>>Chômage en France : les chiffres d'août dévoilés dans un contexte de baisse fragile
L'économie française crée 52.200 emplois au troisième trimestre, du jamais-vu depuis la crise. |
Le secteur marchand (privé non agricole) a enregistré un sixième trimestre consécutif de créations nettes d'emplois, avec 52.200 nouveaux postes (+0,3%) au 3e trimestre, selon une estimation de l'Insee publiée jeudi 10 novembre.
Il n'avait plus créé autant d'emplois depuis le troisième trimestre 2007.
Sur un an, le secteur a créé 145.100 emplois salariés (+0,9%), pour atteindre 16,07 millions de postes, un niveau inédit depuis le 3e trimestre 2011.
Ces chiffres "confirment l'amélioration de la situation du marché de l'emploi, ce qui renforce notre détermination à poursuivre notre action", s'est félicitée Myriam El Khomri dans un communiqué.
Selon la ministre du Travail, "ce développement de l'emploi salarié témoigne de la confiance retrouvée des entreprises, grâce notamment aux mesures de soutien et d'accélération de la reprise de l'activité mises en place par le gouvernement", comme "le Pacte de responsabilité, le CICE et l'aide embauche PME".
L'industrie toujours sinistrée
De juillet à septembre, les services sont restés la principale locomotive de l'emploi privé (+31.300, +0,3%). Ils créent des emplois de manière continue depuis deux ans.
L'emploi intérimaire connaît un net rebond au troisième trimestre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Quant à l'emploi intérimaire, il connaît un net rebond (+29.600, +5,1%), après un coup d'arrêt qui aura duré deux trimestres. Le secteur dépasse le cap symbolique des 600.000 personnes pour la première fois depuis mi-2008.
Le dynamisme de l'intérim et des services permet de largement compenser de nouvelles destructions de postes dans l'industrie (-9.100, -0,3%), secteur sinistré qui détruit des emplois sans discontinuer depuis début 2001, soit 62 trimestres consécutifs dans le rouge.
De son côté, la construction connaît un trimestre positif (+300, +0,0%), pour la première fois depuis le début du quinquennat du président François Hollande. Les chantiers ont perdu 135.800 salariés depuis début 2012, soit près de 10% de leurs effectifs.
Sur un an, les services (+136.300, +1,2%) et l'intérim (+49.000, +8,6%) sont bien orientés, tandis que la construction (-7.100, -0,5%) et l'industrie (-33.100, -1,1%) continuent de chuter.
Loin d'être guéri
Les chiffres positifs de l'emploi au troisième trimestre sont conformes aux autres indicateurs économiques : la croissance est repartie (+0,2%), les embauches se sont accélérées (+2,9%) et le chômage au sens de Pôle emploi a baissé de 35.200 personnes (-1,0%).
Le marché du travail est toutefois loin d'être guéri. En 2007, avant que la crise ne se propage en France, l'économie avait créé 262.800 postes (+1,6%), soit un rythme près de deux fois plus élevé qu'actuellement.
En outre, les créations d'emplois ne sont pas suffisantes pour faire refluer significativement le chômage.
Elles permettent de compenser l'évolution de la population active (113.000 actifs supplémentaires prévus en 2016 par l'Insee), mais guère plus.
Résultat : le chômage reste massif malgré sa timide baisse, avec 3,49 millions d'inscrits sans activité sur les listes de Pôle emploi en métropole à fin septembre. Selon l'Insee, le fléau concernait 9,6% de la population active au 2e trimestre.
Le taux du troisième trimestre sera publié jeudi prochain 17 novembre. Quant à Pôle emploi, il publiera ses chiffres d'octobre le 24 novembre.
Ces publications seront particulièrement scrutées, car elles seront probablement les dernières avant l'annonce par François Hollande de sa décision de briguer ou non un second mandat. Le président a conditionné sa candidature à une baisse "crédible" du chômage.