Il est clair que la croissance rapide des moyens de transport entraîne corrélativement une augmentation des gaz d'échap- pement, des fumées et des poussières. Ce à quoi il faut ajouter les centaines d'ouvrages en construction, intra comme extra-muros qui aggravent la situation.
Les chiffres récemment rendus publics par le Service de protection de l'environnement de Hô Chi Minh-Ville montrent que le taux de pollution par les poussières dans nombre de quartiers de la ville a atteint la cote d'alerte. De fait, la concentration est en moyenne de 5,6 fois supérieure aux normes admises, avec des maximum relevés à Go Vâp, Dinh Tiên Hoàng, Diên Biên Phu et sur l'avenue Hanoi.
Les autres indices portant sur le plomb, le benzène, outre celui de pollution sonore sur les axes où sont implantés des équipements d'observation ont tendance à augmenter également par rapport à 2008. Concrètement, dans 8 stations d'observation, la teneur en plomb s’est élevée de 2, 2 fois, et celle en benzène, de 1,4 fois. Selon les experts, il s'agit là encore d'une conséquence prévisible de la croissance rapide des moyens de transport, de la faible qualité des infrastructures, ainsi que des embouteillages récurrents dans la ville.
Ces 2 dernières années, la lutte contre la pollution s'est renforcée avec l'implication de la police de l'environnement. Cette force de police nouvellement créée découvre et sanctionne de nombreuses infractions à la loi sur la protection de l'environnement, notamment dans les zones industrielles de Hiêp Phuoc, Lê Minh Xuân...
Depuis 2005, la mégapole du Sud applique un programme d'évaluation de la qualité de l'environnement pour la période 2005-2010, dans lequel la ville propose plusieurs objectifs pour réduire la pollution aérienne, dont des contrôles des émissions de gaz des établissements industriels, la réduction des moyens de transport individuels en circulation...
Aucun de ces objectifs n’a été atteint. La qualité de l'air se dégrade de plus en plus, et les moyens de transport augmentent de jour en jour. Ainsi, la ville compte actuellement 4 millions de motos et plus de 300.000 autos. Parmi les premières, 60% ne répondent pas aux normes en matière de gaz d'échappement. Quant à l'industrie, 30.000 établissements rejettent directement dans l'atmosphère un important volume de gaz, seuls 20% des émissions faisant l'objet d'un traitement.
Nguyên Thanh Huy, chef adjoint du bureau d'observation et d'évaluation de la qualité de l'environnement du Service municipal de protection de l'environnement, confirme que la pollution de l'air dans la ville s'aggrave de plus en plus, en raison de l'augmentation rapide du nombre de motos ces dernières années. Viennent s'y ajouter les rejets non traités de plusieurs établissements industriels. La situation est critique en ce lieu plus qu'ailleurs, qu'il pleuve ou qu'il fasse soleil. Et pourtant, elle n'a pas encore fait l'objet de mesures.
Pour protéger des rivières et arroyos
Hô Chi Minh-Ville possède un réseau de canaux et d'arroyos qui s'étend à 24 de ses arrondissements et districts. Dans des conditions normales, un tel réseau est un gigantesque poumon vert pour une ville, mais à Hô Chi Minh-Ville, il est gravement pollué.
Selon les données, ce réseau reçoit 40 tonnes d'ordures de toutes sortes et 70.000 m3 d'eaux industrielles non traitées. Le canal An Ha-Thay Cai recueille l'intégralité des eaux usées des zones industrielles de Tân Phu Trung (district de Cu Chi), et de Lê Minh Xuân (district de Binh Chanh).
Les eaux du canal de An Ha-Thay Cai sont polluées par les produits chimiques utilisés dans les industries du textile, de la teinture... Outre les canaux, même le bassin de la rivière de Dông Nai, y compris la rivière Sai Gon qui alimente 10 millions de personnes du secteur économique de pointe du Sud, connaissent le même sort. Selon le ministère des Ressources naturelles et de l'Environnement, il s'agit d'un des 3 grands bassins de la région entière qui ont un rôle des plus importants pour le secteur économique de pointe du Sud.
Les causes sont semblables : production industrielle, aquaculture, urbanisation en sont principalement responsables, selon les scientifiques. Selon une étude de Vo Thi Ngoc Hanh, ingénieur et directrice adjoint du Service des ressources naturelles et de l'environnement de la province de Binh Duong, cette dernière comprend 11 zones industrielles qui rejètent leurs eaux usées dans la rivière Sai Gon, c'est-à-dire de 1.200 m3 à 5.600 m3 par jour, auxquels s'ajoutent 45.000 m3 de rejets quotidiens par les établissements de production situés hors des zones industrielles, outre 25.500 m3 des élevages. Selon les chiffres fournis par le ministère des Ressources naturelles et de l'Environnement, dans le secteur du bassin de la rivière Dông Nai, 500 villages de métiers, 9.000 établissements de production et 1.633 établissements de santés sont recensés. Une réalité qui explique pourquoi ce bassin est de plus en plus gravement pollué au point que les ressources en eau pour la vie quotidienne de ses 10 millions d'habitants sont directement menacées.
De plus, ces derniers temps, la qualité des eaux fournies aux centrales d'épuration de Hô Chi Minh-Ville ont fortement diminué. La mégapole du Sud est en train de chercher des mesures à prendre pour réduire la pollution de l'environnement. Dans l'immédiat, elle doit demander aux organismes compétents d'élaborer un projet de protection des ressources en eau de la rivière Sài Gon.
Hoàng Linh/CVN