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Sur le VIH, la PrEP (pour prophylaxie pré-exposition) est plus efficace que le préservatif. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Sur le VIH, la PrEP (pour prophylaxie pré-exposition) est plus efficace que le préservatif", estime Alexandre Aslan, médecin spécialiste des maladies infectieuses.
Ces comprimés composés de deux antirétroviraux bloquent la contamination par le VIH : à Paris, en trois ans, le nombre de nouveaux diagnostics a diminué de 16% - baisse largement attribuée à la mise en place de la PrEP en 2016.
La PrEP, déployée principalement dans la communauté gay considérée à risque, n'a pas vocation à remplacer le préservatif, insistent les autorités sanitaires.
Mais cette pilule que l'on peut prendre tous les jours, ou avant et après des rapports sexuels, "c'est une épée de Damoclès qui a été levée", souligne le Dr. Aslan.
"Pendant 30 ans, j'ai eu une trouille totale après chaque test de dépistage du sida. J'étais terrorisé, même en ayant fait attention. En fait, j'ai eu peur jusqu'à il y a trois ans", résume Michel*, la soixantaine, parmi les premiers "prepeurs".
Au début, "on se demande si ça marche vraiment", raconte Enzo, militant chez Aides d'une trentaine d'années. "Ca prend du temps de déconstruire notre façon de voir la sexualité comme un danger".
Après un rapport à risque, "je ne dormais plus. Je prenais ma température tous les jours. Je faisais huit tests en trois mois", abonde Charline, 32 ans, une des rares femmes à être suivie.
Comme la majorité des personnes interrogées, Charline n'est pas contre le préservatif, seulement cela ne protège pas toujours, dit-elle. "Pour tout ce qui est pénétration, je mettais des capotes. Pour les fellations, non. Et puis il y a toujours le cas de la capote qui craque".
Le sida dans le monde. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
D'autant, rappelle le Dr Aslan, qu'"un préservatif n'est efficace que dans 80% des cas. Ca casse, ça glisse...". Ou un partenaire peut l'enlever sans prévenir.
Michel, qui a toujours été très prudent, regrette néanmoins le jugement moral des contempteurs de la PrEP. "Comme pour la pilule à l'époque, et ceux qui traitaient les femmes de salopes, ils veulent faire passer les prépeurs pour des obsédés qui ne veulent pas mettre de capote. Mais un préservatif ça pète !".
Pour Enzo, "ça fait 15 ans qu'on dit aux gens qu'il faut mettre des capotes, et ça ne marche pas".
Ultra-suivis
"L'odeur, la texture... j'ai eu un rapport compliqué au latex", dit Jason 29 ans, "l'aspect barrière du préservatif ça distrait, l'érection n'est pas pareille".
Jason n'avait "pas très souvent" de relations sans préservatif, mais "avait peur". Lui qui a arrêté la PrEP depuis qu'il est engagé dans une relation stable, avait pris le traitement comme une façon "de profiter de ma sexualité, de me libérer d'un poids. D'avoir une sexualité sans capotes, sans me sentir irresponsable".
Quant à l'accusation de favoriser la propagation des infections sexuellement transmissibles (IST), tous la balayent d'un revers de main, médecins compris.
"L'augmentation des cas d'IST diagnostiqués a démarré bien avant l'introduction de la PrEP en France, tout comme la moindre utilisation du préservatif et l'augmentation de certaines pratiques à risque", rappellent dans une tribune plusieurs personnalités dont Dominique Costagliola, directrice de recherche à l'INSERM et Françoise Barré-Sinoussi, prix Nobel de médecine 2008 et présidente de Sidaction.
D'autant que les prescriptions de PrEP se délivrent tous les trois mois lors d'une consultation qui comprend des dépistages d'IST.
Certains utilisateurs soulignent aussi qu'ils sont beaucoup plus suivis que d'autres. "Qui, à part nous, fait 4 tests complets, par an ?", interroge Michel.
Charline s'est aussi rendue compte que certains de ses partenaires n'avaient pas fait de dépistage "depuis 15 ans". Et pour Enzo, "on ne va quand même pas sérieusement comparer des IST à une épidémie qui a fait 35 millions de morts ?"