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Photo prise le 16 novembre 2017 montrant le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian (gauche) et le Premier ministre libanais démissionnaire Saad Hariri à Ryad. |
Photo prise le 16 novembre 2017 montrant le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian (gauche) et le Premier ministre libanais démissionnaire Saad Hariri à Ryad. Photo : AFP/VNA/CVN |
Âgé de 47 ans, l'homme d'affaires corpulent au visage souriant et à la barbe noire a passé la plus grande partie de sa vie à l'étranger, notamment en Arabie saoudite, où son père avait fait fortune.
Il est propulsé sur la scène politique libanaise presque malgré lui, lorsque sa famille lui demande en 2005 de reprendre le flambeau du patriarche, le très charismatique et ex-Premier ministre Rafic Hariri, assassiné en 2005 dans un attentat qui a plongé le Liban dans la tourmente.
Il se lance alors dans une bataille politique délicate, se voyant obligé de composer avec le Hezbollah tout en essayant de limiter l'influence du mouvement chiite. Mais il n'a jamais réussi à dompter cette formation, la seule à avoir gardé ses armes après la fin de la guerre civile au Liban (1975-1990).
Débuts hésitants
Nommé Premier ministre à deux reprises, une première fois en 2009, une seconde en novembre 2016, M. Hariri s'est progressivement transformé en un tribun aguerri, capable de soulever l'enthousiasme de ses partisans de la communauté sunnite.
À ses débuts, ses détracteurs raillaient son arabe hésitant. Lors de ses apparitions médiatiques, M. Hariri, qui détient également la nationalité saoudienne, adopte toujours un ton mesuré, s'exprimant d'une voix calme.
Les cheveux gominés plaqués en arrière, il troque parfois ses costumes aux couleurs sombres pour une tenue de sport plus décontractée, notamment lorsqu'il participe au marathon de Beyrouth. Il aime cuisiner, et organise souvent des dîners pour son entourage, selon ses proches.
À la tête du géant de la construction Saudi Oger --aujourd'hui criblé de dettes--, il est accusé d'avoir licencié ou cessé de payer des milliers d'employés depuis que la baisse des cours du pétrole, principale recette de l'Arabie saoudite, a fait réduire comme peau de chagrin les grands projets de construction dans le royaume.
À la surprise générale, même au sein de son propre camp, M. Hariri annonce sa démission le 4 novembre depuis l'Arabie saoudite, dénonçant la "mainmise" de l'Iran et du Hezbollah sur le Liban.
Après sa démission, il a démenti toute limitation à sa liberté de mouvement dans le royaume et qualifié le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane de "frère". Mais depuis quelques années, la presse libanaise évoque des tensions entre le clan du roi Salmane et Saad Hariri, dont la famille était la protégée de l'ancien roi Abdallah.
En démissionnant, M. Hariri avait annoncé: "Je sens que ma vie est visée", lance-t-il, comparant la situation au Liban à celle qui prévalait avant l'assassinat de son père dans un attentat à Beyrouth.
Dilemme cornélien
L'assassinat de son père a poussé des milliers de Libanais à manifester dans la rue appelant au retrait des troupes syriennes du Liban, présentes depuis 29 ans. Après le retrait effectif des troupes de Damas, le courant hostile à Bachar al-Assad, dont M. Hariri prend la tête, gagne les législatives en 2005 et 2009.
Mais il s'est retrouvé face à un dilemme cornélien: composer un gouvernement avec son grand rival, le Hezbollah -dont cinq membres ont été accusés d'implication dans l'assassinat de son père- ou faire face au risque d'une nouvelle guerre civile. Son premier "gouvernement d'union" rend l'âme en 2011 après la démission des ministres du camp du Hezbollah.
Saad Hariri quittera alors le Liban durant de longues années, pour des questions de "sécurité" avancent ses proches, avant de redevenir Premier ministre fin 2016 et de former de nouveau un gouvernement avec le Hezbollah.
Licencié en économie de l'université américaine de Georgetown (Washington), Saad Hariri, est marié à une Syrienne, Lara Bachir el-Azm, qui vit avec leurs enfants en Arabie saoudite. Le couple a trois enfants.
Des proches de lui avaient confié à l'AFP qu'il a toujours gardé sa famille en Arabie saoudite pour des raisons de sécurité, considérant le royaume comme sa deuxième patrie.