Sur ce point, aujourd'hui, la gestion et l'investissement dans les ouvrages souterrains sont devenus des tâches plus urgentes que jamais. C'est à ce titre qu'ils ont fait l'objet récemment à Hanoi d'une conférence justement intitulée "Gestion et investissement dans les ouvrages souterrains des centres urbains".
Le pays comptait 633 centres urbains en 1998, puis 747 en 2008. Les zones urbaines contribuent énormément à la croissance socioéconomique du pays, près de 70% de la production économique, le secteur hors agriculture toutes zones comprises représentant en 2007 environ 79,3% du PIB national. Le développement économique dans les centres urbains, s'ils sont la base de l’attraction des investissements, implique la réhabilitation du réseau d'infrastructures.
Mais celui-ci ne parvient pas à suivre l'urbanisation galopante qui, en outre, occupe la majeure partie du foncier de grandes agglomérations telles que Hanoi ou Hô Chi Minh-Ville. Les espaces verts et publics sont de plus en plus réduits. L'élargissement de l'espace urbain devient urgent.
La première difficulté dans le développement des ouvrages souterrains tient aux insuffisances de l'aménagement urbain. Celui-ci a un rôle particulièrement important dans le développement d'une agglomération, mais ces dernières années, le pays se consacre seulement à l'espace en surface. Conséquence, faute de conception globale, autorités locales et services de gestion rencontrent de grandes difficultés pour concevoir et construire les ouvrages souterrains.
Actuellement, Hanoi effectue d'importants investissements pour enfouir les réseaux câblés de distribution de l'électricité et de télécommunications dans les rues Khâm Thiên, Lê Duân-Nord Linh Dàm, Pham Van Dông-Pham Hùng, ainsi que sur la route 6 reliant Tôn Duc Thang à Quang Trung dans le district de Hà Dông. À cela il faut ajouter la réalisation de tunnels et de tranchées dans les rues Kim Ma, Liêu Giai, Nguyên Chi Thanh, celles de passages souterrains pour piéton à Nga Tu So, à la ceinture 3, un tunnel au nœud de communication Kim Liên-Dai Cô Viêt, outre des tranchées techniques en bordure des voies Nguyên Trai, Van Cao, Pham Hùng, Lê Duc Tho... Bien qu'ils respectent les normes techniques, tous ces ouvrages ne parviendront cependant pas à répondre aux besoins des secteurs de l'électricité et des télécommunications...
La situation est plus complexe encore à Hô Chi Minh-Ville. Plusieurs lignes d'électricité ont été enfouies mais elles ne sont utilisées que par le seul secteur de l'électricité. Il faut en réaliser d'autres, mais l'aménagement des ouvrages souterrains existants a de lourdes conséquences sur le rythme de réalisation ou de réhabilitation d'autres infrastructures techniques, à commencer par les voies de communication dont cette ville a particulièrement besoin. Selon Nguyên Van Hiêp, directeur adjoint du Service de la construction de Hô Chi Minh-Ville, l'absence de prévision de l'aménagement souterrain entraîne d'énormes problèmes : ainsi le projet de tout à l'égout de l’avenue Cach Mang Thang Tam traverse les 2 voies de la ligne de métro dont la construction est en cours...
Ces projets de métro eux-mêmes, que ce soit à Hanoi ou à Hô Chi Minh-Ville, s'ils retiennent tout l'intérêt de l'opinion publique pour leur utilité dans la vie quotidienne, seront réalisés lentement. On peut ajouter les projets de construction de parkings souterrain élaborés par ces 2 grandes agglomérations et qui, faute d'aménagement global, demeurent pendants car on en sait pas où les réaliser !
Nécessité d'un cadre juridique complet
Selon Nguyên Hông Tiên, directeur adjoint du Département des infrastructures techniques du ministère de la Construction, l'utilisation du sous-sol pour les besoins en infrastructures présente d'importantes difficultés, notamment l'importance de l'investissement initial, des risques élevés dans l'exécution des travaux... En outre, ils concernent directement la sécurité de la population, de sorte que leur aménagement et leur réalisation doivent respecter strictement les normes techniques.
Si la construction des ouvrages souterrains dans les centres urbains est problématique, leur gestion présente également des difficultés qui demeurent à régler. Ainsi, les infrastructures techniques, réseaux de câbles et conduits souterrains sont gérés par plusieurs services. De même, la plupart des villes n'ont pas encore dressé de cartes des ouvrages souterrains existants. "La presque totalité des provinces du pays a construit des réseaux et autres infrastructures techniques urbaines... mais leur gestion n'a pas encore été unifiée depuis toutes ces années...", fait remarquer Nguyên Van Hiêp, directeur adjoint du Service de la construction de Hô Chi Minh-Ville.
Du point de vue juridique, l'investissement comme la gestion des ouvrages souterrains urbains relèvent des lois sur le foncier et sur l'aménagement urbain (récemment adoptée) qui traitent de ceux-ci, cette dernière règlementant exclusivement l'aménagement de leur construction. Elle n'entrera cependant en vigueur que le 1er janvier 2010 prochain, date jusqu'à laquelle le cadre juridique ne sera pas complet. "Afin de bien gérer et de s'assurer de la qualité des ouvrages souterrains, l'État ainsi que les ministères et services compétents vont prochainement élaborer et compléter la stratégie de développement de ce secteur, ainsi qu'un cadre juridique pour l'administration et la construction des ouvrages souterrains ", déclare Luu Duc Hai, directeur du Département du développement urbain (ministère de la Construction).
À cause de la complexité de l'aménagement souterrain, il est nécessaire pour les autorités de recourir à un groupe de spécialistes compétents, ainsi que de disposer d'un immense budget comme d'une vue à long terme. L'État doit définir plusieurs stratégies et élaborer des plans d'aménagement ad hoc pour simplifier le développement de l'espace souterrain dans les années à venir. Il doit de même donner des opportunités aux spécialistes de ce secteur de coopérer avec leurs confrères étrangers dans la recherche visant des solutions optimales pour le Vietnam.
Lors d'une récente réunion, le maire de Hô Chi Minh-Ville, Lê Hoàng Quân, a demandé au Service de l'intérieur de se coordonner avec celui de la construction ainsi que l'Institut de développement urbain de cette ville afin d'élaborer la planification de la création du Centre de gestion des ouvrages et infrastructures souterraines. Il aura la charge de gérer les réseaux, d'assurer l'aménagement des infrastructures en rapport avec celles de la surface.
Hoàng Tùng/CVN