>>Hanoï durant les années 1967-1975 à travers l’objectif d’un Allemand
>>Photos de guerre : deux visions pour un même conflit
Le photographe allemand Thomas Billhardt. |
Photo : NXBHN/CVN |
Nos grands-parents retrouvent un peu de leur jeunesse en regardant les photos prises à Hanoï par le photographe allemand Thomas Billhardt et rassemblées dans son ouvrage Hanoï 1967-1975. Ce sont quelque 130 touchantes photos en noir et blanc et en couleurs qui rendent hommage aux habitants de la capitale alors que la guerre de résistance contre les Américains faisait rage.
Pour ce livre, et l’exposition qui a été organisée en parallèle, le photographe allemand a reçu Prix "Bùi Xuân Phái - Pour l’amour de Hanoï" 2021, une belle reconnaissance ici au Vietnam pour cet artiste âgé aujourd’hui de 85 ans et qui est revenu de nombreuses fois au Vietnam depuis la fin du conflit.
Un artilleur au regard farouche, une douce infirmière à côté d’enfants blessés, des enfants aux chapeaux de paille allant à l’école, une jeune maman souriante avec son bébé dans les bras... Telles sont quelques-unes des scènes intimistes que nous offre le photographe dans ce livre qui est peut-être le portrait le plus juste qui a été fait sur la vie quotidienne des Hanoïens durant cette période difficile.
Thomas Billhardt réussit aussi à témoigner des nombreuses activités de la vie quotidienne à l’époque : du cyclo-pousse au cours de dessin en plein air, du culte dans la pagode à une maternité avec des sages-femmes et des nouveau-nés, du cours de chant et de danse dans les écoles professionnelles au stade Hàng Dây rempli de spectateurs, etc.
Couverture du livre Hanoï 1967-1975. |
On retrouve aussi avec plaisir l’architecture que l’on connaît encore aujourd’hui : les boutiques de dessins et de peintures à côté du lac Hoàn Kiêm (Épée restituée) ; les objets en bambou et rotin, les jouets dans le Vieux quartier ; les villas de l’époque coloniale et les nombreux vélos remplissant les rues de la capitale.
Arme pacifique contre la guerre
"Mon livre photo a été publié conjointement à une exposition (organisée en 2020 par l’Institut Goethe à Hanoï, Camera Wor et Manzi Art, nldr). C’est l’un des meilleurs livres de ma carrière en termes de design et de qualité", partage Thomas Billhardt à travers la lettre qu’il a adressée à l’organisateur du Prix. Dans cette dernière, le photographe rappelle les conditions de sa venue à Hanoï en 1967 ainsi que son ambition de toujours "utiliser l’appareil photo comme une arme pacifique contre la guerre".
Une image dans le livre "Hanoï 1967-1975" de Thomas Billhardt. |
Photo : TH/CVN |
Plusieurs artistes vietnamiens ont tenu à féliciter le photographe pour son travail sensible et juste. "Hanoï de Thomas Billhardt est un morceau d’histoire et de mémoire mais aussi un véritable poème illustrant la vie difficile mais néanmoins joyeuse", a estimé l’écrivain Dô Phân.
Wilfried Eckstein, directeur de l’Institut Goethe de Hanoï, tient lui aussi à rendre hommage au photographe : "Les photographies de Thomas sont des moments qui ne peuvent pas être reproduites, des images authentiques et sincères, comme un beau visage dans un monde gris, un sourire innocent dans un cadre dur et menaçant, un spectacle journalier poétique qui nous fait oublier la peur et la guerre. Ces clichés transmettent véritablement un espoir de paix".
Un photographe de guerre
Quê Anh/CVN