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Avant une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU à une époque où le COVID-19 n'existait pas. |
"Un signal d'unité et de détermination du Conseil compterait beaucoup dans la période anxiogène actuelle", a dit le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, lors de la première réunion - par visioconférence - de cette instance consacrée à la pandémie, alors que ses membres continuent d'être divisés sur la manière de l'appréhender. Cette session était censée se dérouler à huis clos mais le discours du chef de l'ONU a été transmis pendant la réunion par des missions diplomatiques y assistant.
"L'engagement du Conseil de sécurité sera critique pour atténuer les implications sur la paix et la sécurité de la pandémie de COVID-19", a aussi dit Antonio Guterres aux 15 membres de la plus haute instance exécutive de l'Organisation. "Pour vaincre la pandémie aujourd'hui, nous avons besoin de travailler ensemble" et "cela veut dire renforcer la solidarité", a-t-il insisté. Tout au long de la session, plusieurs ambassadeurs participant à la réunion ont fait fuiter sur Twitter ou directement auprès de journalistes des extraits ou la totalité de leurs interventions.
L'Allemagne a ainsi souligné que "la pandémie était une question de sécurité et de paix internationale", alors que d'autres pays, comme la Russie, la Chine, voire l'Afrique du Sud, jugent au contraire que la santé n'est pas du ressort du Conseil de sécurité. La France a confirmé qu'elle consacrerait 1,2 milliard d'euros à la lutte contre la maladie en Afrique tandis que l'Estonie débutait son allocution en relevant, à propos de la tenue de cette première réunion : "mieux vaut tard que jamais".
La réunion avait été demandée la semaine dernière par neuf des dix membres non-permanents (sans l'Afrique du Sud) emmenés par l'Allemagne, excédés de la paralysie du Conseil face à une crise mondiale sans précédent.
"Deux systèmes solaires"
Deux projets de résolution concurrents sont discutés depuis une quinzaine de jours au Conseil de sécurité, mais aucun n’entre la totalité de ses 15 membres. Le premier, initié par la Tunisie, est porté par les dix membres non-permanents.
Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, lors d'une conférence de presse par vidéo, le 3 avril à New York. |
Dans sa dernière version, obtenue jeudi 9 avril, il demande "une action internationale urgente, coordonnée et unie pour limiter l'impact du COVID-19". Il prévoit aussi que "le Conseil de sécurité supervisera l'impact de la pandémie de COVID-19 sur la paix et la sécurité internationale", avec des rapports réguliers du secrétaire général "quand cela sera nécessaire". Le texte appelle enfin "à un cessez-le-feu mondial immédiat pour permettre une réponse humanitaire adéquate".
Comme en défi au groupe des membres permanents, le projet ne leur a pas été transmis et n'est négocié depuis le 30 mars qu'entre Allemagne, Belgique, République dominicaine, Indonésie, Estonie, Vietnam, Tunisie, Niger, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, et Afrique du Sud. Aucun vote n'a encore été programmé. Le deuxième projet, centré sur un soutien à une "cessation des hostilités" réclamée en mars par le patron de l'ONU et sur une "pause humanitaire", est proposé par la France.
Il n'est discuté jusqu'à présent qu'entre les cinq membres permanents (États-Unis, Russie, Chine, France et Royaume-Uni), ce qui est "très frustrant", confient sous anonymat plusieurs diplomates de pays membres non-permanents. Avant une négociation à 15, il faut régler les différends entre les "cinq grands", rétorque-t-on à Paris, sinon cela ne fonctionnera pas. La France a bon espoir d'organiser prochainement un sommet (par visioconférence) des dirigeants de ces cinq pays afin de résoudre les difficultés notamment entre Pékin et Washington.
Alors que la voix du chef de l'ONU se fait régulièrement entendre, que l'Assemblée générale a adopté à l'unanimité de ses 193 membres il y a une semaine une résolution appelant à la "coopération", l'attitude du Conseil de sécurité depuis le début de la crise déroute. "Missing in action" (perdu en pleine action), regrette un ambassadeur sous couvert d'anonymat. "C'est la première fois que je vois deux systèmes solaires au sein du Conseil de sécurité", renchérit un diplomate d'un pays qui n'en fait pas partie. "C'est très curieux cette double dynamique" entre permanents et non-permanents. Au Conseil de sécurité, neuf voix au moins sur 15 sont nécessaires pour faire adopter un texte, sans veto de l'un des cinq membres permanents.
AFP/VNA/CVN