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Édouard Philippe, le 12 septembre, au Conseil économique, social et environnemental. |
À la veille d'une journée de blocage dans les transports parisiens, le Premier ministre Édouard Philippe a avancé avec d'infinies précautions sur le sujet, en égrenant devant le Conseil économique, social et environnemental les gages apportés par l'exécutif, avant de réitérer ses explications au JT de TF1 dans la soirée.
La méthode : "plus d'écoute, plus de dialogue avec les corps intermédiaires", et "dire la vérité aux Français", a assuré Édouard Philippe.
Le calendrier : il s'agissait de répondre au procès en immobilisme instruit notamment par les oppositions, qui soupçonnaient l'exécutif de vouloir temporiser après déjà 18 mois de consultations et un rapport remis mi-juillet par le haut-commissaire Jean-Paul Delevoye.
Ainsi, le projet de loi qui définira le nouveau système universel par points et les générations concernées devra être voté au Parlement "d'ici la fin de la session parlementaire de l'été prochain", soit juillet 2020, a annoncé M. Philippe.
Mais dans cet intervalle, l'exécutif veut multiplier les discussions car "la réforme n'est pas écrite", a-t-il insisté.
Des "consultations citoyennes", dans l'esprit du grand débat, s'étaleront de fin septembre à "la fin de l'année", via des réunions publiques et une plateforme numérique.
En parallèle, des concertations avec les partenaires sociaux "vont commencer dès la semaine prochaine" et "dureront jusqu'au début du mois de décembre". Elles porteront notamment sur "l'importante question de l'âge (de départ) et de la durée (de cotisation)" et sur le "pilotage financier du système" pour le ramener à l'équilibre d'ici 2025, date d'entrée en vigueur du nouveau système.
Catégories professionnelles
Un délai plutôt court mais "on peut y arriver", estime Dominique Corona, secrétaire national de l'Union nationale des syndicats autonomes (UNSA). Son homologue de la CFDT, Frédéric Sève, juge également que le calendrier est "peut-être" tenable. "Tout dépend de ce qu'on devra mettre dans la loi et de ce qui relèvera de textes réglementaires", explique-t-il.
"Le projet va être débattu et sera connu avant les municipales" de mars 2020, a assuré M. Delevoye jeudi lors d'un colloque à Lille. Le haut commissaire veut profiter de cette période pour "lever les inquiétudes injustifiées" et trouver "des solutions pour chaque profession".
Une réponse à la crainte de Bernadette Groison (FSU), qui veut approfondir "le sujet de la fonction publique et en particulier des enseignants".
Mais aussi aux avocats, qui s'attendent à une mobilisation "extrêmement forte" lundi 9 septembre lors d'une manifestation parisienne à laquelle se joindront des médecins, infirmières, kinés, pilotes de ligne, hôtesses et stewards.
Les représentants des catégories professionnelles "impactées par la réforme" seront justement reçus "d'ici le 15 octobre" par M. Delevoye et les ministres concernés "pour dresser un état des lieux précis et chiffré et pour se fixer un calendrier de travail", a indiqué M. Philippe.
Valeur du point
Sur les détails les plus sensibles de la réforme, M. Philippe s'est voulu rassurant.
La question clé de la prise en compte de l'âge ou de la durée de cotisation, pour un départ à la retraite à taux plein, source de confusion au sein même de l'exécutif, peut "faire l'objet d'un débat serein" guidé par le seul objectif de "justice", veut croire M. Philippe. Tout en ajoutant que "l'idée de travailler plus longtemps n'est plus taboue".
Idem pour les "inquiétudes (...) légitimes" entourant la définition de la valeur du point, qui conditionnera le montant des pensions et dont la gouvernance pourrait être partagée avec les partenaires sociaux.
Le Premier ministre a aussi répété que les dimensions de pénibilité et de danger seraient intégrées, qu'une mission était engagée sur le maintien des seniors dans l'emploi, que des "solutions existent" pour prévenir les effets de seuil pour certaines catégories professionnelles...
Quant à la transition des 42 régimes existants vers le futur système unique, elle ne se fera pas tant que le "chemin ne sera pas tracé", a assuré M. Philippe, qui vise une entrée en vigueur "à partir du 1er janvier 2025".
De quoi apaiser les tensions ? Après un vendredi noir 13 septembre dans le métro parisien et la mobilisation des avocats lundi 16 septembre, Force ouvrière prévoit un rassemblement le 21 septembre à Paris, quand la CGT, Solidaires et Sud-Rail défileront ensemble le 24 septembre.
Et selon un sondage Odoxa pour Franceinfo et Le Figaro, 72% des Français ne font pas confiance au Premier ministre pour "proposer une bonne réforme des retraites".
AFP/VNA/CVN