Un groupe de travail composé d'experts vietnamiens et de leurs homologues français de la Région d'Île-de-France va être formé pour la mise en oeuvre du projet de préservation du quartier occidental.
Le groupe élaborera une réglementation sur les critères d'urbanisme applicable spécifique- ment à ce quartier. Créé entre le début du 20e siècle et 1945, ce quartier, conçu à la haussmannienne, abrite divers catégories de bâtiments, des administrations publiques aux villas de particuliers en passant par des commerces, réalisés principalement par des architectes français. Outre sa valeur architecturale propre, une harmonie avec la nature et un mélange équilibré de caractères occidentaux et orientaux..., ce quartier a également une valeur historique importante. "L'ensemble des vestiges historiques de Thang Long-Hanoi constitue des annales vivantes du développement matériel et spirituel des habitants de la capitale, et le quartier français en est un chapitre important", a souligné Trân Hùng, vice-directeur de l'Institut national d'architecture. Selon lui en effet, ce quartier a marqué une étape remarquable du processus d'urbanisation de la capitale comme une intégration à la culture occidentale.
Toutefois, le quartier occidental connaît aujourd'hui des modifications en raison des changements de propriété, mais aussi des besoins de développement des services ou de construction de nouveaux ouvrages. Une évolution normale qui porte parfois atteinte à l'intégrité architecturale de ce quartier. "Quelques villas ont été bien restaurées pour devenir des restaurants ou des hôtels. Ce changement de destination devrait d'ailleurs être encouragé, car il contribue à la préservation des vestiges comme au développement économique", a fait remarquèr Thierry Huan, chercheur français dans ce projet. Il exprime toutefois ses regrets devant les mauvaises restaurations pour souligner la nécessité de publier un guide sur les critères de restauration, c'est-à-dire les matériaux, les couleurs à employer... afin de préserver l'unité architecturale de ce quartier.
Les experts étrangers ont également insisté sur la protection des végétaux de ce quartier, car "il participe pleinement des particularités de la capitale", selon Nguyên Tân Van, président de l'Association des architectes vietnamiens.
Le projet de préservation du quartier occidental a suscité des débats au regard des bâtiments qui en bénéficieront. Concrètement, il concernera les ouvrages du Sud de l'arrondissement de Hoàn Kiêm. De grands bâtiments, tels que le Palais du gouverneur (actuellement Palais présidentiel), le lycée Albert Sarraut (aujourd'hui bureau du Comité central du Parti communiste vietnamien), le Service des finances (désormais ministère des Affaires étrangères), l'église Cua Bac, ne seront pas concernés, car, en dehors de leur grande valeur, ils relèvent de l'arrondissement de Ba Dinh. De même pour l'Institut Pasteur (aujourd'hui Institut central d'hygiène et d'épidé-miologie) et un groupe de villas des rues Hàng Chuôi, Pham Dinh Hô, Tang Bat Hô, de l'arrondissement de Hai Bà Trung.
"La valeur des ouvrages d'architecture française devrait être estimée sur l'ensemble du centre-ville", a affirmé l'architecte Dào Ngoc Nghiêm qui a proposé d'étendre ce projet de préservation à d'autres sites. De son côté, le président de l'Association des architectes vietnamiens, Nguyên Tân Van, a exprimé son inquiétude car "si le quartier d'architecture française n’est pas conservé, la ville de Hanoi perdra un patrimoine hors du commun".
Vân Anh/CVN