Irina Bokova est réélue à la tête de l'UNESCO. |
La diplomate bulgare l'a emporté dès le premier tour, avec 39 voix, contre 13 à Rachad Farah, et 6 à Joseph Maïla, ses deux challengers.
La directrice générale devait obtenir au moins 30 voix sur un total de 58 pour être réélue au premier tour par le Conseil exécutif de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture.
L'UNESCO, qui a son siège à Paris, était le théâtre d'une bataille serrée pour le renouvellement de sa direction sur fond de contraintes financières liées au gel depuis trois ans de la contribution des États-Unis.
Mme Bokova apparaissait comme favorite mais le scrutin s'annonçait difficile en raison de la présence de deux challengers, Rachad Farah, ambassadeur de Djibouti en France, et l'universitaire franco-libanais Joseph Maïla.
Élue à la tête de l'UNESCO en 2009, Irina Bokova a dû gérer la crise financière provoquée par la suspension de la contribution américaine au budget après l'accession de la Palestine le 31 octobre 2011 comme 195e membre de l’organisation. : une amputation de 22% du budget de l'organisation, passé de 653 millions de dollars à 507.
"La crise financière est derrière nous", a-t-elle assuré cette semaine devant le Conseil exécutif. "Nous avons préservé la mise en œuvre du programme", a plaidé Mme Bokova, qui a réussi à mettre un place un fonds d'urgence et à lever 75 millions de dollars pour faire face à la crise.
Mais elle a reconnu être "inquiète". "Nous parlons d'une enveloppe de 507 millions de dollars : un montant dérisoire au regard de notre mandat", a-t-elle relevé.
Pour tenir ce budget, quelque 300 personnes risquent de perdre leur emploi. L'agence onusienne employait en 2012 1.200 personnes au siège installé à Paris et 900 à travers le monde.
La France, embarrassée par la candidature de Joseph Maïla, franco-libanais et ancien directeur du Centre d'analyse et prospective du ministère français des Affaires étrangères, avait renouvelé le 2 octobre son soutien à Mme Bokova et l'a félicitée le 4 octobre après sa réélection. "Son deuxième mandat devrait lui permettre de poursuivre et de finaliser son programme", a déclaré le porte-parole du Quai d'Orsay, Philippe Lalliot, dans un communiqué.
La crise de l'organisation à laquelle a dû faire face Mme Bokova aura "changé jusqu'à sa personnalité", a dit un diplomate qui la connaît bien.
Contrainte au réalisme dans une agence de l'ONU habituée à un "splendide isolement" parisien, elle fera de la "normalisation" de l'institution sa marque de fabrique. Elle sera souvent -trop souvent pour ses critiques- à New York, au siège de l'ONU, afin de montrer que l'Unesco est bien revenue au sein de la famille onusienne.
Parlant couramment anglais, espagnol, français et russe, mariée et mère de deux enfants, âgée de 61 ans, Irina Bokova a été ambassadrice de Bulgarie en France, à Monaco et auprès de l'UNESCO depuis 2005 avant de devenir la première femme à la tête de l'organisation.
Mme Bokova a parfait son parcours universitaire avec des spécialisations aux États-Unis, notamment à l'Université du Maryland et à la prestigieuse Université de Harvard où elle a étudié l'économie et fréquenté la John F. Kennedy School of Government.
AFP/VNA/CVN