>>À la RATP, une grève monstre contre la réforme des retraites
Rassemblement de salariés en grève devant le siège de la RATP, le 13 septembre 2019 à Paris. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Dix lignes de métro sont restées fermées vendredi 13 septembre, tandis que les Franciliens se débrouillaient comme ils pouvaient avec des RER, bus et tramways au compte-gouttes. "Au lieu de prendre la ligne 9, j'ai dû prendre le Uber et le train", soupirait Solveig.
Une telle mobilisation est inédite depuis une précédente réforme des régimes spéciaux en 2007, sous la présidence de Nicolas Sarkozy.
Vendredi soir 13 septembre après 20h00, seules les métros des deux lignes automatiques 1 et 14 doivent circuler. Le trafic doit reprendre normalement à 05h30 samedi 14 septembre, selon la RATP.
Réunis à l'appel de plusieurs syndicats, dont les trois organisations représentatives Unsa, CGT et CFE-CGC, plusieurs centaines d'agents se sont rassemblés le matin devant le siège de la RATP, où les leaders syndicaux ont salué une "réussite".
"La force de cette mobilisation montre bien que ce régime de retraite est au cœur de notre contrat social. À la RATP, c'est un deal entre le nouvel embauché et l'entreprise", a déclaré Thierry Babec de l'Unsa.
Si un salarié de la RATP entre à un niveau de salaire modeste, il est assuré jusqu'à présent d'une retraite calculée sur les six derniers mois de salaire et d'un âge de départ plus précoce que dans le régime général : ainsi, début 2019, un conducteur pouvait partir à 50 ans et 8 mois et un agent affecté aux travaux à 55 ans et 8 mois.
Portillons vides à la station Denfert-Rochereau, le 13 septembre 2019, jour de grève RATP. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le régime spécial de retraite, "c'est du salaire différé" pour compenser "les contraintes et pénibilités" du travail, a lancé Thierry Babec, en plaidant pour "une convergence" des actions "avec tous ceux qui vivent les contraintes du transport, les routiers, les cheminots".
Selon FO, la remise en cause du régime spécial "aurait pour conséquence une baisse de 30%" des pensions à la RATP.
Fabrice Ruiz de la CFE-CGC a évoqué un "taux de grévistes estimé entre 60% et 98% selon les secteurs", non confirmé par la RATP.
Dans un communiqué, les trois syndicats représentatifs réclament au gouvernement "de véritables négociations" et "des garanties concrètes rapidement".
Avocats, hôtesses et pilotes lundi 16 septembre
La grève à la RATP du vendredi 13 septembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Pour les syndicats, la grève à la RATP est le "premier coup de semonce" contre la réforme des retraites.
"C'est pas une grève de privilégiés, c'est une grève de salariés qui disent +on veut avoir une retraite à un âge raisonnable et partir dans des conditions raisonnables+", a estimé sur franceinfo le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez.
Les régimes spéciaux sont appelés à disparaître avec la mise en place du système universel de retraite par points. Le Premier ministre Édouard Philippe a évoqué une entrée en vigueur du régime universel au 1er janvier 2025.
"Nous avons prévu des périodes de transition pouvant aller jusqu'à 15 ans en fonction des différents systèmes, ça veut dire 2040", a-t-il précisé sur TF1 jeudi soir du 12 septembre.
"Le chauffeur de bus du Havre, ou de Bordeaux ou de Metz, il a parfois le même travail que celui de la RATP dans les mêmes conditions, en tout cas avec des contraintes approchantes, et il a un régime de retraite qui n'a rien à voir", avait-il lancé pour justifier un système "plus juste, plus solide, plus transparent".
Entrée de la station République fermée à Paris pour cause de grève RATP, le 13 septembre 2019. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Au lieu de baisser les droits de ceux qui en ont, augmentons les droits de ceux qui n'en ont pas", a rétorqué Philippe Martinez.
D'autres catégories et syndicats vont défiler tout au long du mois de septembre : dès lundi 16 septembre, ce sera le tour des avocats rejoints par les médecins, infirmières, pilotes, hôtesses et stewards.
Jeudi 12 septembre, les personnels d'EDF se mobilisent contre le projet de réorganisation "Hercule", qui signe selon eux la fin du service public de l'électricité, mais aussi pour la sauvegarde du régime de retraite des IEG (industries électriques et gazières).
Les grandes centrales battront le pavé le 21 septembre pour FO et le 24 pour la CGT, rejointe par Solidaires et SUD-Rail: nouvelles perturbations des transports en vue, cette fois à la SNCF.