Hommes et obèses
Interrogations sur les victimes plus fréquentes du COVID-19

Dans les services de réanimation à Paris, Londres ou New York, l'interrogation revient sans cesse : pourquoi le COVID-19 semble-t-il cibler autant la population masculine obèse ? Sans beaucoup de réponses pour le moment.

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Équipe médicale autour d'un malade du COVID-19 en soins intensifs, le 9 avril à l'Hôpital franco-britannique de Levallois-Perret.

"Toutes les réanimations en France constatent une proportion très importante de patients en surpoids ou obèses", souligne le Dr Matthieu Schmidt, de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. Parallèlement, "les trois quarts de nos patients sont des hommes", précise ce médecin réanimateur, interrogé sur France 2, la chaîne publique française.

Constat partagé par un collègue chirurgien new-yorkais, le Dr Hani Sbitany du Mount Sinai Health System. "Je suis au service des urgences et c'est remarquable : je dirais que 80% des patients admis sont des hommes", commente-t-il dans le quotidien The New York Times. À Londres, Pr Derek Hill d'University College relève également que "plus d'hommes que de femmes"' sont sujets aux formes graves de la maladie causée par le coronavirus SARS-CoV-2 et "les patients en surpoids ou avec des problèmes de santé sont les plus à risque".

Des statistiques britanniques sur les malades du COVID-19 traités en soins intensifs confirment ce phénomène : 73% sont des hommes et 73,4% sont en surpoids ou obèses. Ce décompte établi au 3 avril par l'organisme indépendant ICNARC, suggère que les malades en surcharge pondérale ont sensiblement moins de chance de sortir vivant de leur passage en soins intensifs : 42,4% des malades obèses (indice de masse corporelle supérieur à 30) survivent contre 56,4% pour ceux de poids moyen ou faible (IMC inférieur à 25).

De même le sexe masculin semble un facteur de moins bon pronostic : 55,4% des femmes survivent, contre moins de la moitié pour les hommes (47,8%), d'après ces données portant sur environ 2.200 patients d'Angleterre, du Pays de Galles et d'Irlande du Nord, admis en soins intensifs.

"Très humble"

Pourquoi autant d'hommes parmi les cas graves ? "C'est une constatation. Je n'ai pas à ce jour d'explication claire" répond l'expert Jean-François Delfraissy, qui émet toutefois l'hypothèse d'une fréquence accrue des pathologies multiples chez les hommes.

Image des poumons d'un patient atteint de COVID-19 en soins intensifs à l'Hôpital franco-britannique de Levallois-Perret, le 9 avril.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Je suis très humble vis-à-vis de ce virus. Je ne le connaissais pas il y a encore trois mois et demi. Il y a plein de points d'interrogation", reconnaît, sur la radio France Info, celui qui préside le comité scientifique chargé de conseiller le gouvernement français sur l'épidémie. Une piste avancée pour expliquer le plus grand nombre d'hommes gravement malades du COVID-19 dans les hôpitaux : les meilleures défenses naturelles des femmes face aux virus.

C'est une situation "connue" en matière de maladies virales, assure le Pr Pierre Delobel, chef du service des maladies infectieuses au CHU de Toulouse. "L'immunité innée est meilleure chez les femmes, notamment avant la ménopause".

Un effet nicotine ?

Pour la surreprésentation des personnes en surcharge pondérale, l'explication la plus immédiate est la fréquence nettement accrue des cas de diabète et d'hypertension parmi les sujets obèses. Or, tension élevée et diabète sucré sont deux facteurs aggravants pour le COVID-19, clairement identifiés aussi bien en Chine qu'en Italie, ainsi que l'âge et, dans une moindre mesure, les maladies cardiovasculaires et cérébrovasculaires.

Cette caractéristique augure mal de l'épidémie aux États-Unis, où plus d'un adulte sur trois souffre d'obésité et où le nouveau coronavirus a déjà fait plus de 15.000 morts. "On a une inquiétude pour nos amis américains. Ils vont avoir probablement plus de problèmes à cause de l'obésité", commente le Pr Delfraissy. Face à la nouvelle maladie, la médecine avance en tâtonnant, faisant parfois des constats qui défient les pronostics. "On a quelque-chose de très particulier avec le tabac. On a constaté que l'immense majorité des cas graves ne sont pas des fumeurs, comme si (...) le tabac protégeait contre ce virus, via la nicotine", relève le Pr Delfraissy.

Thibaud Soumagne, médecin réanimateur au CHU de Besançon (Est de la France), confirme avoir observé "peu ou pas de fumeurs" en réanimation dans son hôpital, comme déjà relevé dans la désormais foisonnante littérature médicale sur la pandémie. Mais les tabacologues tempèrent ce trait, soulignant qu'un fumeur qui développe des symptômes graves est plus à risque, en raison de sa moins bonne santé pulmonaire et cardiovasculaire.


AFP/VNA/CVN

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