Deux heures du matin. Surprise! Le marché aux fleurs Quang Ba bat déjà son plein et déverse de nombreuses motos et camionnettes sur la digue Nghi Tàm. Une effervescence contrastant avec le reste de la ville, profondément endormi…Chaque visite produit toujours le même enchantement ! Et seules les sensations et les rencontres changent au gré des vendeurs débordant de joie de vivre comme leurs étals de produits ! Quang Ba, le plus grand marché de vente en gros de fleurs de Hanoi, débute tous les jours à 02h00 du matin. La plupart des vendeurs viennent des villages floricoles de la capitale comme Nghi Tàm, Quang Ba, Nhât Tân, Tây Tuu… ou des districts limitrophes de Dông Anh et Soc Son, voire des provinces avoisinantes.
On y trouve tous types de fleurs : chrysanthèmes, gerberas, orchidées, lys, œillets… Des fleurs importées aussi. Mais les plus nombreuses sont les roses. Les détaillants posent des bouquets à même le sol, les kiosques appartenant aux négociants. Nuit d'encre. Quelques lampes disposées un peu partout n'amènent qu'une faible lumière, comme le feraient des lucioles. Impossible de choisir sans une torche électrique.
Un lieu de commerce et de balade
La vente au marché de Quang Ba est divisée en 2 périodes : celle en gros avant 04h00, puis au détail ensuite, avec les prix évidemment plus élevés. Ce marché est plus qu'un lieu de transactions, c'est aussi un espace de promenade… pour les lève-tôt ou les couche-tard. Certaines femmes exigeantes viennent y chercher des fleurs pour l'autel familial à l'occasion de l'anniversaire de la mort d'un proche ou de fêtes traditionnelles. Et puis, quelques hommes attentionnés qui veulent faire une surprise au réveil de leur dulcinée, plus nombreux bien sûr à la Journée des femmes (8 mars) ou à la Saint-Valentin. Sans compter des couples bras dessus, bras dessous qui viennent là humer l'ambiance. Nous y avons même entr'aperçu quelques étrangers comme John Clark et Merry, 2 jeunes canadiens en grande contemplation devant les fleurs et prenant des photos.
La floriculture, quel travail !
Les fleurs sont coupées dès la tombée de la nuit, puis portées à moto au marché. Plus qu'un métier, la floriculture est un véritable sacerdoce. La culture des roses notamment. D'abord, il faut semer les églantiers, puis les marcotter, les greffer aux rosiers cultivés. Six mois plus tard, la récolte des premières fleurs peut commencer. "Six mois, cela reste la théorie. Car en pratique, beaucoup de facteurs négatifs peuvent intervenir", explique Lê Tiên Dat, du village de Tây Tuu. En tête les parasites, les inondations et la sécheresse. Les pertes sont fréquentes, notamment entre février et mai avec les attaques de parasites. Beaucoup de soins, donc d'attention… mais des fleurs cédées à vil prix. Nous y avons vu une femme marchander un bouquet de 50 roses pour seulement… 10.000 dôngs.
Pour Nguyên Ngoc Hoa, du village de Tây Tuu, la floriculture est aussi une tradition qu'il convient de perpétrer. "Bien que le travail soit pénible, les profits fluctuants, nous nous efforçons de maintenir ce métier qui est une tradition de notre village".
Mais heureusement, il y a des périodes fastes. Lê Tiên Dat, avec ses 7.200 m² de terrain, peut gagner parfois plusieurs dizaines de millions de dôngs par mois. Lors des fêtes comme le 8 mars, le 20 novembre (Journée des enseignants) ou le Têt, son chiffre d'affaires journalier peut atteindre allégrement 3 millions de dôngs.
À 06h00, le marché se vide. Seuls restent quelques vendeurs cherchant à écouler leurs derniers bouquets. Les fleurs de Quang Ba prennent la direction des boutiques de Hanoi ou des provinces voisines, ou se retrouvent dans les paniers en osier des marchandes ambulantes qui, sur leur vieux vélo grinçant, iront les vendre dans les étroites venelles de la capitale. Pour les floriculteurs, il est temps de rentrer et d'aller se reposer.
Tùng Chi/CVN