>>Le mouvement anti-vaccination, menace sérieuse aux États-Unis
Une enfant malade git à même le sol dans l'hôpital d'Agats, en Papouasie indonésienne, le 25 janvier. Photo : AFP/VNA/CVN |
Dans le village isolé d'Ayam avec ses maisons sur pilotis, dans une maison qui fait office de clinique sans équipements modernes, des infirmières sont débordées pour faire face à la situation, ont constaté des journalistes de l'AFP qui ont pu y accéder.
Il n'y a aucun médecin dans cette commune de quelques centaines d'habitants dont plus d'une vingtaine ont été frappés par l'épidémie de rougeole. Traversé par des rivières et marécages, Ayam est situé à dix heures de bateau de la grande ville la plus proche, Timika.
Pour faire face à la situation, l'armée indonésienne a dépêché des équipes médicales à Ayam et dans d'autres villages isolés de cette province à l'extrême est de l'archipel d'Asie du Sud-Est. Des habitants souffrent d'autres problèmes de santé comme la diarrhée et des infections respiratoires.
"Nous avons vraiment besoin de médicaments et de nourriture pour que nos enfants puissent être à nouveau en bonne santé", explique Yunus Komenemar, un père de 28 ans dont le bébé d'un an a été diagnostiqué comme ayant la rougeole.
Ayam se trouve dans le district d'Asmat, où environ 800 enfants sont malades et une centaine d'autres, pour l'essentiel des bébés, auraient succombé à l'épidémie.
Des photos poignantes prises par l'AFP dans un hôpital sous-équipé et saturé à Asmats, l'un des districts les plus affectés par cette crise sanitaire, montrent des enfants émaciés allongés sur des lits bancals et une fillette souffrant de malnutrition allongée au sol.
"Je suis triste, je suis en colère, je ressens de la pitié", lâche Norce, mère d'un enfant de cinq ans soigné pour la rougeole.
À Ayam, le personnel de santé manque de tout, en particulier de vaccins : "les équipements sont basiques et tout ce que nous pouvons faire, c'est distribuer des médicaments", raconte l'infirmière Abenego Bakay.
Le président indonésien, Joko Widodo, a ordonné à des équipes militaires et médicales d'approvisionner en biens de première nécessité et en médicaments des villages isolés de la province.
Mais le chef des équipes médicales militaires, Asep Setia Gunawan, a reconnu que la réponse du gouvernement indonésien à cette crise sanitaire était lente.
"Soyons honnêtes, peut-être que les autorités locales et nationales ont pris conscience trop tard" de la situation, a confié à l'AFP M. Gunawan.
"Les conditions ici sont graves et c'est la raison pour laquelle nous appelons cela une épidémie +extraordinaire+", a-t-il ajouté.
La crise sanitaire à Ayam et dans d'autres villages papous peut s'expliquer par une combinaisons de facteurs parmi lesquels des années de négligence de la part des autorités, le manque d'infrastructures et d'emplois, relèvent des experts.
"J'espère que cette crise va aider certaines personnes ici -du moins celles qui sont au pouvoir- à changer d'attitude, car si elles choisissent de faire comme d'habitude, une autre crise éclatera également l'an prochain", a mis en garde Andreas Harsono, représentant de Human Rights Watch (HRW).
AFP/VNA/CVN