Investissements directs étrangers : l'heure est à privilégier la qualité des projets

Le Vietnam va veiller davantage sur la qualité des investissements directs étrangers (IDE) au lieu de leur quantité, conformément à une directive gouvernementale à ce sujet. Le vice-ministre du Plan et de l'Investissement Dang Huy Dông a fait le point avec le journal Dâu tu (Investissement).

Le Premier ministre Nguyên Tân Dung a promulgué la directive 1617/CT-TTg sur le renforcement et la réorganisation de la gestion des IDE. Qu'en pensez-vous ?

Ce n'est pas une directive qui tirerait les conséquences de mauvaises politiques relatives à l'IDE alors que durant toutes ces dernières années, celui-ci a largement contribué à l'essor de notre économie. Ils ont eu un rôle essentiel pour le développement économique depuis l'époque où le Vietnam ne figurait pas sur la carte mondiale de l'investissement, et ne disposait des capitaux nécessaires pour investir avec un revenu per capita d'alors seulement 300-400 dollars.

Il ne serait pas davantage raisonnable de considérer que sa ratio réside dans un coût trop élevé des politiques d'encouragement de l'IDE...

En réalité, cette directive résulte du constat d'une économie nationale davantage développée et intégrée à celle du monde. Elle est également motivée par le fait que nos ressources humaines sont de plus en plus qualifiées, et que les ressources naturelles du pays déjà bien exploitées en 20 années de Renouveau ne sont pas inépuisables...

Loin d'être synonyme d'un échec des précédentes politiques, la nouvelle gestion préconisée participe d'une adaptation à l'évolution de la situation économique de notre pays, et ne pas modifier les politiques de l'IDE dans le sens de plus d'attractivité et d'efficience serait à terme un piège pour le développement nationale.

À quelle stratégie obéit cette réorganisation, et son rapport avec le projet d’orientation pour l'amélioration de l'efficacité de l'attraction, de l'utilisation et de la gestion des IDE pour la période 2011-2020 que prépare le ministère du Plan et de l'Investissement ?

Durant les années 2011-2020, compte tenu de ce que notre économie est davantage intégrée et que cette intégration va aller crescendo, nous devons d'abord sélectionner les IDE en fonction de la situation dans le monde. Entre autres critères sur ce point, l'évolution de l'économie mondiale et régionale, leur restructuration ainsi que la répartition des secteurs de production - par nature comme géographiquement - dans le monde.

Ensuite, au niveau inférieur, il s'agit de privilégier les IDE dans les hautes technologies, pour des questions tout à la fois de valeur ajoutée, d'économie de nos ressources naturelles, de durabilité, etc. Mais cet objectif ne sera pas atteint sur le court terme. La directive 1617/CT-TTg définit les bases pour une plus grande qualité de l'IDE, et c'est effectivement le ministère du Plan et de l'Investissement qui a été chargé par le Premier ministre d'en définir les détails, ce qui est un processus dont l'avantage tient à la souplesse, autrement dit l'adaptabilité. Depuis, ce ministère a statué sur plusieurs points de ce texte.

La directive fixe une limitation de l'IDE dans les secteurs hors production. Comment jugez-vous cela ?

Le ministère du Plan et de l'Investissement va procéder à une catégorisation des types de projet afin de définir et d'appliquer des politiques qui leur soient propres, secteur par secteur. Ces politiques vont par ailleurs assurer l'harmonisation des intérêts des entreprises étrangères et domestiques. Plus généralement, le principe central est d'encourager les projets créant davantage d'emplois et contribuant plus largement au développement socioéconomique de notre pays.

Ces derniers temps, certains déplorent déjà une baisse des projets d'IDE, ce qui est hors de propos puisque la priorité au volume n'est plus, d'autant par ailleurs qu'une telle baisse résulte de nombre d'autres causes. Je dirais même que ce phénomène est là une grande opportunité de réviser notre position au regard des projets d'IDE. Pour attraire des projets de qualité, nous devons nous renouveler...

Enfin, afin de préparer le futur de ce secteur de l'IDE, le pays va privilégier d'ici fin 2012 le développement d'infrastructures, la production d'électricité et l'amélioration de l'environnement d'investissement.

Bilan honorable, en attendant mieux
De janvier à septembre, le Vietnam a drainé 9,9 milliards de dollars de capitaux enregistrés, ce qui est éloigné de l'objectif annuel de 20 milliards de dollars d'IDE, et ne représente que 72% de celui de la même période de 2010, selon un dernier rapport du Département de l'investissement étranger du ministère du Plan et de l'Investissement. Si les nouveaux IDE sont à la baisse, le décaissement se porte en revanche bien mieux et l'objectif de 11,5 milliards pour 2011 est réalisable. En effet, 900 millions de dollars ont été décaissés en septembre, et depuis janvier dernier, 8,2 milliards de dollars, soit une croissance de 2% en glissement annuel. Un résultat plutôt positif en cette conjoncture à tout le moins difficile pour l'économie mondiale !

Thê Linh/CVN

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