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L'acteur français Franck Desmedt lors de la 30e cérémonie des Molières Salle Pleyel à Paris. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
L'artiste à double casquette incarne actuellement dans le off d'Avignon Joseph Kessel dans un seul en scène haletant qui retrace les grands moments du romancier, aventurier, reporter et résistant. "Les grands témoins du XXe siècle, ces gens qui ont vécu 1.000 vies en une, me fascinent", affirme l'acteur au jeu magnétique et à la diction parfaite.
Il avait captivé le public, également seul en scène, dans des adaptations de Voyage au bout de la nuit de Céline (2018), Tempête en juin d'Irène Némirovsky (2019) et surtout La promesse de l'aube de Romain Gary (2021) pour laquelle il a été nommé aux Molières. Il rêve d'incarner un jour Saint-Exupéry.
"Fil imaginaire"
Avant cela, il acquiert une notoriété en décrochant en 2018 le Molière du comédien dans un second rôle pour Adieu monsieur Haffmann, pièce à succès où il joue un officier nazi glaçant sous une apparente bienveillance.
"Le seul en scène, c'est comme si vous aviez un fil imaginaire tendu entre l'acteur et le public et il faut faire en sorte que ce fil soit toujours tendu; tout doit être intense", explique le comédien de 50 ans.
Il manie tout aussi bien les silences, "ces sauts dans le vide qui happent le public". "À la télé, les silences n'existent pas ; à la radio, ça serait un scandale; on est le dernier lieu où on peut oser ne rien dire", dit-il.
Son jeu est si intense et concentré que cette semaine, en pleine représentation de Kessel-la liberté à tout prix au Théâtre Actuel à Avignon (qui reprendra à Paris au lucernaire fin août), il n'a pas cillé lorsqu'un spectacle retardataire et visiblement perdu et entré des coulisses et a traversé la scène pour rejoindre la salle.
Né le 23 avril 1973 près du bassin d'Arcachon, Franck Desmedt n'était pourtant pas un garçon très concentré. "J'étais un élève assez indiscipliné et à 13 ans, ma prof de français m'a dit +tu vas aller faire du théâtre, ça va te calmer", sourit-il.
Au départ réticent car le théâtre était un "truc d'intello", il découvre très tôt "la puissance des mots" en faisant rire le public.
Formé au Cours Simon puis au Conservatoire, où les cours de diction le faisaient "suer", il a mis en scène et joué dans plusieurs pièces de Molière, avant de s'orienter plus vers des adaptations d'oeuvres littéraires.
À la tête de la Huchette depuis 2015, il a dépoussiéré cette scène en y ajoutant des spectacles musicaux. Le théâtre accueille La Cantatrice chauve et La Leçon d'Ionesco sans interruption depuis 1957, détenant le record du monde du spectacle joué sans interruption dans un même lieu.
"Sur les Ionesco, on reçoit beaucoup de scolaires, d'étrangers et de gens qui sont venus petits et viennent maintenant avec leurs enfants ou leurs petits-enfants.", ajoute-t-il. "Pour le troisième spectacle à 21h00, il a fallu un projet radicalement différent".
Franck Desmedt, qui gère sa double carrière en "cloisonnant énormément", estime que l'un des problèmes actuels, y compris à Avignon, est que l'on "met à la tête des théâtres des gens qui n'ont pas l'expérience du plateau : si vous n'avez qu'un gestionnaire, le théâtre sera au service de la comptabilité".
Il ne s'inquiète pas pour l'avenir de son art, tout en faisant remarquer que "les gens sont furieux quand ils voient une mauvaise pièce de théâtre, alors qu'ils pardonnent plus facilement au cinéma".
"Le théâtre, c'est la vie, en mieux. On y trouve des choses qui nous touchent, nous font pleurer ou rire; c'est un condensé de vie. Qu'est-ce qui peut remplacer ça ?", résume-t-il.
AFP/VNA/CVN