Hommage ému du pape François à Benoît XVI, mort à 95 ans

Le pape François a rendu un hommage ému à son prédécesseur, le "si noble" Benoît XVI, mort samedi 31 décembre à 95 ans et dont la renonciation en 2013 avait pris le monde entier par surprise.

Le pape Benoît XVI bénissant des fidèles à la basilique Saint-Pierre à Rome, le 6 mai 2006.
Photo : AFP/VNA/CVN

Les funérailles du premier pape allemand de l'époque moderne se dérouleront jeudi matin 5 janvier place Saint-Pierre à Rome sous la présidence de François, un événement inédit dans l'histoire deux fois millénaire de l'Église catholique.

Benoît XVI s'est éteint samedi matin 31 décembre au monastère Mater Ecclesiae au Vatican où il s'était retiré après sa renonciation.

A l'occasion de Vêpres célébrées samedi soir 31 décembre à Saint-Pierre, François a salué une "personne si noble, si gentille". "Nous ressentons tant de gratitude dans nos cœurs", a déclaré le pape argentin, soulignant "ses sacrifices offerts pour le bien de l'Église".

Le corps de Joseph Ratzinger sera exposé à partir de lundi matin sous les ors de la basilique Saint-Pierre pour permettre aux fidèles de lui rendre hommage.

Afflux d'hommages 

Le pape François lors des Vêpres célébrées en la basilique Saint-Pierre, le 31 décembre 2022 au Vatican.
Photo : AFP/VNA/CVN

La cérémonie des funérailles du 265e pape, "solennelle mais sobre" selon le directeur du service de presse du Saint-Siège, Matteo Bruni, aura lieu en présence de dizaines de milliers de fidèles, ainsi que de chefs d'État et de gouvernement. Il sera ensuite inhumé dans une crypte de la basilique Saint-Pierre.

La santé du théologien allemand, à la tête de l'Église catholique de 2005 à 2013, s'était dégradée ces derniers jours, François étant lui-même allé à son chevet mercredi 28 décembre.

Les hommages ont afflué du monde entier.

Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a salué son "engagement pour la non-violence et la paix" tandis que le président russe Vladimir Poutine et le patriarche de l'Église orthodoxe russe Kirill ont loué "un défenseur des valeurs chrétiennes traditionnelles".

"On s'en souviendra comme d'un théologien réputé, guidé par ses principes et sa foi, et dont la vie entière a été consacrée à sa dévotion envers l'Eglise", a déclaré le président américain Joe Biden, lui-même catholique.

Drapeaux en berne 

Le pape Benoît XVI conduisant la prière du Rosaire à Fatima au Portugal, le 12 mai 2010.
Photo : AFP/VNA/CVN

Samedi 31 décembre, les fidèles présents place Saint-Pierre ont manifesté leur tristesse à l'annonce de sa mort. "C'est une grande douleur. C'était une personne très réservée, mais on percevait sa profondeur et il a fait énormément pour l'Église", a témoigné pour l'AFP Milo Cecchetto, un Romain.

Dans son village natal en Bavière, Marktl, le drapeau de la mairie a été mis en berne, comme sur tous les bâtiments publics de cette région allemande. Karl Michael Nuck, 55 ans, a estimé que sa mort avait "sans doute été une délivrance pour lui", rappelant qu'il avait eu "le courage de démissionner".

Sa disparition met fin à la cohabitation insolite de deux hommes en blanc : d'un côté l'Allemand Joseph Ratzinger, un brillant théologien peu à l'aise avec les bains de foule, de l'autre l'Argentin Jorge Bergoglio, un jésuite doté d'une parole incisive qui a voulu remettre les pauvres et les migrants au centre de la mission de l'Église.

Après ses huit ans de pontificat marqués par de multiples crises, Benoît XVI avait été rattrapé début 2022 par le drame de la pédocriminalité dans l'Église. Mis en cause par un rapport en Allemagne sur sa gestion des violences sexuelles lorsqu'il était archevêque de Munich, il était sorti de son silence pour demander "pardon" mais avait assuré n'avoir jamais couvert de pédocriminel.

Dans son testament spirituel, écrit en 2006 et publié samedi soir 31 décembre, il demande "pardon" à tous ceux auxquels il a "causé du tort d'une manière ou d'une autre".

L'association SNAP de défense des victimes de religieux pédocriminels l'a accusé samedi 31 décembre d'avoir été "plus préoccupé par la détérioration de l'image de l'Église (...) que par la prise de conscience de l'importance d'excuses sincères suivies de vraies réparations pour les victimes d'agressions".

Sa renonciation, annoncée en latin le 11 février 2013, fut une décision personnelle liée à ses forces déclinantes et non à la pression de scandales, avait assuré Benoît XVI en 2016.

Pour Marco Politi, un vaticaniste italien interrogé par l'AFP, "c'est une partie du passé de l'Église qui disparaît avec lui. Les conservateurs livrent, en agitant sa bannière, une guerre civile depuis dix ans contre François. (Avec sa mort), ils perdent un symbole vivant, ils ne peuvent plus dire +voici le vrai pape, voici le faux+", a-t-il jugé.

VIH et Vatileaks 

Par sa démission, inédite en six siècles, le premier pape allemand de l'Histoire moderne a ouvert la voie à ses successeurs dont les forces viendraient à décliner. François, âgé de 86 ans et souffrant de douleurs au genou, a lui-même laissé "ouverte" cette possibilité.

Né en 1927, Joseph Ratzinger a enseigné la théologie pendant 25 ans en Allemagne avant d'être nommé archevêque de Munich.

Il est ensuite devenu le strict gardien du dogme de l'Église un autre quart de siècle durant à Rome à la tête de la congrégation pour la doctrine de la foi, puis pape pendant huit ans, succédant à Jean Paul II.

Dernier pape à avoir participé au Concile Vatican II, il a toutefois défendu une ligne conservatrice à la tête de l'Église, notamment sur l'avortement, l'homosexualité et l'euthanasie.

Ses déclarations ont parfois choqué, comme sur l'islam et l'utilisation du préservatif contre le VIH.

Son pontificat fut également marqué en 2012 par la fuite de documents confidentiels ("Vatileaks") orchestrée par son majordome. Le scandale avait mis en évidence une Curie romaine (gouvernement du Vatican) minée par les intrigues et dénuée de rigueur financière.

AFP/VNA/CVN

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