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"Nous avançons avec précaution" car l'EI "utilise des techniques deguérilla urbaine", notamment en postant "des tireurs embusqués", a indiqué un responsable militaire sur place. "Nous avons encore de besoin de temps".
Bagdad a mobilisé 30.000 hommes -dont des miliciens chiites et des membres de tribus sunnites- et l'aviation pour cette offensive présentée comme "la plus massive" lancée depuis la prise par l'EI en juin 2014 de pans entiers du territoire irakien.
Des forces gouvernementales irakiennes et milices alliées prennent position aux abords de la province de Salaheddine, où se trouve Tikrit, fief du groupe État islamique, le 2 mars. |
Pour reprendre Tikrit, bastion des jihadistes à 160 km au nord de Bagdad, les forces armées avancent depuis le nord via Al-Alam, le sud via Al-Dour, et depuis l'est, selon l'officier.
Mais leur avancée est entravée par le grand nombre d'engins explosifs improvisés disposés dans la zone. "Le but est d'encercler les combattants puis de lancer l'assaut", a-t-il expliqué.
Située entre Bagdad et Mossoul, Tikrit, berceau de l'ex-président Saddam Hussein, est la deuxième ville la plus importante conquise par l'EI en Irak, après Mossoul.
Le groupe jihadiste qui la défend depuis neuf mois a annoncé qu'un de ses kamikazes, de nationalité américaine, avait perpétré mardi 3 mars un attentat avec un "camion rempli d'explosifs" contre des soldats près de Samarra, l'autre grande cité de la province de Salaheddine.
Frappes de la coalition
Selon John Drake, un expert de l'institut de recherche sur la sécurité AKE Group, la bataille engagée lundi 2 mars a davantage de chance de réussir que les précédentes lancées contre Tikrit, car les groupes chiites ont désormais plus de moyens.
"Néanmoins, l'opération va probablement être très difficile", a-t-il dit, en soulignant qu'il serait compliqué pour les forces armées d'obtenir des renseignements sur le terrain en raison de la peur de représailles de l'EI.
Depuis sa percée fulgurante dans le nord et l'ouest de l'Irak il y a neuf mois face à une armée en déroute, le groupe extrémiste sunnite impose sa loi et multiplie les atrocités dans les régions sous son contrôle, comme sur les territoires conquis en Syrie voisine.
Ces derniers mois, avec l'appui des frappes de la coalition antijihadistes menée par les États-Unis, l'armée irakienne et ses milices alliées ont avancé vers le nord mais sans pouvoir percer les positions de l'EI à Tikrit.
Dans l'offensive actuelle, les États-Unis et leurs alliés ne sont pas encore intervenus pour appuyer l'armée irakienne, mais ont poursuivi leurs frappes quotidiennes contre l'EI en Irak et en Syrie.
En Irak, ils ont visé entre les 2 et 3 mars sept cibles dans l'Ouest et le Nord, et en Syrie, ils ont frappé dans le Nord-Est.
Tremplin vers Mossoul
De son côté, la Turquie, dont le ministre de la Défense est attendu mercredi 4 mars à Bagdad, a envoyé deux avions cargo chargés de matériel militaire à l'Irak, alors que l'Australie et la Nouvelle-Zélande vont dépêcher des soldats pour une mission de formation.
Pour Bagdad, la prise de Tikrit représenterait "un tremplin sur le chemin de la libération de Mossoul", deuxième ville du pays et principal fief de l'EI en Irak, à 350 km au nord de Bagdad.
Selon des experts, la bataille pourrait permettre de tester si les forces hétérogènes engagées contre l'EI coopèrent efficacement : armée, police, unités antiterroristes, groupes de volontaires principalement chiites et tribus sunnites.
"La bataille pour Tikrit et pour les autres villes de la province de Salaheddine donne un mini aperçu de ce qu'on peut attendre à Mossoul", selon l'agence Soufan, spécialisée dans le renseignement.
Selon des médias, le général Ghassem Souleimani, commandant de la Force Qods, une unité d'élite de l'armée iranienne, aide à coordonner les opérations à Salaheddine.