Hôi An : entre modernité et tradition

Hôi An, devenue patrimoine culturel mondial il y a 10 ans, produit d'énormes efforts pour préserver son image unique d'ancienne cité urbaine. Un quotidien belge l'avait même définie comme ville la plus charmante du Vietnam.

Derrière la façade se cache une forte volonté municipale qui pousse à s'interroger sur le plan d'action de la ville pour valoriser ainsi ses valeurs culturelles et historiques. Lê Van Giang, président du Comité populaire de Hôi An, province de Quang Nam (Centre), insiste sur 2 directions : harmoniser la protection du patrimoine et développer le tourisme.

Pourriez-vous partager les expériences dans la gestion, la conservation et la valorisation de l'ancienne cité urbaine de Hôi An ?

Chaque vestige et chaque ouvrage patrimonial de Hôi An possèdent son propre caractère, son charme et une valeur unique. De fait, notre politique de préservation nécessite des modèles différents. En général, un bon modèle de conservation demande une approche unanime de la gestion de la part des organismes d'État, les autorités à tous les échelons, les scientifiques, les commerçants et les habitants qui sont perçus comme les vrais patrons de ces vestiges. Un centre de cette réflexion pousse à un véritable projet d'harmonisation des intérêts de la communauté et de chacun de ses habitants.

Selon cette éthique, les autorités municipales appliquent des amendes contre les dégradations portées aux vestiges tout en assistant les habitants pour améliorer leurs conditions de vie. Une amende de 5 à 50 millions de dôngs est prévue pour toute construction ne respectant pas les vestiges. D'autre part, le budget municipal prend en charge de 40-75% des investissements nécessaires à la restauration des anciennes maisons, à quoi s'ajoutent des prêts exonérés de taux d'intérêt sur 5 ans.

La coopération internationale est notre volet de notre stratégie. Par exemple, le Centre de préservation des vestiges de Hôi An travaille avec le bureau de l'Unesco en Asie et l'Université japonaise Chiêu Hoà. Le but est de publier un livre sur le savoir-faire propre à la conservation des vestiges de Hôi An afin de le distribuer à chaque famille vivant dans l'ancien quartier.

Quelles sont les difficultés dans la conservation de Hôi An?

Cette ancienne cité urbaine se trouve en aval du fleuve Thu Bôn. Elle est donc plus attaquée par les crues qui peuvent causées de gros dégâts. En 2007, quand le lit du fleuve a débordé, des centaines de nos anciennes maisons ont été dégra-dées. D'autre part, vu leur âge, ces vieilles bâtisses sont exposées aux risques d'effondrement, ce qui nécessite une importante enveloppe pour une urgence de préservation, alors que le budget local est modeste.

Comment faire pour harmoniser la conservation et le développement touristique?

Le tourisme de Hôi An s'est orienté vers un modèle culturel, écologique et la visite des villages de métiers traditionnels. Ainsi, la stratégie de développement touristique se base sur la préservation des vestiges et le développement durable de ce secteur. Notre mission porte sur la protection totale des vestiges et la valorisation des patrimoines par le biais d'activités touristiques et de services. Pour l'instant, Hôi An et les autorités provinciales de Quang Nam ont achevé l'élaboration d'un plan global pour conserver ses valeurs patrimoniales qui sera soumis au ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme (MCST). Ce plan vise à sauver 71 vestiges en état de dégradation avancée. Pour sa part, le MCST est d'accord sur la restauration de 8 vestiges dans le quartier ancien de Hôi An, pour un budget total de 26 milliards de dôngs.

En devenant une ville, Hôi An doit affronter la pression de l'urbanisation moderne qui menace de détruire les séculaires caractéristiques de l'ancien quartier. Comment concilier les deux ?

Il faut nous concentrer dans la préservation des traits culturels spécifiques et l'âme de Hôi An. Elle doit faire certes face aux grandes pressions nées de cette volonté de marier préservation et développement. Les autorités locales sont déterminées à faire de Hôi An une ville moderne tout en conservant son patrimoine.

Nguyên Chi Trung, directeur du Centre de gestion et de conservation des vestiges de Hôi An

Outre le problème financier, la restauration des maisons anciennes se heurte à la volonté de leurs habitants. Il peut s'agir de dissension au sein de la famille, du manque d'argent comme fonds de contrepartie des assistances locales. Les frais de restauration sont en général de l'ordre de 300-500 millions de dôngs, voire parfois d'un milliard de dôngs. La province de Quang Nam attend une autorisation pour mettre en route le projet global de conservation de Hôi An, d'un budget total de 1.000 milliards de dôngs. Il se concentre non seulement sur la restauration des maisons anciennes, mais aussi sur la construction d'ouvrages de protection : renforcer les digues, construire des routes et draguer les cours d'eaux. En tout, la préservation des vestiges sera couronnée de succès une fois que le niveau de vie des habitants sera amélioré.

Ngân Huong/CVN

(03/04/2009)

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