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Le metteur en scène Thomas Jolly à la 34e Nuit des Molières le 24 avril. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Cette 34e édition a été marquée par une prise de parole de la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, présente dans la salle. Elle a défendu son bilan face à deux artistes qui l'ont interpellée sur scène concernant la réforme des retraites.
Juste avant la soirée, quelques dizaines de manifestants équipés de casseroles et de poêles s'étaient rassemblés devant le Théâtre de Paris pour protester contre la réforme, à l'appel de la CGT Spectacle.
La cérémonie a également été marquée par l'hommage de la dramaturge franco-iranienne Aïda Asgharzadeh à la "révolution en Iran", enjoignant la salle à danser brièvement en soutien à cinq femmes détenues pour avoir dansé en "crop top" et dont la vidéo - devenue virale sur TikTok - a été diffusée sur un écran géant.
Mme Asgharzadeh a été récompensée du prix de la meilleure autrice francophone vivante pour sa pièce Les poupées persanes, qui s'inspire librement de l'histoire de ses parents, engagés politiquement contre le Chah avant qu'ils ne fuient le pays avec l'instauration du régime islamique. "En France, on doit de soutenir la révolution iranienne", a-t-elle clamé.
Parmi les autres vainqueurs de la soirée, la nouvelle version du spectacle culte Starmania a remporté deux Molières (spectacle musical, création visuelle et sonore), une consécration pour Thomas Jolly, metteur en scène qui sera aux manettes de la cérémonie d'ouverture des JO de Paris. Il a reçu un des prix aux côtés du co-créateur du spectacle original, Luc Plamondon, très ému.
Maître de cérémonie, le metteur en scène Alexis Michalik, récompensé de plusieurs Molières dans sa carrière, a tenté de donner une image plus dynamique à cette soirée, ouvrant le bal avec une chanson qu'il a interprétée lui-même, escorté d'un groupe de comédiens, dans le style de la comédie musicale.
Thierry Lopez et Marie-Julie Baup, sacrés meilleur comédien et meilleure comédienne dans un spectacle du théâtre privé, à la 34e cérémonie des Molières le 24 avril. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Ont notamment suivi une succession de blagues ("la planète, ce n’est pas comme la ministre de la Culture qu'on peut changer tous les deux ans", a lancé une comédienne prétendant être une éco-guerrière), des sketchs (un Molière "cassé" remplacé par un César), une performance drag, un hommage à la légende du théâtre Peter Brook ou un autre à la musique afro-américaine par les chanteurs de la comédie musicale Black Legends.
Mais la soirée a surtout été celle de la Comédie-Française côté théâtre public, avec quatre Molières, dont trois pour Le Bourgeois Gentilhomme (meilleur comédien pour Christian Hecq) meilleur spectacle et meilleure mise en scène).
Derrière la comédie de Molière se tient "le couple en or" de la scène française : le sociétaire du Français Christian Hecq et la metteuse en scène et plasticienne Valérie Lesort, qui ont déjà reçu plusieurs Molières ces dernières années grâce à des spectacles tout public plébiscités pour leur inventivité (20.000 lieux sous les mers, Le voyage de Gulliver).
La vénérable institution a également été récompensée pour "La Reine des neiges, l'histoire oubliée", mise en scène par Johanna Boyé. Toujours dans le public, Sara Giraudeau a été sacrée meilleure comédienne face à Isabelle Huppert, Isabelle Carré, et Catherine Hiegel, pour son interprétation dans Le syndrome de l'oiseau, inspirée de l'affaire Natascha Kampusch.
Côté privé, la pièce Oublie-moi, une pépite créée au "off" d'Avignon en 2022, avec un budget modeste, a gagné trois Molières (meilleur spectacle du privé, meilleur comédien pour Thierry Lopez et meilleure comédienne pour Marie-Julie Baup). Il s'agit d'un mélodrame émouvant sur la tourmente d'un couple à cause de la maladie d'Alzheimer.
AFP/VNA/CVN