Honduras : la médiation dans l'impasse à propos du retour de Zelaya

La médiation du président du Costa Rica, Oscar Arias, a échoué le 19 juillet à dénouer la crise au Honduras, se heurtant au refus du gouvernement de facto à Tegucigalpa de sa proposition parce qu'elle impliquait le retour au pouvoir du président destitué Manuel Zelaya.

La délégation de M. Zelaya a considéré que le dialogue dans le cadre de la médiation était terminé, et M. Arias a demandé aux 2 parties un nouveau délai de 72 heures pour des négociations plus "serrées".

La clause du retour au pouvoir de M. Zelaya est "inacceptable", a dit à M. Arias le chef de la délégation du chef de l'État de facto Roberto Micheletti, Carlos Lopez, à l'issue de cette seconde journée de médiation à San Jose. Il accepte en revanche les autres grands points de la proposition du prix Nobel de la paix 1987 pour résoudre la crise : gouvernement d'union nationale, et présidentielle anticipée.

Le camp Micheletti avait clairement annoncé ses intentions un peu plus tôt : M. Zelaya peut revenir au Honduras, mais seulement pour affronter la justice, avait-il souligné. Il est poursuivi notamment pour "haute trahison".

M. Arias ne voulait pas croire à un échec définitif, à l'issue du dialogue de dimanche. "Je veux prendre 72 heures pour continuer à travailler, cette fois d'une manière plus serrée, pour voir si nous pouvons réellement parvenir à un accord entre les parties en conflit" et pour éviter "une guerre civile et un bain de sang", a-t-il déclaré.

M. Micheletti a toujours rejeté d'emblée l'hypothèse d'un retour au pouvoir de M. Zelaya. Il avait écourté le premier rendez-vous de médiation chez M. Arias, le 9 juillet, en quittant San Jose avant le tête-à-tête prévu avec le président destitué.

MM. Zelaya et Micheletti n'assistaient ni l'un ni l'autre à la deuxième session de la médiation, samedi et dimanche.

La proposition de M. Arias, soutenue par la communauté internationale, implique que M. Zelaya "renonce expressément" à son projet de consultation par les urnes sur le projet de réforme de la Constitution, et donc à un mandat présidentiel supplémentaire.

C'est pour empêcher cette consultation, prévue le 28 juin, que les militaires et le camp de M. Micheletti ont réagi en arrêtant M. Zelaya et en l'expulsant du pays. La Constitution du Honduras stipule que le président est élu pour un mandat unique.

L'Organisation des États américains (OEA) va "accentuer la pression" sur le gouvernement de facto, a indiqué dimanche soir son secrétaire général, Jose Miguel Insulza.

Les États-Unis "suivent de près" la crise, qui doit trouver "une solution des Honduriens pour le Honduras", a déclaré un porte-parole du département d'État.

Au Honduras, les partisans de M. Zelaya ont décidé d'intensifier les manifestations et blocages de route et de lancer un mot d'ordre de grève pour jeudi et vendredi.

Depuis Managua, M. Zelaya a déclaré dimanche avoir commencé à "organiser la résistance interne" en vue de son retour. Il avait tenté en vain de revenir au Honduras par avion le 5 juillet, mais n'avait pu se poser sur la piste rendue impraticable par les militaires. Deux de ses partisans avaient été abattus en tentant de franchir les clôtures de l'aéroport.

Le coup d'État du 28 juin a isolé le Honduras, pays pauvre de près de 8 millions d'habitants, auquel les États-Unis et les organismes financiers internationaux ont suspendu leur aide.

Élu fin 2005 pour un mandat de 4 ans non renouvelable, M. Zelaya, magnat de l'industrie du bois et élu sous la bannière d'un parti libéral, s'est rapproché de la gauche dans la région.

AFP/VNA/CVN

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