Le Comité monétaire et financier international (CMFI), l'instance chargée de définir les grandes orientations du FMI au nom des 187 États membres, a appelé le 9 octobre à l'institution à "approfondir son travail" sur cette question polémique. "Des tensions et des vulnérabilités demeurent du fait de l'élargissement des déséquilibres mondiaux, de la volatilité persistante des flux de capitaux, des fluctuations des taux de changes, et des questions relatives à l'offre et l'accumulation de réserves", a constaté le Comité.
Mais les mesures décidées dans l'immédiat semblent peu à même d'apaiser ces tensions, au premier rang desquelles la dispute quasi quotidienne sur le niveau de la monnaie chinoise, le yuan, entre la Chine et ses principaux partenaires commerciaux, les États-Unis, l'Europe et ses voisins asiatiques.
D'après les États-Unis, la Chine freine l'appréciation du yuan en achetant des devises étrangères.
Cette issue à l'assemblée annuelle du FMI porte un coup aux espoirs d'apaisement aux frictions générées par les interventions de plusieurs pays pour affaiblir le cours de leur devise. Fin septembre, le Brésil avait parlé de "guerre des changes", une expression qui a fait le tour de la planète.
Pour éviter cette "guerre", le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, s'est proposé de s'impliquer personnellement dans la rédaction des traditionnels rapports annuels sur l'économie de ses grands pays membres.
Ceux-ci comprendront des développements sur les conséquences de leur politique économique (y compris de taux de change) sur les autres pays.
C'est par ce biais que le FMI espère répondre à des questions comme de savoir dans quelle mesure l'injection de milliers de milliards de dollars dans le système financier américain déstabilise les pays qui les voient arriver à leurs frontières, ou le maintien d'un yuan faible détruit l'industrie d'autres pays incapables de concurrencer les prix chinois.
Interrogé pour savoir s'il était "déçu" par le résultat de ces deux rencontres entre ministres des Finances, M. Strauss-Kahn a usé du mot de "coopération". "Ce dont je me suis rendu compte durant ces assemblées annuelles, c'est que -je ne sais pas si je me trompe, ou si les choses ont changé- à l'évidence tous les ministres sont tombés d'accord sur cette idée (...) qu'ils ont besoin d'avancer dans leur coopération, parce que notre économie est mondialisée", a-t-il expliqué. "Il nous faut améliorer notre surveillance systémique et nous le ferons (...) Le fait qu'il y ait eu beaucoup de bruit autour signifie que nous devons accélérer", a-t-il ajouté.
L'homme qui a suscité ce "bruit", le ministre brésilien Guido Mantega, s'est montré plus que sceptique. "Dans l'idéal, il faudrait que nous soyons capables de coopérer et d'éviter des politiques néfastes à nos voisins comme des dévaluations compétitives. En pratique, vu les incertitudes sur l'économie mondiale, les pays émergents et en développement continueront à accumuler des réserves", a-t-il dit devant le CMFI.
AFP/VNA/CVN