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Le delta du Mékong s’oriente vers une agriculture durable et respectueuse de l’environnement. |
Photo : VNA/CVN |
Promulguée le 17 novembre 2017, la Résolution N°120 du gouvernement sur le développement durable du delta du Mékong a défini une stratégie à long terme, axée sur des modèles de croissance adaptés au changement climatique et sur le renforcement des liens entre localités.
"Après plus de trois ans de mise en œuvre, cette résolution a contribué à attirer davantage d’investissements dans l’agriculture +verte+, à améliorer les chaînes de valeur et à créer un ancrage pour les produits agricoles sur le marché mondial", a estimé le vice-Premier ministre permanent Truong Hoa Binh.
Des zones de production agricole concentrée à grande échelle ont été créées avec des produits clés tels que crevettes, pangasius, riz ou fruits et légumes. La technologie de transformation a également été améliorée, contribuant à renforcer la valeur ajoutée des produits.
Philosophie "Thuân thiên"
Selon le Professeur Vo Tòng Xuân, la Résolution N°120 du gouvernement s’appelle aussi "Thuân thiên", c’est-à-dire qu’il faut laisser les choses se faire naturellement. Auparavant, les agriculteurs cultivaient du riz parce qu’ils devaient déployer la politique de sécurité alimentaire lancée par le gouvernement. Ils devaient le faire même si l’offre dépassait la demande. Ils faisaient pousser du riz sur des terres côtières. Ils ont même essayé par tous les moyens possibles d’empêcher l’eau salée de remonter et d’apporter de l’eau douce à des centaines de kilomètres de distance.
"Le gouvernement leur a demandé de cultiver du riz dans des zones d’eau salée, alors qu’ils pouvaient profiter de cette particularité locale pour y élever crevettes ou poissons et ainsi obtenir des revenus plus facilement. Nous étions à l’encontre des lois naturelles", a souligné Vo Tòng Xuân. Et de continuer : "Désormais, grâce à la Résolution +Thuân thiên+, l’eau de mer est une +amie+ et les agriculteurs peuvent vivre en harmonie avec elle".
Ces dernières années, la crevetticulture bio dans le delta du Mékong a connu une forte croissance. |
Photo : VNA/CVN |
Le "gain" le plus visible en termes de "Thuân thiên" est le fort développement de l’alternance "riziculture - écloseries de crevettes". Les paysans développent des systèmes d’irrigation pour gérer l’eau salée. En saison des pluies, ils cultivent du riz comme d’habitude. En saison sèche, ils font éclore les crevettes avec des systèmes de contrôle de l’eau salée.
Cela a permis d’augmenter les revenus des agriculteurs qui sont très satisfaits des zones transformées nouvellement planifiées. Les milliers d’hectares de rizières et de crevettes peuvent rapporter des bénéfices quatre à cinq fois plus élevés que la monoculture rizicole du passé.
Dans les régions qui souffrent de sécheresse mais pas de salinité, les agriculteurs se sont tournés vers la culture du sésame, du lotus et des arbres fruitiers.
Une avancée déterminante
En 2020, malgré la pandémie de COVID-19, l’agriculture vietnamienne a établi des records avec des produits écoulés dans 190 marchés dans le monde et des exportations rapportant un chiffre d’affaires de 41,2 milliards d’USD, le plus haut niveau jamais atteint.
Le litchi, le ramboutan, le fruit du dragon, la pomme étoilée, la mangue et le longane du Vietnam sont désormais présents sur des marchés exigeants comme les États-Unis, l’Australie, le Japon et la République de Corée.
Le delta du Mékong s’oriente vers le paradigme de "vivre en accord avec la nature". |
Photo : VNA/CVN |
Carolyn Turk, directrice nationale de la Banque mondiale (BM) au Vietnam, a salué la Résolution N°120 du gouvernement vietnamien. Elle l’a considérée comme un véritable jalon révolutionnaire marquant un changement de l’approche de défense climatique passive pour s’orienter vers le paradigme de "vivre en accord avec la nature".
Cette résolution a reconnu les impacts du changement climatique. L’élévation du niveau de la mer, une plus grande variabilité météorologique, et la salinisation sont devenues la nouvelle norme du delta.
La Résolution N°120 a également fourni une base faisant autorité pour transformer le développement de la région en passant d’une perspective de petite entreprise familiale et provinciale à une perspective interprovinciale, à l’échelle du delta et même transfrontière ; d’une perspective sectorielle à court terme à une approche à long terme, multisectorielle et intégrée.
Carolyn Turk s’est engagée à continuer de travailler avec le gouvernement vietnamien dans le cadre d’un partenariat solide pour un delta du Mékong durable, prospère et résilient au changement climatique. "Des mesures d’atténuation et d’adaptation sont nécessaires pour une meilleure prévention des impacts du changement climatique", a-t-elle souligné.
Le Professeur Vo Tòng Xuân a abondé en ce sens : "Pour que la résolution atteigne les objectifs souhaités, il est nécessaire de continuer à évoluer dans une direction claire. Le gouvernement doit intervenir pour soutenir les agriculteurs et les entreprises. Il doit y avoir des stratégies détaillées par zones : quelles plantes et quels animaux d’élevage afin d’optimiser les bénéfices".
Il est important d’élaborer des plans concrets. Dans la zone adjacente au Cambodge, de Kiên Giang à Long An, l’eau douce est abondante, de sorte que les agriculteurs peuvent avoir trois cultures de riz par an, ou cinq tous les deux ans, pour assurer la sécurité alimentaire.
Dans la zone comprenant une partie de Dông Thap, An Giang, Vinh Long et Tiên Giang, ils peuvent réorganiser la production pour se spécialiser dans les fruits et légumes.
"Nous sommes tout à fait capables de faire du delta du Mékong un centre économique et agricole durablement dynamique. Pour ce faire, il est essentiel de moderniser ses infrastructures, de développer ses voies routières et fluviales et de renforcer la commercialisation de ses produits agricoles", a conclu Vo Tòng Xuân.