Gouvernement allemand : week-end de pourparlers décisif pour Merkel

Angela Merkel et son camp conservateur lancent samedi 18 novembre un ultime week-end de négociations marathon pour tenter d’arracher un accord de principe visant à former un gouvernement et éviter ainsi à l’Allemagne une crise politique majeure.

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Angela Merkel fait une déclaration en venant participer à Berlin à des pourparlers pour former une coalition de gouvernement, le 16 novembre 2017.
Angela Merkel fait une déclaration en venant participer à Berlin à des pourparlers pour former une coalition de gouvernement, le 16 novembre 2017.
Photo : AFP/VNA/CVN

La chancelière au pouvoir depuis 2005 a certes remporté fin septembre les élections législatives dans la plus grande économie européenne mais avec un score décevant, du fait notamment de la percée de l’extrême droite, qui la prive de majorité évidente.

Depuis plus d’un mois, elle négocie une coalition a priori contre nature entre son parti, lui-même écartelé entre aile modérée et très conservatrice, les Libéraux du FDP, pro-business et aux tendances eurosceptiques, et les écologistes europhiles.

Une première date-butoir pour parvenir à un résultat a été dépassée jeudi soir 16 novembre. La deuxième, et probablement dernière, a été fixée à dimanche soir 19 novembre.

"Il est clair pour tout le monde que nous devons avoir terminé dimanche 19 novembre à 18h00" (17h00 GMT), a martelé l’une des figures du FDP, Wolfgang Kubicki, à l’issue du round de négociations de vendredi, qui s’est achevé dans la soirée sans avancée visible.

"Épreuve"

Beaucoup de points demeurent conflictuels, mais "si vous me demandez si nous allons y arriver, je vous répondrais oui", a-t-il ajouté. Angela Merkel, qui détient un record de longévité au pouvoir en Europe et a déjà vu passer quatre présidents français, joue gros.

Elle doit affronter son "épreuve la plus difficile", juge le quotidien Süddeutsche Zeitung. Les médias allemands ont relevé non sans ironie que la chancelière avait à son agenda une rencontre prévue lundi 20 novembre à Berlin avec son homologue néerlandais Mark Rutte et se demandent si elle entend lui demander conseil: il a fallu plus de 200 jours au dernier gouvernement de coalition aux Pays-Bas pour être formé, un record national.

Faute d’accord sur une coalition, le risque de nouvelles élections serait grand : Angela Merkel n’a pas d’autres partenaires possibles à la chambre des députés pour former une coalition majoritaire et elle a exclu de prendre la tête d’un gouvernement minoritaire.

"La chancelière a déjà perdu" avec ces tractations qui traînent en longueur et "un échec des négociations lui porterait un énorme préjudice", estime le politologue allemand Albrecht von Lucke sur la chaîne de télévision n-tv.

En cas de nouveau scrutin, elle n’aurait en effet aucune garantie de pouvoir se maintenir à la tête de son parti démocrate-chrétien, tant la contestation contre son cap centriste est importante suite à l’arrivée de plus d’un million de migrants depuis 2015 et à la poussée de l’extrême droite.

De nouvelles élections constitueraient une première dans l’Allemagne d’après-guerre. Et au vu des sondages, l’extrême droite de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) pourrait en profiter pour se renforcer encore.

Plusieurs points divisent les quatre formations, à commencer par l’immigration, sujet de discorde majeur dans le pays depuis l’arrivée en nombre des réfugiés.

Conservateurs et libéraux veulent un plafond de 200.000 demandeurs d’asile par an, refusé par les Verts qui réclament eux une reprise des regroupements familiaux pour les réfugiés n’ayant qu’un titre de séjour d’un an renouvelable.

"Paralysie"

Les chrétiens-sociaux bavarois (CSU), alliés de Mme Merkel, rejettent en retour ces regroupements. Ils en font une question de principe au moment où leur domination électorale sans partage en Bavière est menacée par l’AfD, et que s’y profilent des élections régionales dans un an.

Les débats achoppent aussi sur la politique environnementale, que les Verts ne trouve pas assez ambitieuse. Autre pomme de discorde: l’Europe. Les Verts se disent favorables aux propositions du président français Emmanuel Macron, notamment la création d’un budget de la zone euro, idée qui fait bondir les Libéraux. Le patron des sociaux-démocrates, Martin Schulz, promet des lendemains qui déchantent.

Profondément divisée, la future coalition sera incapable d’agir, ce qui affaiblira l’Allemagne sur la scène européenne et nourrira "la paralysie" au sein de l’UE, a prédit vendredi 17 novembre l’ancien président du Parlement européen.


AFP/VNA/CVN

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