Hanoi œuvre à la préservation des patrimoines culturels

La communauté joue un rôle de plus en plus important dans la conservation et la promotion des valeurs des patrimoines. Hanoi ne fait pas figure d’exception, au contraire. Décryptage.

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Hanoi recense 5.175 sites historiques, le plus grand nombre du pays. Et la communauté affirme chaque jour davantage son intérêt et sa volonté de préserver les valeurs culturelles que ces sites représentent, en œuvrant par exemple à leur restauration. En retour, les Hanoïens peuvent contempler tout ce patrimoine qui confère à la ville son identité.

Dans le district suburbain de Gia Lâm, depuis 2005, les habitants ont fait don de plus de 50 milliards de dôngs pour la remise en état de 69 monuments historiques. La fête de Gióng (une tradition annuelle en commémoration du héros national légendaire Thánh Gióng - Saint Gióng -, l’un des quatre Immortels selon les croyances populaires vietnamiennes), une des plus grandes fêtes populaires au Vietnam, constitue un bel exemple de la mobilisation de la force de la communauté pour protéger le patrimoine. Chaque année, plus d’un millier de personnes dans la commune de Phù Dông consacrent volontairement temps, efforts et argent à l’organisation de cette fête culturelle traditionnelle authentique qui fait revivre en grandes pompes la bataille de Saint Gióng. C’est grâce à cette mobilisation que la fête de Gióng a l’honneur d’être inscrite au patrimoine commun de l’humanité.

La fête de Giong, symbole de ce que la communauté est capable de faire pour perpétuer son héritage.

Une vingtaine d’années après sa création, l’arrondissement de Tây Hô a restauré la totalité des monuments implantés sur son sol, au moyen d’un investissement de l’ordre de 300 milliards de dôngs (dont la moitié mobilisée auprès de la communauté). Ces vestiges étaient et demeurent des lieux d’activités culturelles et de croyance, et servent de lieux d’organisation des fêtes printanières. «Chaque année, 15 fêtes ont lieu dans l’enceinte de sites historiques du district de Tây Hô. Toutes sont organisées par la communauté», informe Vu Hoài Phuong, chef du Bureau de la culture et de l’information de cet arrondissement.

Suivant la devise «L’État et le peuple travaillent ensemble», chaque site dans l’arrondissement de Hà Dông dispose d’un sous-comité élu par la population (comprenant des représentants des autorités locales et des personnes importantes de l’Association du troisième âge), en plus d’un comité de gestion des vestiges commun. Chaque sous-comité a pour mission de superviser, de protéger, de préserver et de promouvoir la valeur du monument dont il a la charge...

Autant d’exemples qui montrent que la communauté est prête à apporter ses contributions humaines et financières à la restauration des vestiges, à participer à la gestion et à l’organisation des fêtes, ce pour à la fois partager avec l’État ces charges budgétaires et contribuer à la protection des patrimoines.

Intérêts individuels et communautaires

Le rôle de la communauté pour les patrimoines a été confirmé, mais la question de sa valorisation pour qu’il fasse sentir au mieux ses effets fait encore l’objet de discussions passionnées mais constructives, tout le monde ayant en tête cette problématique commune.

Selon Dang Van Bài, vice-président de l’Association de l’héritage culturel du Vietnam, dans le passé, les liens du sang, de l’origine, du lieu de résidence, de l’espace de vie... jouaient un rôle primordial dans la cohésion de la communauté. Aujourd’hui, avec la modernisation de la société, l’intérêt commun se substitue à ces facteurs. La durabilité d’une communauté dépend principalement de sa capacité à établir un équilibre entre les intérêts des particuliers, des groupes sociaux et de la communauté. Sachant cela, promouvoir le rôle de la communauté passera nécessairement par le développement les capacités de chacun, le respect des opinions, le droit à l’autodétermination, à l’auto responsabilité de la communauté, et au fait de ne pas imposer.

Ainsi, avant la réhabilitation de tel ou tel vestige, l’arrondissement de Hà Dông organise toujours des collectes et des consultations publiques pour établir un consensus et trouver un plan réalisable. Lors du processus de restauration, les sous-comités de gestion des vestiges créent des groupes de surveillance, en invitant des représentants de la communauté à participer au suivi de la rénovation. Pour les fêtes traditionnelles, l’administration locale ne surveille que l’organisation ainsi que la sécurité publique et alimentaire, alors que les habitants organisent eux-mêmes des activités festives. «Lorsque la communauté se sent respectée, voit les fruits de ses contributions, elle déploie davantage de forces et d’efforts pour protéger ses réalisations», estime Dào Thùy Linh, du Bureau de la culture et de l’information de l’arrondissement de Hà Dông.

Le quartier de Yên So de l’arrondissement de Hoàng Mai l’a bien compris, lui qui mobilise la force du peuple, améliore ses connaissances sur les patrimoines pour préserver l’aspect du village traditionnel des plaines du Nord. Ici, l’on jouit de suffisamment d’espace pour les activités culturelles et festives en faveur de la population. Des activités on ne peut plus fédératrices et qui profitent à tous.

La situation socio-économique s’améliore progressivement, la mobilisation des ressources matérielles pour la conservation des patrimoines est bien moins compliquée qu’elle ne l’était. Mais les transformer en valeurs culturelles et morales ne peut se faire partout. Ce qui se passe actuellement à Hanoi pourrait néanmoins constituer de précieuses expériences dans la mobilisation des habitants, et susciter en eux le respect envers les valeurs traditionnelles des patrimoines du pays.

Hoàng Minh/CVN

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