Syrie : l'entente USA-Russie déjà en difficulté avant de nouveaux pourparlers

L'entente embryonnaire entre Vladimir Poutine et Donald Trump sur le sort de la Syrie est déjà mise à l'épreuve, après un clash à l'ONU et avant une série de réunions internationales déterminantes pour l'avenir de cette coopération.

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Les présidents russes Vladimir Poutine (gauche) et américain Donald Trump (droite) conversent lors du Sommet de l'APEC, le 11 novembre 2017 à Dà Nang.
Les présidents russes Vladimir Poutine (gauche) et américain Donald Trump (droite) conversent lors du Sommet de l'APEC, le 11 novembre 2017 à Dà Nang. Photo : AFP/VNA/CVN

Les présidents russe et américain ont publié le 11 novembre un communiqué conjoint sur le conflit syrien, fait rare tant les relations entre Washington et Moscou sont mauvaises.

"Pas de solution militaire" et soutien à une "solution politique" via le "processus de Genève" sous l'égide de l'ONU, ont-ils déclaré. C'est peu, mais c'était un début pour les deux puissances engagées militairement en Syrie mais en désaccord total sur le soutien russe au régime de Bachar al-Assad.

La déclaration commune, qui ne fait d'ailleurs pas mention du sort réservé au dirigeant syrien, principal point de discorde, a été accueillie avec scepticisme aux États-Unis. "Trop beau pour être vrai", a ironisé le Washington Post, estimant que le maître du Kremlin "ne tient jamais compte des accords conclus". Pour le Wall Street Journal, "six années de conflit en Syrie nous ont appris que seule la réalité militaire du terrain déterminera les paramètres d'une future paix", or "M. Poutine est en train de gagner".

Rapidement, le texte conjoint a donné lieu à "une passe d'armes sur l'interprétation" sur son point le plus sensible, la zone de "désescalade" des tensions dans le sud de la Syrie, relève Joseph Bahout, chercheur au Carnegie Endowment for International Peace à Washington. "Les Américains disent que les Russes se sont engagés à éloigner l'Iran et ses alliés des frontières israélienne et jordanienne, mais les Russes répondent que les Américains n'ont rien compris", résume-t-il.

Le double veto de Moscou, jeudi 16 novembre et vendredi 16 novembre au Conseil de sécurité des Nations unies, contre une résolution américaine pour prolonger le mandat des experts internationaux enquêtant sur les armes chimiques en Syrie est donc venu envenimer un climat déjà tendu. Une contre-proposition russe a également été rejetée.

Mauvais augure

"La Russie démontre qu'elle n'est ni digne de confiance ni crédible dans le processus vers une solution politique en Syrie", a tranché l'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU Nikki Haley, semblant déjà remettre en cause les bienfaits de la déclaration Trump-Poutine.

"La Russie a donné une fois de plus la priorité à la protection du régime Assad", a renchéri la porte-parole du département d'État américain Heather Nauert.

Des déclarations de très mauvais augure à l'approche d'une nouvelle série de discussions sur l'avenir politique de la Syrie, alors que la guerre pour regagner les territoires conquis par le groupe jihadiste Etat islamique est en passe d'être couronnée de succès.

D'autant que cinq jours seulement après avoir réaffirmé avec Donald Trump son attachement au processus de Genève, dont le prochain round de tractations est prévu le 28 novembre, Vladimir Poutine a convoqué un sommet concurrent avec ses partenaires du processus d'Astana, au sein duquel les Américains ne sont qu'observateurs: les présidents turc, iranien et russe se réunissent mercredi dans la station balnéaire russe de Sotchi.

"Tout ce que font les Russes, c'est pour vider Genève de sa substance et le remplacer par un processus dont ils ont la maîtrise totale", estime Joseph Bahout. "Du coup, c'est le ping-pong, les Américains ont encouragé l'Arabie saoudite à réunir à nouveau l'opposition syrienne à Ryad", de mercredi 15 novembre à vendredi 17 novembre, ajoute le chercheur.

Les États-Unis croient-ils donc toujours que la Russie est leur partenaire dans le processus de Genève? "Je ne sais pas", a reconnu vendredi 17 novembre la porte-parole de la diplomatie américaine.

Pour Heather Nauert, "il y a beaucoup de points sur lesquels nous ne sommes pas sur la même longueur d'ondes avec la Russie, mais il a des points sur lesquels nous le sommes", comme le cessez-le-feu instauré durant l'été dans le sud-ouest de la Syrie et la volonté de l'élargir à une autre zone.

D'autant que Washington a peu d'alternatives.

Selon des diplomates occidentaux, on reconnaît en privé, dans les hautes sphères de l'administration américaine, que Bachar al-Assad et Vladimir Poutine, soutenus par l'Iran, ont remporté de fait la guerre il y a déjà deux ans, et ne font désormais que consolider leur victoire.

"Nous avons dit clairement que nous n'allons pas travailler avec le régime al-Assad, nous n'allons bien évidemment pas travailler avec les Iraniens", soupire un haut responsable du département d'État américain. "Donc nous devons trouver le moyen de travailler avec la Russie là où c'est possible."


AFP/VNA/CVN

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