>>Grèce : Tsipras s'allie avec la droite souverainiste contre l'austérité
>>Les Grecs donnent le pouvoir à Syriza, avec l'espoir d'en finir avec l'austérité
L'indice général de la Bourse d'Athènes a ainsi perdu 9,24% mercredi 28 janvier, et les banques un quart de leur valeur (-26,67%), tandis que l'obligation grecque à 10 ans est repassée au-dessus de 10%.
Le Premier ministre grec Alexis Tsipras (droite) et le vice-Premier ministre Giannis Dragasakis assistent, le 28 janvier au premier conseil des ministres à Athènes |
M. Tsipras, comme son ministre des Finances, Yanis Varoufakis, ont soufflé le chaud et le froid, le premier en installant le conseil des ministres pour la première fois, le second lors de sa passation de pouvoir avec son prédécesseur conservateur, Guikas Hardouvelis.
Toujours sans cravate, comme la majorité des ministres de ce gouvernement issu de la gauche radicale, mais grave, M. Tsipras a déclaré en ouvrant le premier conseil des ministres qu'il s'estimait à la tête d'un gouvernement "de salut national", prêt à "verser son sang" pour restaurer "la dignité des Grecs".
Cette perte de "dignité" a régulièrement été imputée par Syriza aux contraintes imposées à la Grèce depuis l'entrée en vigueur des programmes d'aide, en 2010, et dont le nouveau gouvernement prétend s'affranchir, tout comme il exige une renégociation de la dette du pays.
Pas de rupture désastreuse
M. Tsipras a d'emblée évoqué parmi "les priorités", une "nouvelle renégociation avec nos partenaires pour trouver une solution juste, viable et mutuellement utile". Il a assuré vouloir à la fois éviter "une rupture désastreuse réciproque" avec les partenaires de la Grèce et mettre fin à "la politique de soumission" du pays.
M. Varoufakis pour sa part a réaffirmé que son pays allait "tourner la page de la politique d'austérité", mais "ne voulait pas de duels" entre la Grèce et l'Europe : au contraire, "une nouvelle relation de confiance et de sincérité".
Mais toute la journée, au fur et à mesure des discours de passation de pouvoir, les ministres ont multiplié des annonces qui n'étaient pas faites pour rendre l'UE très confiante, faisant état chacun son tour de l'intention de mettre en œuvre un catalogue de mesures préconisées par Syriza.
La première a été l'arrêt de la privatisation prévue du port du Pirée et de celui de Thessalonique, ou de la compagnie d'électricité DEI. Mais ont suivi dans la journée la hausse du salaire minimum, la réintégration de plusieurs milliers de fonctionnaires, le relèvement des pensions des retraités les plus pauvres...
Symboliquement, le gouvernement a aussi annoncé la réintégration des femmes de ménage de l'administration des Finances du pays, mises en disponibilité il y a un an et demi et qui depuis avaient installé un campement devant le ministère à Athènes, devenant la mascotte des "anti-austérité".
Autant d'annonces de nature à écœurer les experts de la troïka (BCE, UE, FMI), au moment où l'UE doit justement verser fin février à la Grèce les 7 derniers milliards de son plan d'aide, mais à la condition expresse que les réformes en cours aient abouti et que la Grèce observe un régime budgétaire strict.
Or ni M. Tsipras ni son ministre des Finances n'ont paru mercredi 28 janvier accorder la moindre importance à l'échéance de février.
En conséquence, les marchés ont perdu pied : l'obligation à dix ans de la Grèce est repassée au-dessus de 10% et les banques se sont effondrées, la Banque nationale de Grèce cédant 25,45%, la Banque du Pirée 29,26%, Eurobank 25,93% et Alpha 26,76%.