>>Virus : en Italie, des robots au chevet des malades
>>Les "Ninjas", ces robots qui soignent les malades en Thaïlande
>>COVID-19 : la Chine développe des robots de détection de la température
Photo transmise le 7 avril par la société CloudMinds, qui montre un robot capable de prendre la température des patients, dans un hôpital temporaire à Wuhan, en Chine, début mars. |
Début mars, une équipe de 14 robots s'est occupé des patients d'un hôpital de fortune à Wuhan, d'où est partie la pandémie de COVID-19. Des thermomètres connectés à la 5G prenaient leur température à l'entrée, des engins autonomes apportaient les repas et les médicaments, et "Cloud Ginger", un humanoïde à la stature de sirène, était chargée de la communication.
"Elle donnait des infos et dansait pour remonter le moral des patients qui s'ennuyaient", raconte Karl Zhao, président de la société CloudMinds, basée à Pékin et en Californie. Une poignée de personnes, dont un médecin, pilotait tous les robots à distance grâce à une plateforme numérique et à des bracelets connectés, portés par les personnes hospitalisées, pour mesurer en permanence leur tension et d'autres données vitales.
La mise en place de cette structure "inédite" a été compliquée, avoue Bill Huang. Au final, elle n'a accueilli des patients que du 7 au 10 mars, date à laquelle "la ville a suspendu toutes les cliniques temporaires".
Stéthoscopes à roulettes
Cette expérience courte mais ambitieuse préfigure peut-être l'avenir des soins pour les maladies très contagieuses. Les appareils, pour la plupart équipés d'un système d'intelligence artificielle, ne remplacent par les médecins - ils les protègent. En Thaïlande, en Israël et ailleurs, des hôpitaux se sont équipés de robots à écran, pour faire des consultations en visioconférence, sans avoir à rentrer dans la chambre. Certains peuvent même ausculter les poumons.
"Cela nous permet d'échanger plus souvent avec les malades, sans devoir enfiler la combinaison complète", explique Alexander Yip, directeur de l'innovation à l'hôpital Alexandra de Singapour, lors d'une interview pour la chaîne locale CNA. Les engins autonomes s'illustrent aussi dans le ménage, un sujet clef à l'heure du COVID-19.
"Des trace du virus ont été retrouvées sur différentes surfaces dans les cabines de passagers (...) jusqu'à 17 jours après leur évacuation du Diamond Princess", ont indiqué les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies, dans un rapport sur ce paquebot où plus de 700 personnes ont été contaminées.
Robots ménagers
Les hôpitaux se tournent donc vers les robots germicides, capables de débarrasser une chambre des virus et bactéries en quelques minutes, des rideaux aux poignées de porte. L'américain Xenex et le danois UVD ont dû accroître leur production de robots qui émettent des ultraviolets, des rayons capables neutraliser les pathogènes.
La société française Shark Robotics a conçu un module de décontamination qui s'imbrique sur son robot Rhyno Protect pour pulvériser du désinfectant dans les hôpitaux ou les gares, par exemple. |
"Des services d'urgences s'en servent désormais pour décontaminer les pièces après chaque patient (...) ou pour désinfecter des masques FFP2", précise Melinda Hart, porte-parole de Xenex. En France, Shark Robotics a conçu et testé il y a un mois un module de décontamination, qui s'ajoute à l'un de ses robots tous-terrains, capables aussi bien d'évacuer des victimes que d'aller éteindre un incendie.
Il suffit de verser un produit désinfectant dans le réservoir, et le Rhyno Protect "peut nettoyer 20.000 mètres carrés en 3 heures, en pulvérisant des micro gouttelettes à 360 degrés, sans inonder la pièce", détaille le cofondateur Cyril Kabbara. La société a reçu plusieurs commandes de pays étrangers, à commencer par l'Italie, qui veut décontaminer des hôpitaux mais aussi des gares, avant de les confier aux sapeurs-pompiers pour toutes sortes de missions.
Drones omniscients
"Avec la pandémie on assiste à une accélération de l'innovation dans la robotique", remarque Lesley Rohrbaugh, directrice de recherche à la Consumer Technology Association. "Ces robots coûtent cher et ils ont besoin d'un bon réseau internet pour fonctionner", ajoute-t-elle. "Mais leur utilité semble justifier la dépense, et les établissements (américains) ont investi dans des connexions solides ces dernières années".
Certaines organisations veulent donner encore plus de capacités aux robots. Un labo de la University of South Australia collabore avec Draganfly, une société canadienne, pour mettre au point des drones équipés de capteurs capables de détecter des infections respiratoires dans des foules.
"Ils pourront servir à la détection précoce (de l'épidémie) et aussi à déterminer la proportion de personnes affectées dans une population", espère le professeur Javaan Singh Chahl, directeur de recherche. Son équipe travaille sur des algorithmes capables de mesurer les rythmes cardiaques et la température, et de repérer les personnes qui toussent ou éternuent dans les files d'attente d'un aéroport, par exemple.
AFP/VNA/CVN