Israël presse le sud de Gaza, les civils attendent l'aide

L'armée israélienne accentue sa pression mardi 12 décembre face au Hamas, dans la bande de Gaza, où les affrontements poussent la population civile à l'exode dans des conditions humanitaires désespérées.

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Des ruines après les bombardements sur Gaza, le 11 décembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Dans la nuit, le mouvement islamiste Hamas a fait état de violents affrontements dans le centre de la bande de Gaza, et des témoins de frappes mortelles dans le sud de ce territoire palestinien assiégé.

De nombreuses frappes avaient ciblé lundi 11 décembre les villes de Khan Younès, nouvel épicentre des combats, et de Rafah, cité acculée à la frontière avec l’Égypte où se massent désormais des dizaines de milliers de personnes fuyant les violences.

"Le Hamas est à son point de rupture, l'armée israélienne reprend ses derniers bastions", a déclaré lundi soir 11 décembre le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant dans une adresse télévisée.

"Le fait que des personnes se rendent (...) vient accélérer notre réussite et c'est ce que nous voulons: avancer rapidement", a déclaré à Khan Younès le chef d'état-major de l'armée Herzi Halevi, en précisant que l'armée "intensifiait" ses opérations au sud tout en consolidant sa présence au nord.

Le conflit entre Israël et le Hamas, entrée mardi 12 décembre dans son 67e jour, a été déclenchée par une attaque sanglante et sans précédent perpétrée par le mouvement islamiste palestinien le 7 octobre sur le sol israélien à partir de la bande de Gaza.

Selon Israël, 1.200 personnes, en majorité des civils, ont été tuées lors de cette tension au cours de laquelle environ 240 personnes ont été enlevées et emmenées à Gaza, incluant 137 qui sont toujours en captivité après une trêve ayant permis la libération d'une centaine d'otages.

D'après le ministère de la Santé de l'administration du Hamas, plus de 18.200 personnes sont mortes dans les bombardements israéliens à Gaza, en grande majorité des femmes et des mineurs. L'armée israélienne a fait état d'une centaine de morts dans ses rangs.

Vie difficile 

La situation dans la bande de Gaza est "apocalyptique", a averti lundi soir 11 décembre le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, pour qui le niveau de destruction dans le territoire palestinien est "plus ou moins, voire supérieur" à celui de l'Allemagne lors de la Seconde Guerre mondiale.

Selon l'ONU, plus de la moitié des habitations ont été détruites ou endommagées par le conflit dans la bande de Gaza, où 1,9 million de personnes ont été déplacées, soit 85% de la population.

"De plus en plus de personnes n'ont pas mangé depuis un jour, deux jours, trois jours... Les gens manquent de tout", estime le directeur de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), Philippe Lazzarini.

Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), les déplacés à Rafah "sont confrontés à des conditions désastreuses, dans des lieux surpeuplés, à la fois à l'intérieur et à l'extérieur des abris".

"Il n'y a pas d'hygiène, pas de nourriture, pas d'eau... Nous n'avons pas accès à des serviettes hygiéniques; nous devons utiliser des chiffons", déplore sur place Samar Shalhoub, 18 ans.

"Nous sommes allés de Gaza jusqu'à Khan Younès puis nous avons été déplacés jusqu'à Rafah. Cette nuit, ils ont bombardé la maison et l'ont détruite. Ils avaient dit que Rafah serait un endroit sûr. Il n'y a pas d'endroit sûr", a dit à l'AFP, Oum Mohammed al-Jabri, 56 ans, qui a perdu sept de ses 11 enfants dans ce combat.

Aide sans cessez-le-feu ?

Le carburant est devenu la denrée la plus vitale à Gaza.
Photo : AFP/VNA/CVN

L'ONU et des organisations humanitaires ont exhorté Israël à laisser entrer davantage d'aide dans la bande de Gaza. Les autorités israéliennes ont dit vouloir contrôler les camions humanitaires qui entrent et sortent du territoire.

Lundi soir 11 décembre, l'armée israélienne a annoncé la mise en place de deux points de contrôle supplémentaires pour l'inspection des camions avant leur entrée à Gaza par le terminal de Rafah, une mesure qui devrait "doubler" selon elle l'entrée d'aide.

Cette mesure intervient avant une réunion spéciale, mardi, de l'Assemblée générale de l'ONU sur la situation humanitaire à Gaza après le véto américain, vendredi 8 décembre , à une résolution du Conseil de sécurité appelant à un "cessez-le-feu humanitaire".

L'Assemblée, dont les résolutions ne sont pas contraignantes, pourrait à nouveau se prononcer sur une résolution appelant à un "cessez-le-feu humanitaire immédiat" et à la libération "immédiate et inconditionnelle" de tous les otages.

"Nous ne soutenons pas toujours pas un cessez-le-feu car cela laisserait le Hamas en contrôle de Gaza, mais nous soutenons absolument des pauses humanitaires supplémentaires", a déclaré John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche.

Une "pause humanitaire" est le terme utilisé fin novembre pour décrire la trêve d'une semaine à Gaza, négociée sous l'égide du Qatar, de l’Égypte et des États-Unis, et qui avait permis l'entrée de plus d'aide et la libération d'une centaine otages et de 240 prisonniers palestiniens écroués en Israël.

AFP/VNA/CVN

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