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Des usagers sur le quai de la station Châtelet, à Paris, pendant une grève de la RATP en novembre 2007. |
Avec dix lignes de métro fermées, d'autres "partiellement ouvertes", une poignée de RER uniquement aux heures de pointe et seulement un tiers des bus en circulation, le trafic sera "extrêmement perturbé", a prévenu la direction de la RATP.
"Un premier coup de semonce", avertissent de leur côté les syndicats qui ont appelé à la grève, dont les trois organisations représentatives, Unsa, CGT et CFE-CGC. Ils ont décrété la "mobilisation générale" contre la réforme des retraites et pour le maintien du régime spécial des agents de la régie des transports parisiens.
Les syndicats soulignent que ce régime tient compte des "contraintes spécifiques" et des "pénibilités liées à (leur) mission de service public". Un dispositif appelé à disparaître avec la mise en place du "système universel" de retraite par points voulu par le président Emmanuel Macron.
Leur grève se tiendra au lendemain d'un discours du Premier ministre Édouard Philippe, qui a tenté jeudi 12 septembre de "lever les inquiétudes, les malentendus" sur cette réforme. Devant le Conseil économique, social et environnemental (Cese), il a exhorté à la "confiance", promis la "justice" et s'est engagé à "plus d'écoute, plus de dialogue".
À la RATP, ce sera la plus forte mobilisation depuis la grève du 18 octobre 2007, déjà contre une réforme des régimes spéciaux de retraite, sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Ce jour-là, où les cheminots de la SNCF étaient aussi en grève, le réseau RATP avait été quasiment paralysé.
La mobilisation massive attendue vendredi 13 septembre "montre le niveau de mécontentement des agents de la RATP", a relevé le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, jeudi 12 septembre sur RTL.
"Prise de conscience"
Dans l'entreprise, "les agents sont très inquiets", a dit Thierry Babec, secrétaire général de l'Unsa - RATP, premier syndicat de la régie.
"Nous voulons le maintien des garanties spécifiques de notre régime de retraite" car, "pour nous, la seule compensation réelle aux contraintes du service public, comme le travail le week-end, la nuit, c'est la retraite", a-t-il expliqué.
Avec le régime universel, "on n'aura plus de compensation", a-t-il critiqué.
"C'est la réforme de trop. Il y a une prise de conscience des salariés", a estimé Bertrand Hammache, secrétaire général de la CGT - RATP (deuxième syndicat).
Et cette réforme arrive dans une entreprise "en pleine transformation", avec l'arrivée de la concurrence fin 2024, ainsi qu'un "plan de productivité" entraînant des suppressions de postes et "l'intensification du travail pour ceux qui restent", a-t-il déploré.
Prévisions des perturbations sur le réseau RATP pour la grève du 13 septembre contre la réforme des retraites qui supprime le régime spécial de la RATP. |
Pour la CFE-CGC (troisième organisation), avec cette réforme, "les salariés ont beaucoup à perdre" et "les encadrants seront particulièrement pénalisés".
"Le régime de retraite fait partie du contrat social" entre l'entreprise et ses salariés, il ne doit pas être "remis en cause sans compensation", souligne le syndicat des cadres, qui veut avec la grève "peser sur les négociations à venir".
Négocier dans quelles conditions ? Le Premier ministre a répété jeudi 12 septembre que les facteurs de pénibilité et de danger seraient intégrés au projet de loi de la réforme. Un texte qui sera voté d'ici "l'été prochain".
Auparavant, se tiendront des "consultations citoyennes", jusqu'à la fin de l'année, et des concertations avec les partenaires sociaux, "jusqu'au début du mois de décembre".
Mais les opposants à la réforme n'attendront pas. Lundi 16 septembre, les avocats, avec les pilotes de ligne, hôtesses de l'air, stewards et professions médicales, manifesteront à Paris pour défendre leurs régimes "autonomes" de retraite complémentaire.
FO rassemblera contre la réforme le 21 septembre dans la capitale, avant la Journée nationale d'action organisée le 24 septembre par la CGT, rejointe par Solidaires et SUD-Rail.
AFP/VNA/CVN