Grandes inquiétudes sur l'inflation de la population, des particuliers comme entreprises

L'augmentation du prix du pétrole, de l'électricité et le relèvement du salaire de base ont entraîné une augmentation des prix de plusieurs produits. D'où une inflation plus élevée et des difficultés pour les particuliers comme les entreprises. Le Docteur Trân Hoàng Ngân, membre du Conseil consultatif national sur les politiques financières et monétaires, a accordé un entretien au journal Le Courrier du Vietnam sur les causes et solutions à apporter à ces problèmes.

* Le Vietnam connaît une inflation élevée depuis assez longtemps et celle-ci peut encore s'aggraver. Quelles en sont les causes, et quelles mesures le gouvernement envisage-t-il ?

L'inflation n'est pas nouvelle au Vietnam en effet, et nous ne la maîtriserons pas encore durant un certain temps, du fait de ses causes, nombreuses et multiples : facteurs internes comme externes, structurels comme non structurels...

En fait, on peut dire que l'inflation résulte de facteurs externes pour un tiers, et d'internes pour deux tiers. Pour les premiers, la reprise molle de l'économie mondiale après une sévère récession et l'augmentation des cours mondiaux durant 2010 ont généré une inflation supérieure à 4%. Quant aux seconds, ils sont pour les plus importants d'entre eux l'inefficience de l'emploi des capitaux, la croissance des dépenses publiques et du déficit public, le déficit de la balance du commerce extérieur...

Actuellement, c'est ce dernier qui est préoccupant compte tenu de la nature de notre économie... Les importations qui demeurent élevées n'ont pas encore permis d'atteindre l'objectif de limiter celles-ci en montant à 16% au plus des exportations avant de commencer à équilibrer notre commerce extérieur. Sur ce point, les mesures effectives seraient d'instituer dans la mesure du possible des barrières tarifaires afin de contrôler les importations, notamment de produits qui sont ou peuvent être fabriqués par notre pays.

S'agissant de réduire l'inflation, le Vietnam n'en est pas encore là. Généralement, en ce domaine, il est incontournable de la maîtriser qu'avant de la diminuer. Et pour ce, seule une politique économique générale et s'inscrivant dans le long terme permet d'aboutir à de tels objectifs. Cette année donc, seule la maîtrise est poursuivie, dans les quelques années à venir nous pourrons ensuite poursuivre sa diminution. Le gouvernement a défini un train de mesures et de politiques financière et monétaire de rigueur dans la résolution No11 du 24 février 2011, relative à la maîtrise de l'inflation, à la stabilisation de l'économie nationale, et à l'assurance du bien-être social, qui à ce jour est mise en œuvre de manière satisfaisante puisqu'elle produit ses premiers effets.

* L'augmentation des prix contribue à l'inflation, que peut-on faire pour maîtriser l'évolution des prix ?

L'augmentation des prix dans le monde exerce une influence directe sur notre pays. Nous devons contrôler et gérer correctement leur évolution. Je considère que pour éviter l'augmentation des prix et plus largement maîtriser l'inflation, nous devons créer un réseau de distribution complet que ce soit de gros, demi-gros ou de détail, et ce sur l'ensemble du territoire, ce qui permettra de mieux contrôler ce secteur. Toutefois, c'est une tâche d'ampleur et d'ici là, gestion et contrôle des prix ne peuvent être pleinement effectifs de sorte que nous devons définir d'autres mesures transitoires et d'effet immédiat.

* La hausse des prix ayant une incidence directe sur la production, que compte faire le gouvernement pour soutenir les entreprises ?

Les entreprises vietnamiennes empruntent des fonds à des taux d'intérêt trop élevés, de 22% jusqu'à 27%, et celles qui ne peuvent supporter un telle charge financière sont obligées de réduire leur production ou leur masse salariale, quand ce n'est pas tout simplement de mettre la clé sous la porte... Ce qui à son tour génère de l'inflation, et une stagnation de notre économie, sans compter que c'est aussi une belle opportunité de prise de parts de marché pour les produits étrangers. Le gouvernement devrait d'abord prendre des politiques de soutien des débiteurs malheureux, en imposant aux banques des mesures telles que report d'échéances, remises d'inté-rêts, etc.

Plus généralement, il doit aussi discipliner les banques commerciales qui, pour être franc, ne respecte la réglementation qu'avec légèreté. Aujourd'hui, on en voit qui mobilisent l'épargne nationale grâce à la pratique de taux de 17-18%, alors que les circulaires de la Banque d'État ne donnent pas la même mesure... Le gouvernement devrait donc les contrôler plus strictement, et la banque d'État fournir des fonds à 14% le taux d'intérêt pour les banques commerciales. Ce sont selon moi les deux actions à mener dans l'immédiat afin d'aider nos entreprises.

* Dans le contexte actuel, de nombreuses entreprises étrangères se soucient de la question de l'investissement au Vietnam. Que devrait faire le gouvernement pour améliorer cette situation, de sorte que l'environnement d'investissement du pays reste attrayant ?

L'attirance de l'investissement étranger dépend et exige de nombreux facteurs : environnement commercial transparent, stabilité macro-économique, procédures administratives simplifiées, qualité des infrastructures. Au Vietnam, la stabilité politique et sociale, les ressources abondantes, le tarif alléchant de l'électricité et de la main-d'œuvre sont autant d'atouts pour le Vietnam dans l'attrait des investissements. Cependant, lorsque ces facteurs n'existent plus, il en va de même pour l'attrait d'un pays, le Vietnam compris. Donc, le gouvernement devrait garantir une législation claire, simplifier les procédures administratives, lutter contre la corruption, améliorer les infrastructures, stabiliser la macro-économie.

Cependant, nous ne pouvons pas faire n'importe quoi pour attirer l'investissement étranger. Ces dernières années, de nombreuses entreprises étrangères ont déclaré des pertes, ce qui entraîne une fausse concurrence entre entreprises nationales et étrangères. Par conséquent, les organismes doivent procéder à des contrôles réguliers pour éviter l'évasion fiscale.

Le Vietnam n'attire pas les investissements étrangers à n'importe quel prix. Il donne la priorité aux hautes technologies et à la formation des ressources humaines, en limitant l'investissement dans l'immobilier.

Dang Huong/CVN

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