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Plusieurs pays de l'UE, l'Allemagne d'Angela Merkel en tête, plaident pour une réduction ou une "réorientation" des financements à la Turquie. Photo du 19 octobre. |
"Je vais m'engager (...) pour que les aides de pré-adhésion à l'UE, que nous donnons, soient réduites", a déclaré la chancelière allemande Angela Merkel en arrivant à un sommet de l'UE à Bruxelles.
"Il est important que le Conseil européen (qui réunit les dirigeants des 28 pays de l'Union, ndlr) agisse sur cette question de façon unie. C'est pour moi une exigence centrale", a plaidé Mme Merkel.
"L'évolution de l'État de droit en Turquie, va, à notre avis, dans une mauvaise direction et nous avons de très gros soucis (...), et pas seulement parce que beaucoup d'Allemands ont été arrêtés", a souligné Mme Merkel.
Pendant la récente campagne électorale, la chancelière allemande avait jeté un pavé dans la mare en annonçant qu'elle proposerait à ses homologues européens un arrêt des négociations d'adhésion de la Turquie avec l'UE.
Mais la plupart des autres dirigeants européens ne veulent pas repousser de façon aussi définitive un partenaire stratégique, la Turquie étant un maillon essentiel pour contenir les migrants ou lutter contre le terrorisme jihadiste.
Plusieurs d'entre eux ont cependant exprimé jeudi 19 octobre leurs critiques envers la Turquie, avec laquelle les tensions sont très vives depuis les vastes purges engagées après le coup d'État de juillet 2016.
Les négociations d'adhésion entre l'UE et la Turquie "sont de fait gelées, au point mort", a ainsi insisté le Premier ministre belge Charles Michel.
L'UE a gelé l'an dernier l'ouverture de nouveaux chapitres dans ces pourparlers, entamés en 2005, et elle refuse de moderniser l'union douanière avec la Turquie tant que les atteintes aux droits de l'homme continueront.
"La Turquie est très éloignée d'une adhésion et cela restera ainsi", a pour sa part estimé le Premier ministre néerlandais Mark Rutte.
MM. Michel et Rutte ont toutefois estimé qu'il valait mieux "réorienter" les financements prévus dans le cadre des négociations d'adhésion.
L'idée est "que l'argent s'éloigne du gouvernement pour aller vers des domaines comme la migration ou les ONG" turques, a expliqué M. Rutte, tout en soulignant qu'il n'y aurait "pas de décision aujourd'hui".
Les 28 attendent pour début 2018 une évaluation de ces financements --qui sont déjà en grande partie versés à des ONG ou des programmes, et non directement au gouvernement-- par la Commission européenne.
Les Européens avaient anticipé 4,45 milliards d'euros de financements de pré-adhésion pour la Turquie sur la période 2014-2020, mais seulement 368 millions d'euros ont été alloués à des projets à ce jour.
AFP/VNA/CVN