>> Japon : le train à grande vitesse Shinkansen fête ses 50 ans
Des trains stationnés au dépôt Shinkansen de la compagnie JR Central dans le district de Shinagawa, à Tokyo. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les Japonais considèrent souvent le Shinkansen comme allant de soi, mais lorsqu'ils voyagent à l'étranger, notamment en Europe ou aux États-Unis, "ils se rendent vite compte que le Shinkansen est un peu spécial", explique Christopher Hood, chercheur à l'université britannique de Cardiff et auteur d'un livre sur ce "symbole du Japon moderne".
Les Shinkansen ont commencé à circuler entre Tokyo et Osaka le 1er octobre 1964, annonçant une nouvelle ère pour les voyages en train, alors que le Japon devenait une superpuissance économique.
Le Shinkansen, qui roule à 320 km/h, n'est certes plus le plus rapide au monde, dépassé par son homologue chinois, mais son nez aérodynamique et ses intérieurs spacieux restent un symbole des prouesses de l'ingénierie japonaise.
Avec un réseau traversant désormais tout le pays, le Shinkansen, apparu notamment dans la superproduction de Brad Pitt "Bullet Train" (2022), est aussi devenu une attraction touristique incontournable.
La compagnie ferroviaire JR Central affirme n'avoir jamais eu d'accident entraînant de mort ou de blessé sérieux, dans un pays où les tremblements de terre, typhons ou fortes chutes de neige sont pourtant monnaie courante.
Des passagers montent à bord d'un train à grande vitesse Shinkansen, à la gare de Tokyo, le 25 juillet. |
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Ce mois-ci néanmoins, pour la première fois, sur une ligne gérée par la compagnie JR East, deux trains à grande vitesse reliés entre eux se sont désaccouplés, entraînant un arrêt d'urgence, sans faire de blessé.
Sécurité, fréquence et propreté
La sécurité est "notre priorité absolue", affirme Daisuke Kumajima, responsable des relations publiques de JR Central.
C'est pourquoi "nous prenons très au sérieux la formation de nos employés" dont on voit sur les quais les curieux gestes avec les doigts pointant un horizon vide et qui sont en fait de strictes procédures de contrôle de sécurité.
Sur les sites de maintenance de JR Central, les ingénieurs vérifient aussi les rouages internes d'une rame, à l'affût de tout bruit inhabituel susceptible de révéler une pièce desserrée.
Une même attention est portée à la ponctualité - le retard moyen est inférieur à une minute sur l'ensemble des lignes - et à la propreté.
Grâce à un programme d'entretien méticuleux, les trains sont toujours étincelants à l'extérieur comme à l'intérieur.
La fréquence est un autre atout majeur du succès de ces trains qui compte de nombreux passionnés à travers le pays, qui immortalisent le passage éclair des rames.
La fréquence de ces "TGV nippons" se rapproche souvent plus du RER parisien avec des départs toutes les 15 ou 20 minutes pour rejoindre des villes distantes de centaines de kilomètres. Et sur certaines destinations un départ peut se faire toutes les 5 minutes.
Quotidiennement, près de 250.000 passagers empruntent ainsi la ligne qui relie Tokyo à Fukuoka, sur l'île méridionale de Kyushu, située à 5 heures et 1.000 km, en passant notamment par Kyoto, Kobe et Hiroshima, avec une vue imprenable sur le Mont Fuji.
Un membre du personnel nettoie l'intérieur d'un train au dépôt Shinkansen de la compagnie JR Central dans le district de Shinagawa, à Tokyo. |
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Selon M. Hood, la croissance des villes situées le long des itinéraires du Shinkansen au fil des décennies montre son impact sur l'économie japonaise, où "les affaires en face à face sont très, très importantes".
Bientôt la fin des conducteurs ?
Selon ce chercheur, le Shinkansen a également joué un rôle dans l'accélération du dépeuplement des campagnes nippones, isolant de nombreuses personnes âgées.
"Les gens préfèrent vivre dans les grandes villes et utiliser le Shinkansen pour rendre visite à leurs proches dans les villes plus petites si nécessaire", note-t-il.
Les opérateurs ferroviaires nourrissent de nouveaux projets pour moderniser le réseau.
Face à la pénurie croissante de main-d'œuvre liée au vieillissement de la population, JR Central étudie un nouveau système d'inspection numérique capable d'analyser les images d'un train pour repérer les dangers.
JR East a déclaré, de son côté, que des trains à grande vitesse sans conducteur pourraient être mis en service à partir du milieu des années 2030.
Un vaste projet de construction d'une ligne à grande vitesse à sustentation magnétique (maglev) est également en cours, longtemps retardé en raison de l'opposition des écologistes.
Les trains maglev, qui visent 500 km/h, devaient commencer à circuler entre Tokyo et Nagoya, dans le centre du Japon, en 2027, mais JR Central a repoussé cette date à 2034 ou plus tard.
L'objectif avec le Shinkansen est de créer un "système double", explique M. Kumajima, afin de répondre à la demande croissante et de maintenir la circulation en cas de travaux de maintenance ou de tremblement de terre.
Le Shinkansen a beau avoir 60 ans, sa retraite n'est donc pas à l'ordre du jour.
AFP/VNA/CVN