourneaux et fours à coke de Port Talbot "à fortes émissions" de CO2 "vont fermer graduellement", le premier "vers la mi-2024", et le reste d'ici la fin de l'année.

"Opportunité manquée"

Un investissement de 1,25 milliard de livres (1,45 milliard d'euros) est prévu pour l'installation d'un fourneau électrique et la modernisation des infrastructures de Tata Steel pour "assurer une production de long terme de haute qualité chez le principal sidérurgiste du Royaume-Uni", détaille le communiqué.

L'aciérie Tata Steel à Port Talbot.  
Photo : AFP/VNA/CVN

Le gouvernement britannique s'est engagé à injecter jusqu'à 500 millions de livres dans ce projet d'investissement.

"Nous sommes déterminés à assurer un avenir compétitif et durable au secteur britannique de la sidérurgie", a commenté un porte-parole du gouvernement conservateur.

Le Premier ministre Rishi Sunak "sait que c'est une période d'inquiétude" pour les employés de Tata Steel et leurs familles "et c'est pour cela que le gouvernement va continuer à soutenir le personnel affecté", a assuré un porte-parole de Downing Street vendredi 19 janvier.

Jugeant la décision de Tata "extrêmement décevante", le syndicat GMB a déclaré sur X vendredi 19 janvier : "on ne peut pas laisser fermer Port Talbot. Le Royaume-Uni doit monter au créneau et protéger cette industrie". "Nous ne pouvons pas nous retrouver à dépendre d'importations d'acier de moindre qualité et plus émettrices de carbone", a ajouté le syndicat.

"Nous reconnaissons que cette proposition de restructuration va avoir un impact majeur sur les individus et communautés concernés", admet le directeur général de Tata Steel T. V Narendran, cité dans le communiqué, qui promet des aides à la reconversion.

Le groupe de sidérurgie, qui dit avoir voulu mettre fin à "plus d'une décennie de pertes" au Royaume-Uni, veut atteindre la neutralité carbone dans le pays d'ici 2045.

L'association écologiste Greenpeace a pour sa part estimé qu'il était "vital que le gouvernement joue un plus grand rôle afin de parvenir à une transition verte juste".

"La production d'acier propre est l'avenir de ce secteur et beaucoup de pays dans le monde passent déjà à l'acier vert fabriqué à partir d'hydrogène. En plus du fourneau électrique c'est une option qui aurait pu sauver des emplois à Port Talbot", ajoute l'ONG qui parle "d'opportunité manquée".

AFP/VNA/CVN

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